Voilà c'est fait. La modification du plan local d'urbanisme a été entérinée par un vote du conseil municipal : 32 bulletins "pour", 19 bulletins "contre" et 2 bulletins "nul" (avec marqué "non"). Compte tenu de l'importance de cette délibération il nous parait opportun d'y revenir en détail. D'abord pour expliquer clairement la position de chacune des formations politiques locales sur le sujet, ensuite pour peut-être en tirer quelques leçons...
Urbanisme et concertation : un couple impossible ?
C'est un constat partagé par une majorité des groupes politiques locaux : la population n'est pas suffisamment associée au processus décisionnel conduisant aux mutations urbanistiques profondes d'Aulnay-sous-Bois. Les élus communistes, à travers la voix de Xavier Toulgoat, ont été les premiers à le concéder lors de cette soirée (il ne l'avaient jamais fait auparavant). Sans renier leur adhésion aux trois piliers (habitat, services, développement économique) sur lesquels la majorité actuelle souhaite s'appuyer pour préparer l'avenir de notre ville, les représentants du PC ont déclaré qu'il fallait avoir "la lucidité et le courage" d'admettre que le "compte n'y est pas". De leur point de vue, "la ville est notre patrimoine commun" et son évolution ne saurait être élaborée sans les citoyens.
Dans la même veine, Jacques Chaussat pour le Parti Radical (associé à l'UMP), a dénoncé une "concertation apparente". Évoquant le patrimoine urbanistique d'Aulnay-sous-Bois, il s'est montré inquiet d'un risque de rupture de "l'équilibre entre habitat collectif et pavillons qui fait le charme de notre ville". Selon lui, la majorité actuelle veut construire des immeubles dans des espaces qui ne sont pas aptes à les accueillir. Revenant sur un des volets importants de cette modification, à savoir le projet Hôtel de Ville, il a pointé du doigt le peu de cas qui a été fait de l'avis et des réserves des riverains, notamment sur l'absence d'axes routiers et d'équipements. Finalement, se montrant sceptique quant aux capacités d'écoute de l'exécutif municipal, monsieur Chaussat s'en est pris directement au maire en ces termes : "vous faîtes ce que vous voulez, quand vous voulez et avec qui vous voulez" comme si vous étiez "le propriétaire du territoire aulnaysien".
Alain Amédro, pour les Verts, a également déploré l'absence de prise en compte de l'avis des habitants en matière d'urbanisme. Il a évoqué la cité Arc en ciel et Balagny pour illustrer son propos. Il préconise un "urbanisme doux" qui associerait qualité du bâti et qualité de la concertation avec la population. La crise du logement ne saurait justifier les mauvaises méthodes employées depuis l'élection municipale de mars 2008. Ces manières ont, selon lui, abouti à la "cassure" de la majorité mais également à celle des quartiers. Les aulnaysiens sont désormais divisés alors que "la première préoccupation, le premier devoir d'un maire" est d'assurer "l'unité de sa population" a-t-il ajouté en s'adressant à Gérard Ségura. En guise de conclusion, le vice-président du conseil régional a insisté sur la nécessité de "construire autrement" afin de sortir de cette spirale négative. "On a perdu deux ans et demi" car "aucun logement n'a été construit sous cette mandature" a-t-il terminé.
Dans une seconde partie seront abordés le point de vue de Frank Cannarozzo, dont les positions s'approchent de celles développées ci-dessus, ainsi que les réponses apportées par Gérard Ségura. Nous en profiterons ensuite pour, pourquoi pas, en tirer quelques enseignements...
Hervé Suaudeau