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L’avortement clandestin par André Laude, « Autrefois, j’avais une maman »

7 mars, 2024 à 9:08 | Posté par

André Cuzon, ancien Président d'Aulnay Environnement, ancien maire-adjoint, nous rappelle par la vie de son ami, André Laude, ce qu'était "avorter" au début du siècle dernier:

Il faut rappeler le vécu de l’enfant qui n’a pas connu sa mère pour cause d’avortement clandestin. Nous pensons à André Laude, poète aulnaysien.

Sa mère Olga LOUAZON née à Aulnay en 1916 a eu une première fille Marcelle en 1934.

OLGA LOUAZON Archives Marcelle Guillard

André Laude nait le 3 mars 1936. Elle a 20 ans. Ils habitaient rue Fontaine des prés (dans l’ancien parc du château)

En 1938 sa mère fait une « fausse couche » qui oblige le transport à l’hôpital de Gonesse où elle décède le 3 mai 1938. L’« avortement » est interdit et le mot « aussi » bien sûr.

Cette « blessure rapprochée du soleil » a inspiré son œuvre poétique et a finit par le faire expiré de désespoir.

Voici un long poème qui rappelle que les mères mouraient et que les enfants pouvaient dire toute leur vie :

« Autrefois j’avais une maman. »

O mère, voici que je viens m'asseoir en silence

Au pied de tes os noircis

Je me tais je te contemple seulement

il y a si longtemps déjà que tu es partie

je n’étais alors qu’herbe folle

Sur une photo précieusement serrée

entre les lettres des bien-aimées

qui s’attardèrent un jour ou deux près de ma flamme avant de reprendre la route des fumées

Sur une photo jaunie par le passage des saisons

je ris contre ta bouche merveilleuse étincelante

je ris dans tes cheveux de matin premier

Aujourd’hui cette nuit les poings enfoncés dans le ventre je reviens à la source

O mère près de tes os rares nettoyés par la vents et les neiges

Doucement je pose ma tête d’éternelle enfance

sur tes genoux qui ont goût de pomme de pin

et je pleure

Avec toi tout à l’heure quand les étoiles commenceront

à diminuer au-dessus de la rumeur

quand l’aube dévoilera les dépouilles chaudes encore des suicidés

avec toi ô ma mère aux secrets je parlerai

de l’ancien temps

du temps de l’horrible métier de vivre

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