Associations, Solidarités

La mairie veut s’assurer que « Un toit pour elles » respecte la loi

21 mars, 2021 à 18:03 | Posté par

Cela justifie t'il la manière?

Aulnay-sous-Bois, le 17 mars 2021.L'association Un toit pour elles héberge des femmes qui se sont retrouvées à la rue. LP/A.A

Lorsque notre maire a des doutes, la manière de les enlever ne se fait pas "dans la dentelle". Pour s'assurer que notre école républicaine n'apprend pas aux enfants à se masturber, il écrit au Ministre de tutelle. Pour s'assurer que cette association respecte la loi; il envoie sa police dans les locaux.

Le Parisien a enquêté, extraits:

C'est un étrange cadeau de bienvenue qui a été déposé de façon anonyme devant le pavillon du 6, rue Mercier à Aulnay-sous-Bois. Ce jour-là, Mohamed Jemal constate la présence d'excréments ornés d'un ruban devant les locaux d'Un toit pour elles, l'association qui héberge des femmes sans-abri dont il est le président-fondateur.

« Quand nous nous sommes installés à Aulnay en septembre 2020, la plupart des riverains nous ont bien accueillis mais un couple nous a fait part de son mécontentement, s'inquiétant qu'on puisse amener dans leur quartier propre et calme des femmes victimes de violences ou à la rue, raconte celui-ci. Ils nous ont dit qu'au moindre problème ils appelleraient la police. »

Le 9 mars, la directrice du contrôle de l'urbanisme et de la prévention des risques sanitaires et bâtimentaires a mené une inspection dans ce pavillon en compagnie de deux policiers municipaux.(...)

Mohamed Jemal comprend ces arguments « sur le fond ». « Sur la forme, c'est inacceptable, s'agace-t-il. Pourquoi ne m'ont-ils pas appelé avant d'intervenir à l'aveugle ? Nos bénéficiaires sont traumatisées. Ce sont des femmes en grande difficulté qui essayent de se reconstruire. Certaines ont été violées. La mairie est censée protéger les gens, pas leur faire peur. » Une bénéficiaire confie : « On n'est plus tranquilles, on a peur que la police revienne. »(...)

Documents à l'appui, Mohamed Jemal assure avoir conclu un bail avec l'héritier de l'ex-propriétaire du pavillon, « à la condition qu'on le retape ». « Nous avons engagé plus de 4 000 euros de travaux pour refaire la peinture, l'électricité, insiste-t-il. Ce n'est pas pour se faire expulser quelques mois plus tard ou pour en faire un squat. »(...)

La mairie en veut la preuve. "Il dit avoir un droit de bail mais pour l'heure, il n'a pas été en capacité de justifier l'occupation licite du bien, assure Loïc Le Roux, directeur général adjoint des services."(...)

« Personne ne m'a jamais demandé de présenter le bail, s'étonne Mohamed Jemal. Et nous ne sommes pas un centre d'hébergement d'urgence. » Le fondateur d'Un toit pour elle estime qu'il paye sa proximité avec Oussouf Siby, un élu municipal d'opposition.

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