Les travailleurs sans papier ne le cachent pas: leur moral est au plus bas. Après trois mois et demi de grève, ils manquent cruellement d'argent et ne font plus face à des dépenses pourtant indispensables. Comme ils ne peuvent plus payer leur loyer, nombre d'entre eux ont déjà perdu leur logement. Sans appartement, ils ne leur reste que le hangar qu'ils occupent jour et nuit. Ce qui affecte particulièrement certains est l'impossibilité de se payer des titres de transport. Or, quand on est sans-papier, il n'est pas question de frauder et de risquer de se faire arrêter. La marche à pied est donc le seul moyen pour se rendre aux manifestations, aller voir les syndicats et faire les démarches éventuelles. De plus, les collectes sur les marchés ne sont plus vraiment possibles car certains commerçants ne veulent plus de leur présence et les grévistes craignent qu'ils puissent appeler la police.
Mais ce que redoutent le plus les 17 hommes qui bivouaquaient hier soir dans le hangar de la société STN d'Aulnay-sous-Bois, est le passage en référé ce matin à 9h au tribunal de Bobigny d'une demande d'expulsion de leur lieu de grève (et de vie pour certains). Un avocat des propriétaires de la société STN a été dépêché pour leur annoncer la mauvaise nouvelle. N'ayant aucune alternative, ils se disent déterminés. Mais si la justice ordonne leur expulsion du hangar, où iront-ils ?
Vous pouvez relire le reportage que nous avions fait à STN au moment de Noël.
Hervé Suaudeau