A vous la parole

André Cuzon raconte notre ville

6 avril, 2024 à 15:45 | Posté par

André Cuzon est une figure incontournable de notre ville. Il nous envoie ce long texte dont il nous a dit, lui-même "J'en fais un pareil tous les 40 ans". Il raconte l'histoire culturelle et politique de notre ville et termine par une critique de la municipalité actuelle. Comme à son habitude, on reconnait le style qui allie un style poétique à des images fortes dont l'outrance n'est que secondaire.

Je commencerai par le capitaine de Gourgue (famille du Château d’Aulnay) héros de la lutte contre les colons espagnols en 1568 en s’alliant aux indiens en Floride. Cela se passait avant l’arrivée massive d’esclaves noirs. Cette lutte a été écrite en alexandrins par un ami d’André Laude : André Mathieu («Nova Gallia »), présent à Aulnay lors de l’invitation de Serge Wellens à la bibliothèque Dumont en avril 2006.

On peut poursuivre par l’attitude exemplaire du vicomte de Gourgue pendant l’occupation allemande en 1870-71 : ce qu’en écrit Jules Princet en fait foi.

Jules Princet est aussi un homme et un écrivain dévoué au petit peuple d’Aulnay paysan, ouvrier et artisan.

C‘est le sens profond du « théâtre aux champs » : création collective en plein air sans autre théâtre que les champs, avec les paysans comme acteurs et comme spectateurs. Il est « rousseauiste ».

Mais il faut aussi comprendre le sens des productions de Jules Princet : « Lamennais » et « Bolivar ».

Lamennais fut prêtre, journaliste, écrivain mais fut à la fin un révolutionnaire (voir dans le Maitron), une référence du mouvement ouvrier et populaire du 19° siècle, un ami du peuple ; il a écrit le « livre du peuple ». Son enterrement fut à peine toléré par le pouvoir comme pour Navalny: à l’aube, le peuple l’accompagna pour la fosse commune.

Bolivar dont la statue parisienne se trouve sur le cours de la Reine est le héros la lutte anticoloniale espagnole en Amérique du sud.

Jules Princet mort jeune, a eu une fille Noëlle et un fils Maurice (journaliste, acteur et écrivain) qui participa à l’histoire de « l’Orphéon » après-guerre dans les années 50.

Ses filles Liliane (née en 1928) et Nicole (née en 1933) comme leurs pères sont des acteurs importants de « l’Orphéon ». Ils participaient aux rencontres poétiques à l’école du Bourg près de chez eux.
Liliane qui a eu pour compagnon Nikos Athanassiou, écrit dans le « Monde diplomatique », «Esprit
».

Elle a écrit un petit planète sur la « Crète ». Elle traduit aussi les auteurs grecs Níkos Kazantzákis (Zorba ) …et fut l’institutrice au cinéma dans « Mouchette » de Bresson.

Le fief de Nikos Athanassiou (« Zorba le grec » dans la restauration rue Grégoire de Tours à Paris) fut aussi un fief d’André Laude collègue du « Monde » .

Georges Sénéchal fut le pilier de l’édition des cahiers de « l’Orphéon ». Après des publications dans les « cahiers de Rochefort » et ailleurs, il fit une carrière de cinéaste. Ses films sont conservés dans le département du Puy-de-Dôme

Sa femme Nicole Sénéchal (nièce d’Alexandre Vialatte) fut témoin au mariage de Nicole Princet et de Pierre-Jean Ségalat l’un des poètes de « l’Orphéon ».

Roger-Jean Ségalat et Nicole Princet eurent deux enfants et se séparèrent au début des années 60 juste après la fin de « l’Orphéon ».

N’oublions pas Anne et Jacques Six bien sûr, photographes et entomologistes.

Ni tous les auteurs des « cahiers de l’Orphéon ».

Ni Guy Robin, ni Gabriel Robin, ni Bernard Saintville, ni les Buclet, ni Françoise Lo (alias Sophie Makhno du nom de l’anarchiste ukrainien) autrice de chansons et secrétaire de Barbara, autrice du « Charles Dumont » de chez Seghers et d’un livre sur Barbara.

