Sur la blogosphère locale, nombre de fausses informations, parfois délirantes et provenant de sources nauséabondes, ont été publiés à propos des vaccins et de leurs effets secondaires (autrement appelés effets indésirables). Cette série d'articles essaye de reprendre un peu de méthode dans les "recherches personnelles". Essayons d'y voir plus clair.
Quels effets indésirables ont été rapportés ?
Un traitement médical n’est jamais un acte anodin et la vaccination ne déroge pas à la règle. Le but d'un traitement est que ses effets bénéfiques l'emportent sur ses effets indésirables. Ces derniers sont étudiés en détail par les centres de pharmacovigilance qui ont suivi les effets des 140 millions de doses anti-covid administrées en France depuis le début 2021 (et des 10,4 milliards de dose dans le monde). Certains effets sont majoritaires (douleur au point d'injection), d'autres courants (fatigue, voire fièvre passagère). Enfin il y a quelques cas graves, rares, mais bien réels (ex: moins de 1 cas de myocardite ou de thrombose pour 100.000 doses pour les vaccins ARNm).
L'effet nocebo aurait une importante influence
L'effet nocebo est un mécanisme psychologique bien connu qui provoque des effets indésirables rien que par la pensée. Il ne faut pas les mépriser car leurs effets sont parfois spectaculaires ou graves comme la perte de cheveux ou des problèmes cardiaques. Une étude, dans JAMAL Open Network, un des plus important journal scientifique, affirme même que 76% des effets indésirables des vaccins contre le Covid-19 auraient des raisons psychosomatiques. Même si tout n'est pas une question de psychologie, l'effet nocebo rend la vaccination plus désagréable qu'elle ne l'est réellement comme l'explique bien le site de vulgarisation scientifique futura-sciences. Le stress lié à crainte envers les vaccins est donc une question à traiter très sérieusement et toute peur exagérée, comme celles distillées sur certains blogs locaux, peut avoir des réels impacts sur la santé des gens.
Quels vaccins ont le moins d'effets secondaires?
D'après ce qu'on lit sur certains blogs, on pourrait croire qu'il faudrait plutôt se fier aux vaccins de technologies plus éprouvées (virus atténué) qu'aux nouveaux vaccins ARN messagers. Pourtant il n'en est rien. Il y a plus d'effets indésirables remontés pour les vaccins classiques (AstraZeneca et Janssen) que pour les vaccins ARN (Pfizer et Moderna). Suivant les effets, cet écart va jusqu'à un rapport de 4!
Les vaccins ARN sont aussi plus efficaces pour lutter contre la maladie même si les autres vaccins, à virus vivants atténués, peuvent parfois avoir de l'intérêt car dans certains cas ils produisent une immunité moins spécifique.
Vous pouvez recouper cette information en regardant les rapports de pharmacovigilance produits par l'ANSM au point de situation du 18 février 2022.
Pourquoi se vacciner s'il y a un risque ?
D'abord les effets secondaires rapportés sont parfois à prendre avec prudence car nous n'avons pas toujours la preuve que le vaccin est la cause des cas rapportés. Ainsi dans les rapports mensuels de pharmacovigilance (que vous pouvez consulter ici) les cas les plus graves peuvent être exposés individuellement avec leur doutes sur l'imputabilité du virus (doute que le virus soit en cause).
Mais surtout il faut regarder les fréquences d'apparition de ces effets. C'est ce point qui crée la confusion chez militants antivaccins qui oublient que, toutes causes confondues, il y a 2,5 morts pour 100.000 habitants chaque jour en France. Il y aura donc quoi qu'il arrive des cas graves qui seront remontés dans les semaines qui suivent une vaccination. La difficile question de savoir si le vaccin est la cause de ces cas n'est pas toujours possible à trancher.
Ce qu'essayent plutôt de faire les scientifique est d'apprécier le risque de se faire vacciner par rapport au risque de ne pas se faire vacciner. C'est pour cela que les agences de pharmacovigilance de tous les pays font des statistiques sur les taux d'apparition des problèmes de santé avant et après vaccination. Il a ainsi été démontré que la vaccination apportait une réduction du risque de décès par 10 par rapport à des non vaccinés.
En résumé, les effets secondaires pris isolément ne sont pas toujours directement interprétables, seul le rapport bénéfice / risque calculé sur une grande population permet de trancher. Or ce rapport est très favorable au vaccin.
Faut-il préférer l’immunisation "naturelle" ?
Pour répondre à cette question il faut comprendre comment agit un vaccin. Celui-ci va mimer l'infection en la rendant plus bénigne. Il sert d’entraînement, à notre système immunitaire et il est assez logique que cela puisse nous secouer parfois, même si ces effets sont minimisés le plus possibles.
A contrario la maladie a des effets négatifs identiques aux effets secondaires du vaccin mais en bien plus grave (exemple: 16 fois plus de myocardites souvent moins bénignes chez les personnes atteintes de Covid que chez les vaccinés). En plus ce ces effets aggravés, le Covid entraîne des hospitalisations, des décès et nombre de séquelles cardiaques ou neurologiques assez mal définies que l'on classe aujourd'hui sous le terme de "Covid longs". Les vaccins n'ont pas ces derniers risques, aucun effets secondaires à long terme détecté à ce jour, et de très nombreuses études ont démontré leur rapport bénéfice/risque très positif, même chez les enfants.
Des effets secondaires "censurés par nos autorités" ?
Certains blogs locaux affirment que ces effets ont été "délibérément niés et censurés par nos autorités" et parlent "d’omerta" voulant cacher aux habitants des "risques pour leur santé ou leur vie". Hélas ils n'apportent pas de preuve dans ce qu'il avancent et se contentent d’anecdotes parfois piochées sur des médias ayant donné une grande audience à des "spécialistes" qui se sont pourtant lourdement trompés ces derniers mois.
De l'autre coté nous avons le produit pharmaceutique probablement le plus surveillé de l'histoire de l'humanité pour lequel l'ensemble de la communauté scientifique s'accorde à souligner le rapport bénéfice / risque fortement positif. Ce bénéfice est constaté au niveau mondial par de très nombreux acteurs qui trouvent des chiffres similaires. Même les complots sont nombreux dans l'histoire humaine, il est plus qu'hasardeux de penser qu'il existe une conspiration internationale pour censurer les chiffres et impliquant sur l'ensemble de la planète tous les gouvernements (y compris ennemis), les agences de santé, les académies des sciences, les laboratoires de recherche indépendants et l'ensemble de la communauté scientifique.
Faut-il critiquer les vaccins?
Si les vaccins ont démontré leur efficacité et leur innocuité, tout n'est pas rose. L'accumulation de véritables trésor de guerre de certains fabricants pose question. La volonté, plus que mole de nos gouvernement à vouloir lever les brevets est aussi à critiquer. C'est aussi la cause de la très mauvaise répartition de la vaccination entre les pays riches et les pays pauvres. Aussi scandaleuse que soit cette situation (et elle l'est!), ce n'est pas un argument valide pour décrédibiliser l'efficacité de la vaccination.
Une courte émission radio pour tout résumer
Le podcast "La Loupe" de la rédaction de l'Express reprend ces questions en détail. Nous vous conseillons d'écouter cette émission très intéressante :
PS: À chaque article ou presque de cette série les rédacteurs locaux dont on a contredit les propos ont refusé de se remettre en question et préféré les attaques personnelles aux réponses de fond. Merci donc d'avoir lu cet article rédigé par des "terroristes intellectuels", "militants gauchistes", et "Kapos de la Gestapo Hitlérienne" (sic).