Dans un article paru ce jour, le Parisien confirme nos soupçons sur l'absence d'enquête interne : Malgré la gravité des accusations de pots-de-vin portées depuis un an, bien que ces accusations étaient dirigées nominativement contre un agent qui aurait directement récupéré les sommes en liquide, malgré le détail des procédures de versement, la municipalité n'a jamais déclenché d'enquête interne pour vérifier si ces dires étaient étayés.
Une enquête "sans hésitation"... "si on a un jour le moindre indice solide"
Le Parisien rapporte que la municipalité ne lance pas d’investigations internes "faute de preuve" et la direction générale des services de la commune (dirigée par Philipe Palomo) explique au journal « Si on a un jour le moindre indice solide qu'il y a un dysfonctionnement au sein de la ville et du service logement, on proposera au maire d'ouvrir une enquête. Sans hésitation ! ». Le Parisien rapporte aussi que l'entourage du maire rappelle que cette enquête "relève du libre choix de la collectivité". Pourtant une enquête lancée par le parquet de Bobigny est bien en cours après la plainte d'une habitante affirmant avoir payé 4000€ en liquide contre un logement qu'elle n'a pas obtenu. L'association Anticor et l'avocate d'Hadama Traoré ont fait des signalements sur des suspicions similaires.
Pas de trace d'une plainte contre le fond des accusations de corruption
Cette enquête administrative a pourtant été demandée par l'opposition de gauche au sein du service logement de la ville (présidée par Sabrina Missour, l'élue au logement) et à l'OPH (présidée par la première adjointe Séverine Maroun). Sabrina Missour avait attaqué en vain en référé l'auteur de ces accusations de corruption HLM, Hadama Traoré. Plus inquiétant, nous ne retrouvons aucune trace d'une plainte sur le fond en diffamation contre ces accusations indiquant que celles-ci n'existeraient pas malgré les dénégations que nous a faite le cabinet du maire. En effet, selon nos informations, l'avocate d'Hadama Traoré, n'a aucunement été prévenue d'une plainte, ce qui serait une situation anormale du point de vue des usages de la profession si cette plainte existait.
Le Parisien a rencontré quatre familles se disant victime d'extorsion d'argent contre HLM
Le journal rappelle ces rencontres en détail déjà évoqué dans un premier (lire le nouvel article complet ici) :
Une seule plainte a été déposée, mais nous avons pu rencontrer - sous couvert d'anonymat - quatre autres familles habitant le nord d'Aulnay-sous-Bois, et décrivant des faits similaires. « Par peur de représailles », ils n'ont pas encore déposé plainte, disent-ils. Trois d'entre elles disent avoir payé mais sans avoir jamais eu de logement.
Ces habitants racontent la même chose. A l'origine, tous sont contraints de quitter leur logement : un drame personnel, un appartement devenu trop petit, ou des problèmes avec le voisinage.
Inscrits depuis des années, parfois plus de quinze ans, sur la liste d'attente officielle, mais las d'attendre, ils finissent par contacter un intermédiaire. « Un habitant du quartier connu dans la cité pour avoir ce rôle », disent-ils.
En échange d'argent liquide, promesse leur est faite d'accélérer sensiblement leur demande de logement auprès de la ville ou de l'Office public de l'habitat (OPH). Les montants oscillent entre 3 000 € à 10 000 €, selon le quartier désiré. « Plus on s'éloigne du nord et des quartiers populaires, plus c'est cher », assurent-ils.
Les questions encore en suspens auxquelles nous n'avons toujours pas de réponse
Suite à notre premier article sur le soupçon de corruption HLM, nous avions interrogé le cabinet du maire sur les points qui nous semblaient importants. Une des questions était "Après les accusations, et les éléments détaillés révélés en juin dernier, y-a-t-il eu une enquête interne? Si oui, pouvez-vous nous dire ce qu'elle aurait relevé ?". Cette question est désormais répondue.
Les autres questions, toujours sans réponse, sont :
- Nous avions essayé de vous contacter ainsi que Mme Missour en novembre dernier à la fin du délai de prescription mais n'avons pas eu de réponse laissant un doute suspect sur la mairie que vous auriez pu lever facilement: https://monaulnay.com/2018/11/corruption-hlm-a-aulnay-pas-de-trace-dune-plainte-la-refutant.html Pourquoi ne pas avoir communiqué sur ce dépôt de plainte sur le fond contre Hadama Traoré y compris au Parisien ?
- Pourquoi, pour une accusation aussi grave (la plus importante de la mandature), une protection fonctionnelle n'a-elle-pas été votée, laissant à Mme Missour l'entièreté des charges judiciaires ?
- Pourquoi l'avocate d'Hadama Traoré n'a t'elle pas été avertie de la plainte par les avocats de Madame Missour comme cela se fait normalement ?
- Y-a-t-il eu des mesures prises pour prévenir d'une telle situation soit possible à l'avenir ?
Jean-Louis Karkides et Hervé Suaudeau
Une Réponse à “Corruption HLM: la mairie n’a pas lancé d’enquête interne, le Parisien a rencontré des familles se disant victimes”
[Propos modérés, accusations sans preuves, risque de poursuite, une enquête est en cours]
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