Sur la large bande de terre centrale qui sépare les voies de la route nationale, les tractopelles sont immobiles. « Réaménagement de la N2 », claironne fièrement un panneau jaune planté à un croisement. Mais pas un ouvrier à l'horizon. A Aulnay, le chantier qui doit aboutir à la transformation de l'axe en boulevard urbain moderne et paysager est au point mort. Les habitants qui s'en inquiétaient et ont téléphoné à la mairie le savent peut-être déjà. Au 1 e r janvier dernier, les routes nationales sont passées du giron de l'Etat à celui du département. Par un arrêté datant du 29 décembre, le préfet Jean-François Cordet signifiait le transfert au conseil général de plusieurs marchés publics en cours, notamment celui de la N2 à Aulnay. « Pour préparer ce transfert, de nombreuses réunions et échanges entre les services du conseil général et les services de l'Etat ont eu lieu tout au long de l'année 2006 », indique la préfecture. Et pourtant, début janvier, les 7 entreprises qui avaient débuté les travaux sur l'axe routier n'ont pu reprendre leur activité, n'ayant plus de client.
Deux mois de perdus
« Nous sommes le seul département dans lequel l'Etat ne poursuivra pas les travaux entamés, explique Josiane Bernard, vice-présidente (PCF) du conseil général. Nous n'avons reçu l'arrêté que le 8 janvier, il nous a fallu rencontrer les services préfectoraux, puis les entreprises pour leur notifier à notre tour les marchés. » Les ouvriers pourraient reprendre leur travail à la fin du mois. Pour les sociétés, ce sont deux mois de perdus : « Il y a eu quinze jours de flottement, puis nous avons dû recaser nos employés sur d'autres chantiers en attendant, explique un responsable. Il y a également un préjudice financier, puisque nous louons la signalisation et les protections de chantier qui restent en place même quand le travail s'arrête... » Le maire (UMP) Gérard Gaudron déplore aussi ce retard : « Je comprends que le département ait voulu faire le point avec l'Etat. Mais je l'avais alerté sur ce transfert le 3 novembre dernier. Les choses n'ont pas été réglées à temps. » Mais Josiane Bernard souligne les difficultés auxquelles le conseil général doit faire face : « Avant que l'Etat nous transfère les fonds dévolus à ce chantier, nous devrons faire les avances de trésorerie. » Le département participait déjà au financement (19 millions d'euros) à hauteur de 20 %, et devra donc avancer 40 % supplémentaires, le reste étant pris en charge par la région. Un effort financier d'autant plus important qu'il comprend la TVA (20 % des sommes globales), qui ne lui sera reversée que dans deux ans.
Une métamorphose de 4 ans. Le chantier de la N2 n'en est qu'à sa première phase. L'axe routier constituait jusqu'à aujourd'hui une coupure entre les quartiers nord et le centre-ville. D'ici à la fin 2007, il doit se transformer en boulevard urbain : une partie des voies sera déplacée, quatre rues transversales vont être aménagées, ainsi que des traversées piétonnes, des pistes cyclables, de nouveaux espaces verts. Puis commencera l'aménagement d'un nouveau quartier, en continuité avec la Rose-des-Vents. Le projet comprend la restructuration du centre commercial du Galion, la création d'une zone d'activités, la construction de logements et d'équipements.
Gwenael Bourdon