En préambule à la rencontre avec l'auteur Anne Wellens proposée par la librairie Folies d'Encre, à 18h, André Cuzon rend hommage au poète André Laude, ami de Serge Wellens. Nous publions son texte.
"Laudate si'" : "Loué sois-tu" ... une révolution écologique ?!
20 ans après la mort d’André Laude, le militant communiste libertaire, pour le socialisme, l’écologie et l’autogestion devrait être satisfait que de voir que les idées bafouées par la société dans laquelle nous vivons peuvent être revendiquées par un pape qu’on pourrait qualifié de protestant !
A Aulnay il connut et aima Michel Donnet dirigeant de la FCL (fédération communiste libertaire) instituteur du collège du Parc mort d’accident de voiture en octobre 1957 rue Gambetta.
Il connut aussi Mohamed Saïl, militant indépendantiste algérien et aulnaysien mort en 1953 pour un communisme libertaire redécouvert aujourd’hui par la revue « ballast » après notre ami du CAHRA Alain Barrier.
Et aussi Serge Wellens poète né à Aulnay fondateur de l’Orphéon militant libertaire qui est mort il y a 5 ans en janvier tué par l’abattage de l’arbre devant sa maison par les employés municipaux qui avait décrété :
« il est condamné il a de l’eau dans le cœur » !
Sa femme Annie sera à Aulnay mercredi 24 comme en 2006 avec Serge.
André LAUDE c’est une vie en poésie dans le refus de tout compromis mais sans cesser d’exercer une lucidité planétaire et l’art de l’exprimer avec des œuvres majeures comme
« dans ces ruines campe un homme blanc » dès 1968.
Evidemment cette « poévie » de révolutionnaire lui fit rencontrer à 17 ans André Breton, puis René Depestre et Gérald Bloncourt les révolutionnaires haïtiens de 1946, comme Georges Amado le brésilien ou Kateb Yacine l’algérien ou Ted Joans le beatnik noir…
Sans parler des français de Prévert à Vian de Doisneau à Cartier Bresson qui fit son portrait au trait (joint).
La vérité du poète je pourrais la développer mercredi soir à 20 heures au foyer DUMONT : sa fin, ses doutes, son combat de SDF avec les SDF mérite notre respect profond.
Voici un de ses derniers poèmes inédits :
le repas du soir n’a pas été servi
De toute façon
dans ma maison
il n’y a pas de table
il n’y a ni couverts
ni poivre et sel
ni femme fidèle
De toute façon
Il n’y a pas de maison
Ma maison est un rêve
un rêve en carton
déchiré à chaque instant
par la meute des vents
ceux qui viennent de Russie
et ceux qui viennent du Horn.
Dans ma maison
cette nuit je ne dormirai pas.
Je dormirai sur l’aile
d’un grand goéland
qui vole lentement
au-dessus des quarantièmes hurlants.
Je dormirai
Sur le dos d’une baleine bleue
Comme un petit enfant
en proie à la fièvre des légendes
Dans ma maison
La caresse de minuit
Sera une absence cruelle
Une larme de sang
Sur un imaginaire oreiller.
Pardonnez oui pardonnez le poète
S’il se répète
De toute façon
Il n’y a pas de maison
Je dormirai dans la nuit du monde
sans jamais fermer les yeux
écoutant sonner les peurs, les heures, les minutes, les secondes.
André Laude