Cette étonnante maison aux allures de paquebot a été conçue pour abriter les bureaux de l’ancien "Office Technique d’Ingénieurs Spécialisés. Société Topoplan, agnce d’Aulany-sous-Bois". Elle est édifiée en 1930 à l’initiative de Jean Descoutures, ingénieur-voyer qui vient d’être nommé par la ville d’Aulnay-sous-Bois consécutivement au vote de la loi de 1928 (loi Sarrault) directeur de l’aménagement des lotissements défectueux (viabilisation des rues, raccordement des parcelles à l’électricité et à l’eau). Cette nomination et la charge de travail qu’elle implique ne sont d’ailleurs peut-être pas sans lien avec l’édification de ce bâtiment puis son extension dix mois plus tard.
Situé non loin du domicile de Jean Descoutures, le terrain choisi à l’angle de deux rues se révèle cependant complexe. Le programme initial ne comporte que deux bureaux, une salle d’attente et un garage ; il impose à l’architecte parisien F. Dezoine auquel fit appel J. Descoutures de privilégier un développement en longueur plutôt qu’en hauteur et, de placer le garage dans la partie la plus profonde de la parcelle. L’extension réalisée 1 an et demi plus tard tire parti de l’existant en proposant une surélévation du bâtiment d’angle et l’adjonction d’une seconde aile dans le prolongement du garage. Celle-ci abrite de nouveaux bureaux et une vaste salle réservée aux dessinateurs.
L’esthétique retenue n’est quant à elle pas sans rappeler la physionomie d’un paquebot, dont elle reprend par exemple la dominante horizontale, l’évocation de la proue d’un navire ou encore la forme des hublots. L’architecte Dezoine semble avoir été sensible, comme de nombreux architectes (Le Corbusier, P. Patout, W. Gropius…), artisans et décorateurs à la même époque aux formes propres et à l’esthétique nouvelle qu’apportent les produits issus de l’industrie et plus particulièrement celle des transports mécanisés (automobiles, avions et paquebots…).
Aujourd’hui, la transformation de ce bâtiment en habitations s’est faite hélas au détriment de l’unité d’ensemble et de la valeur patrimoniale de l’édifice : fenêtres murées à l’angle et redimensionnées, disparition des ferronneries sur certains oculi, et surtout ravalement récent en jaune vif de l’aile située rue Louis Blanc.
Source : Atlas de l'architecture et du patrimoine de la Seine-Saint-Denis