Ni Jean Rousselot le «  parrain » de « l’orphéon » et l’ami de Max Jacob, ni les acteurs-lecteurs de poèmes : Marie-Ange Dutheil, André Hersin, Marguerite Ambrosini ( la « Marguerite » de Wellens), Marcel Lupovici, ni les jeunes admiratrices : Françoise Carriol, Denise Cornefert

Serge Wellens (né rue de « Deux Ponts » à Aulnay en 1927 habitait avant-guerre (et pendant ?) le café de ses parents au « soleil levant » à « la croix verte » café dit des « Pailleux » qui jouxtait la propriété des « Princet ».

Il acheta vers 1953 la librairie de l’avenue Dumont qui devint le siège des poètes de l’Orphéon.

Roger-Jean Ségalat devint instituteur à la rentrée 1956 à l’école du Bourg proche du domicile des Princet. Les uns et les autres participèrent à l’aventure de la revue « Sources » du breton Gilles Fournel, plus tard à celle de la revue « IO » de Millas-Martin.

André Laude plus jeune participa largement aux activités, aux publications des cahiers de « l’Orphéon ». Il prit un envol parisien assez rapidement. Son amitié avec Michel Donnet fils du directeur de l’école Paul Bert lui-même enseignant au Parc en fit un écrivain et un militant anarchiste.

Il écrit dans le « Libertaire » très jeune : le groupe d’Aulnay était important Mohamed SAIL (le premier anarchiste algérien) en faisait partie. Ils étaient plutôt « messalistes »

André Laude fut « porteur de valises » puis devint un « pied rouge » collaborateur du nouveau pouvoir algérien. Il fut aussi proche des artistes latinos ou caraïbéens comme Depestre, Bloncourt, Amado et Wilfredo Lam.

Il publia un article sur la « négritude » en 1966 dans la revue « Souffles » d’Abdellatif Laâbi.

Au retour d’Algérie il publia en 1967 une série d’articles dans « Combat » sur son expérience. Les références au peuple de Lamennais et aux peuples du monde de Bolivar furent aussi les leurs : André Laude était reçu à Botzulan (à Pont Aven) par Xavier Grall qui publiait son « Lamennais » en 1978.

Le travail de mémoire et d’édition sur André Laude après son décès en 1995, a connu un moment important lors de l’invitation de Serge Wellens à Aulnay en avril 2006. Tous les amis de l’Orphéon étaient là, hormis Roger-Jean Ségalat, mais Nicole Princet était là. Il y avait aussi Annie Wellens, Marie-Pierre Aynes la première compagne d’André Laude et leur fils Vincent (comme Van Gogh) expert de Prévert.

Il y avait aussi Jean Dubacq, José Millas-Martin « l’argentin », Hocine Bouakkaz (acteur de l’édition de la Différence et auteur d’une pièce jouée au « Point Virgule » pour le dixième anniversaire de la mort du poète : « comme un début d’humanité ».

Aulnay prolongeât cette amitié « orphéonesque » avec Laude et Wellens, lors de l’exposition rétrospective « Gabriel Robin » de 2008 en présence de sa fille Evelyne Millet et avec l’hommage à Serge Wellens après son décès en 2010 en présence d’Anne-Marie Rousselot la fille de Jean Rousselot.

En 2008 les « amis d’André Laude » grâce à Abdellatif Laâbi éditaient l’œuvre poétique d’André Laude aux éditions de « La Différence » et aussi trois cahiers « André Laude » grâce à la municipalité de l’époque.

Un site « André Laude » a été créé et mis-à-jour par Pierre Kobel. Osvaldo Torres « l’ami chilien » des aulnaysiens a réalisé un livre d’artiste de poèmes de Laude traduits en espagnol.

Les élèves du lycée « Jean Zay » avec leur professeur de théâtre ont présenté à Prévert une pièce de poèmes d’André Laude en 2012.

Mais l’association a dû s’arrêter. La liste des décès est longue : après Serge Wellens, l’éditeur Joaquim Vital, le préfacier Yann Orveillon, André Mathieu, jean-Pierre Begot, les peintres Corneille et Fassianos et la galeriste Céres Franco qui a créé un musée d’art brut dans l’Aude.

Récemment « Nora Nord » Nicole Postnikova est décédée, après fin 2022 la fille d’André Laude Sabine et sa mère.

