Ce projet touche aussi les écoles du secteur du collège
Une expérimentation va être menée dans trois académies à la rentrée prochaine pour supprimer la carte des écoles et collèges classés REP. L'idée qui consiste à mettre à égalité zones rurales et quartiers relevant de la politique de la ville est décriée par la plupart des acteurs.(...)
A la tête de chaque REP, il y a un collège, associé à plusieurs écoles primaires de son secteur. Au total, il existe 6 651 établissements classés REP ou REP + (les plus défavorisés). Ce label est imparfait puisque des établissements qui pourraient y prétendre n’en font pas partie. Aussi, cette carte doit normalement être revue tous les cinq ans, ce qui n’a pas été fait par le ministère de l’Education nationale en 2019, malgré les engagements ministériels précédents.
A la place, le gouvernement préfère décentraliser le système pour que tous les territoires puissent accéder à l’éducation prioritaire, comme les zones rurales. Il propose donc de supprimer la carte nationale des écoles et collèges classés REP pour une politique locale : chaque rectorat déterminera quels établissements en difficulté ont droit à des aides et passera un contrat de trois ans avec les heureux élus.(...)
«En fonction de leur sensibilité sociale ou politique, les recteurs risquent d’accorder plus ou moins de crédits aux REP», s’inquiète Pierre Merle, sociologue spécialiste des politiques éducatives.(...)
La secrétaire d’Etat a aussi assuré que les établissements REP + ne seraient pas touchés par ce changement.(...)
Pour faire partie de l’éducation prioritaire, les écoles seront donc mises en concurrence. «Le gouvernement abandonne le cœur même de l’éducation prioritaire qui est de mettre en place un réseau avec les établissements concernés et l’environnement local, comme les associations ou les collectivités. Jean-Michel Blanquer veut un modèle libéral qui vise à aligner des écoles d’enseignement public sur le modèle du privé», assure Marc Douaire. Guislaine David, co-secrétaire générale du Snuipp-Fsu (primaire) abonde. Selon elle, tout l’intérêt d’avoir un réseau avec des collèges et des écoles rassemblés est «d’avoir une dynamique collective pour travailler ensemble sur les moyens mis en œuvre, la formation des enseignants, les projets mis en place. Là, on a plus l’impression d’aller vers une économie de moyens plutôt que vers la réussite de tous les élèves.»
Extraits d'un article de liberation.fr