Histoire

Certaines demeures de notre ville -59- Cité de l’Europe

12 août, 2023 à 16:13 | Posté par

Suite de notre série

Le 1er février 1954, l’appel de l’abbé Pierre sur Radio-Luxembourg dénonce l’ampleur de la crise du logement dans l’ensemble du pays. En avril 1954, la Ville d’Aulnay-sous-Bois est informée qu’une cité nouvelle et une cité d’urgence (LEPN) seront édifiées sur son territoire. En juin 1954, la SA d’HLM Emmaüs fondée par l’abbé Pierre informe la ville que la construction de 150 logements d’urgence est confirmée. Dans le cadre de la négociation, une partie du terrain est alors réservée à la construction d’un groupe scolaire et 50 % des logements sont destinés à des Aulnaysiens. Le double chantier débute à la fin de l’été 1954. La cité d’urgence est conçue par l’architecte lauréat du concours Pierre-Edouard Lambert tandis que la cité Nouvelle est réalisée par l’ATBAT, l’Atelier des Bâtisseurs, alors encore composé de Vladimir Bodiansky, ingénieur, Georges Candilis, Alexis Josic, Shadrach Woods, Jacques Lefebvre, G. Ganziarek, J. Gunther, architectes d’opération. Si la cité d’urgence, offrant des logements sommaires, s’avère rapidement obsolète, la cité Nouvelle, dont les concepteurs affichent l’ambition d’un « maximum de confort pour un minimum de prix », offre 240 appartements allant du F3 au F5. Très modernes (traversants, sans couloir, cuisine équipée, placard dans chaque chambre) ces appartements restent cependant relativement petits. Ceci pour un coût avoisinant le million de francs pour un F3, ce « avant le déclenchement de « l’opération Million » par le Ministère de la Reconstruction et du Logement dont l’ATBAT sera l’un des lauréats quelques mois plus tard, lui permettant d’édifier de très nombreux logements HLM en région parisienne, notamment pour Emmaüs. Ce prix est obtenu en rationalisant fortement le projet : pas de couloir ni d’entrée, le séjour sert d’espace de distribution, cuisine, salle d’eau et WC sont groupés par deux appartements, la desserte des appartements est assurée par un escalier extérieur, le gros-œuvre est en béton. Malgré la modestie des moyens, les architectes soignent particulièrement la façade, animée par un décalage de hauteur (R+3 et R+4) et par l’escalier extérieur, surmonté d’une casquette, dont le caractère très plastique est encore renforcé par l’usage de la couleur. A la fin de l’année 1956, la cité Nouvelle et la cité d’urgence sont achevées. Cette même année, Candilis, Josic et Woods sont actifs dans le groupe Team X qui remet en cause les principes de la Charte d’Athènes lors du 10ᵉ congrès CIAM. En 1959, ils reçoivent le premier prix d’urbanisme attribué en France pour leur réalisation à Bagnols-sur-Cèze. C’est durant cette même période qu’ils projettent au nord de la cité Nouvelle un vaste lotissement de 500 logements individuels. Ce projet sera en partie réalisé dans la partie pavillonnaire de la "ville nouvelle" de Toulouse Le Mirail dont ils sont lauréats en 1961. En 1964, Candilis est de nouveau sollicité par la SA d’HLM Emmaüs, en prévision de la démolition de la cité d’urgence. Emmaüs commande à l’architecte de nouveaux logements à implanter sur l’espace libéré par la cité d’urgence, déjà condamnée, mais dont la démolition n’est effective qu’en 1970. Dès 1969, la construction de 562 logements dans des tours R+8 avec l’entreprise Coignet pour le gros œuvre est lancée, ainsi qu’une rénovation de l’existant. En 1971, l’ensemble des travaux est achevé. Ce complément de Candilis à la cité Nouvelle s’avère beaucoup moins intéressant et n’est abordé ici que pour la compréhension du site actuel.

Source : https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/

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