Mais le combat continue et cette année 2024 nous offre des surprises essentielles : des traductions de grande qualité en langue turque par Aytekin Karaçoban (aux éditions « klaros ») et en espagnol par Adrian Fernandez Burlo (Ediciones Lo Desconocido).

N’oublions pas les contributions de René Depestre que nous avons publiées dans nos cahiers, surtout pour souligner qu’il est encore parmi nous, à 98 ans, lui aussi dans le département de l’Aude, lui l’ami du Che et de Pablo Neruda.

Toute cette culture aux « armes miraculeuses » (Césaire) était culture « autogestionnaire » et de résistance.

La « maison de la culture » du 93 et son antenne « enfance jeunesse» attendirent 1980 pour voir le jour.

Robert Ballanger le breton qui se souvenait de la « chasse à l’enfant » après la mutinerie du bagne de Belle-Ile-en-Mer en 1934 et du poème de Prévert proposa le nom de « Jacques Prévert » pour cette antenne enfance.

Mais à Aulnay la mairie de droite a remis en cause à Aulnay l’antenne « MC 93 » comme les « banlieues bleues ».

Elle fait aussi de temps en temps la chasse aux enfants :

« Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voyou ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant » (Prévert)

Le maire est un « shérif», démocrate à la Poutine, [NDLR : Qualificatif outrancier pour lequel nous sommes en désaccord] expert judiciaire en diffamations et/ou harcèlements.

Les « jeunes indigènes » qu’il traite de « voyous » ne l’aiment pas à cause de la couleur de ses yeux : ils sont racistes !.

Il croit vivre dans son «village» avec ses promoteurs immobiliers chercheurs d’or.

Aulnay est la capitale du Territoire « Paris Terres d’envol » aux deux aéroports attentatoires au climat.
Aulnay est devenu une « commu » (Aya Nakamura) « internationale » qui n’est pas limitée au football, ni à la chanson, (ce qui est très bien ) mais elle participe à la légende des siècles et à la marche du monde
.

Bibliographie :

Jules Princet : « Histoire d’Aulnay-sous-Bois » IER 1991

André Mathieu : « Nova Gallia » édition des Moires

André Laude « Liberté couleur d’homme » Encre Paris 1980 pages 69 et suivantes

Serge Wellens « « cahiers NOAH » n°2 1986 

L’oreillette n° 7 été 1992 « serge wellens l’orphéon »

Laurent Ségalat: « Roger Ségalat » infolio 2015 

Cahier André Laude N° 1 janvier 2009 « Souvenirs de l’Orphéon » par Serge Wellens

DVD « Retour au pays natal » réalisé par nous en 2006 à la bibliothèque d’Aulnay (en ligne).

André Laude Les Nouvelles Littéraires Pâques 1977 pour la mort de Prévert : « frère jacques »

Robert Ballanger au parlement le 11 mai 1968.

Une Réponse à “André Cuzon raconte notre ville”

Même si j’ai du respect pour André Cuzon, je rappellerai qu’il ne faut pas détourner les mots, certains se les sont accaparés

Indigène : Qui est né dans le pays dont il est question, ici la France
Donc effectivement si ça peut de nos jours « brasser » large, il n’est pas question d’immigration, ceux qui se nomment à tort indigénistes ont détourné ce mot, même Bruno Beschizza d’origine italienne est un indigène de ce pays, car né à St Maur, ville voisine d’une de celles que j’ai grandi : Vincennes puisque ça vous interesse, c’est pas peu dire, attention au sens réel des mots de la langue de Molière.

Sinon il est très bien* Poutine, bien mieux que les présidents des USA, qui ont fait des millions de morts à travers le monde, installé des dictatures ci et là, créé Daech ou Al Qaida en 248 ans d’existence

* Enfin c’est une image ceci comparé aux Amerlocks, et comme disait le grand Général « US GO HOME » avec leurs idées et leur culture de M💩

– Elle fait aussi de temps en temps la chasse aux enfants : Bah oui on les laisse bruler, après leur avoir donner, liberté, allocs, éducation, et même du halal, j’ai bien envie de les envoyer en stage QUELQUE TEMPS chez ma copine bien démocrate aussi…

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