Samedi, à l'initiative du maire d'Aulnay-sous-Bois, Gérard Gaudron, une marche républicaine contre les violences urbaines avait été organisée. Entre 500 et 2 000 personnes, Aulnaysiens pour la grande majorité d'entre eux, et habitants du quartier Ambourget pour la plupart s'étaient retrouvées à la caserne des pompiers. Seul bémol à cette marche est la trop faible proportion de jeunes. Peut-être l'illustration du fossé générationnel ?
Notons au passage, la présence très remarquée des médias qui couvrent depuis plusieurs jours maintenant notre ville habituellement plus tranquille. Ceux-ci, français mais aussi étrangers, ont profité de l'occasion pour interviewer élus et habitants avant et pendant la marche.
La marche a commencé avec un bref discours du maire appelant à un retour rapide au calme. Il s'est suivi de l'entonnement de La Marseillaise. Puis, les nombreux participants ont défilé dans le quartier où l'on pouvait voir le triste spectacle des ces terribles nuits de violences gratuites contre le bien d'autrui ou de tous. Néanmoins, à un moment, mon regard s'est porté sur quelques gardes-murs qui semblaient surpris par cette manifestation populaire organisée de manière quasi-spontanée.
Puis, le cortège a rejoint la caserne où un nouveau discours du premier édile de la ville a conclu cette réunion. Les participants ont ensuite discutés en petits groupes, certains ont été interviewés. Un succès pour cette initiative républicaine.
Jérôme Charré
6 Réponses à “Succès de la marche républicaine de samedi”
C’était une marche qui condamnait les émeutes, ou bien une marche qui « demandait à la jeunesse des banlieues de, s’il lui plaît, réduire les manifestations les plus militantes de sa légitime manifestation de colère » ?
Il semble que la marche républicaine ne se soit pas passer si simplement que cela. A lire l’article de Libération de ce lundi 7 novembre.
Marche à Aulnay en rangs divisés
Samedi matin, certains défilaient contre les casseurs, d’autres leur trouvaient des raisons.
par Matthieu ECOIFFIER
QUOTIDIEN : lundi 07 novembre 2005
Que faire pour calmer le jeu ? Gérard Gaudron, le maire (UMP) d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, comptait sur une marche, samedi matin, pour mobiliser la population. Et notamment dans les cités. Ils étaient six cents au rendez-vous devant la caserne des pompiers. Mais, entre les adultes venus des pavillons d’Aulnay sud et ceux de la cité des 1000-1000 d’Aulnay nord, juste en face, la façade «républicaine» a vite volé en éclats. Quand les uns manifestent contre les violences des casseurs, les autres n’oublient pas celles de la police et la ségrégation sociale dont ils s’estiment victimes comme leurs enfants.
La «fracture» surgit lorsque, après le discours du maire, une poignée d’élus, d’agents municipaux, de commerçants entonnent la Marseillaise. Des remous agitent la foule : les habitants de la cité prennent l’hymne pour une insulte car ils ont le sentiment que cela «amalgame les parents de casseurs à des étrangers». «C’est pas le moment de sortir l’étendard ! Nos grands-parents étaient à Verdun ensemble, proteste, en pleurant, Jean-Pierre, 62 ans, mécanicien à la retraite. Je suis là par solidarité. Si j’avais 40 ans, je serais encore plus concerné.» Il fraternise avec Ben Amar, 64 ans, et «quarante-deux ans de service dans le BTP à 800 euros par mois. Qui a fait le métro, le tunnel sous la Manche ? C’est nous ! Les étrangers, c’est ceux qui nous gouvernent !», dit-il. Chez les adultes des cités, cette Marseillaise passe aussi mal que les propos de Sarkozy. «Il veut nous laver au Kärcher, c’est avec ça qu’on nettoie la merde des chiens, non ?», dénonce Mehdi, un père de famille. Un camion de pompiers au pare-brise fracturé passe. Il est applaudi.
La marche, emmenée par les élus, traverse la rue de Mitry pour faire un petit tour dans la cité des 1000-1000 aux immeubles bas et décrépis. Des places de parking à l’asphalte brûlé et une carcasse de camionnette rappellent les «événements» des nuits de mercredi et jeudi.
Dans les rangs, il y a ceux qui sont venus manifester contre les casseurs. «Le problème, c’est qu’on n’est pas assez répressifs. Il faut envoyer l’armée un bon coup, explique Sylvie, caissière, la quarantaine. Les enfants sont livrés à eux-mêmes, il faut arrêter ce délire. Je veux bien vivre avec tout le monde, mais il faut que les gens soient respectueux.» Le cortège passe devant le foyer club du Hameau, carbonisé. «On n’est pas près de revenir danser ici, lâche Claude, une septuagénaire BCBG. Quel gâchis ! Pourtant Aulnay sud fait beaucoup pour Aulnay nord et les défavorisés.» «Les familles des personnes responsables ne sont pas là. Ils rigolent à leurs fenêtres, dénonce Pierre, 48 ans, peintre en bâtiment. La police n’est pas épaulée par la justice, les peines ne sont pas assez sévères. Il faut dix ans de boulot pour se payer une voiture neuve et ils prennent deux mois de prison pour l’avoir brûlée.» Alain, président du club des entreprises, ne comprend pas : «Brûler la concession Renault, c’est mettre 100 personnes au chômage technique, et pour la plupart ce sont des gars des cités.» «On sait bien que cela va retomber sur nous. Cette casse, c’est lamentable. Est-ce que ça va s’arrêter ou devenir un mode de vie ?», s’inquiète Sofiane, père de famille. «A Aulnay, 70 jeunes se sont fait arrêter. Ils vont faire deux mois de prison, des mauvaises fréquentations et revenir avec la haine. Il vaudrait mieux leur faire faire des chantiers et des formations, explique Mourad, un médiateur. Et pourquoi fermer le foot en salle à 11 heures du soir, alors que le laisser ouvert jusqu’à 1 heure du mat permettrait d’occuper les jeunes ?»
D’autres sont tiraillés. «Je suis là contre toutes les violences, celles des jeunes et de la police. Les petits de 14 -15 ans virés de l’école font des problèmes, mais pas la majorité des jeunes. Et pourtant certains sont agressés par la police et subissent une distinction [au faciès, ndlr]», regrette doucement un père de famille avec une toque de musulman pratiquant.
C’est sur ces anciens que la mairie compte pour apaiser la situation. Encore faut-il les convaincre. Beaucoup d’entre eux sont aussi victimes de discriminations. Ils comprennent la révolte des jeunes, même s’ils réprouvent les violences.
Rachid, 29 ans, boulanger : «On est là pour s’intégrer, travailler, on habite dans la cité et nous, les adultes, on nous prend pour des racailles. J’ai un BTS de pâtisserie-chocolaterie. A la boulangerie, un peu plus loin, mon patron m’a viré trois fois. Je voulais un CDI, il ne veut pas me déclarer. Je suis le bouche-trou. Du coup, je cherche un poste de vendeur, mais ils ne prennent que des femmes : je suis passé du racisme au sexisme.»
Juste un rectificatif. La Marseillaise n’a pas été entonnée par les élus mais elle a été commencé par la foule et reprise par les élus.
la répression n’est pas la solution
Pour ceux qui pensaient qu’on étaient en démocratie, on a aujourd’hui la preuve du contraire : procès arbitraires, justice expéditive (voir //paris.indymedia.org). Police partout, justice nulle part. L’état réprime une situation qu’il a lui-même créé en imposant un système capitaliste basé sur l’opression et l’exploitation. L’état montre son vrai visage totalitaire de chien policier du système capitaliste. l’état policier est coupable, il faut le détruire. Naturellement, ce serait mieux de brûler le medef, l’elysée, matignon et le ministère de l’intérieur que de bruler la bagnole d’un autre exploité du système. Mais pour cela il faudrait qu’un peu plus de gens qui ne vivent que de leur boulot prennent concience de leur condition d’esclave. En attendant on pourrait dénoncer par toutes les formes possibles ces procès arbitraires et ces couvre-feux fascistes.
David,
Merci de l’info.
Polyson,
Et si tu allais vivre dans le paradis d’humanisme collectiviste qu’est la Corée du Nord stp ?!
Ou dans le pays authentiquement anarchiste (sans Etat ni police) qu’est la Somalie ?!
Je prie chacun d’entre vous de modérer ses propos.