Voici un article du "Figaro", publié le 15 janvier 2015 sur Mehdi et Mohamed Belhoucine. Cette information ne doit pas conduire à des amalgames injustifiés.
Inquiet, le maire UMP d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Bruno Beschizza, attend aujourd'hui des réponses. Il vient d'apprendre, par ses services, que deux de ses anciens agents municipaux n'étaient autres que les frères Belhoucine. Le plus jeune, Mehdi, 24 ans, a accompagné en Syrie Hayat Boumedienne, la compagne du tueur Amedy Coulibaly. L'aîné, Mohamed, âgé de 27 ans, a été condamné le 11 juillet 2014 par le tribunal correctionnel de Paris à deux ans de prison, dont un avec sursis, pour sa participation à une filière d'acheminement de combattants à destination de la zone pakistano-afghane.
Ne perdant pas ses réflexes d'ancien fonctionnaire de police, Bruno Beschizza espère que l'on va s'intéresser à l'environnement professionnel des deux employés afin de vérifier s'il y a eu ou non des connexions avec le milieu islamique radical par l'intermédiaire d'autres agents au sein des services de la ville. «Comment et par qui ont-ils été recrutés?» s'interroge l'édile, qui a pris ses fonctions à Aulnay en 2014, quand les deux frères n'y travaillaient déjà plus. «Mon réflexe a été d'en informer, mercredi et dès que je l'ai su, le préfet, qui m'a renvoyé auprès des services spécialisés. Et depuis, pas de retour», indique l'élu.
Il s'était mué en cyberdjihadiste
L'inquiétude de ce dernier est d'ailleurs montée d'un cran quand il a découvert les activités pour lesquelles les frères Belhoucine avaient été recrutés. Tous étaient en contact avec les enfants de la ville. De 2011 à 2012 et en cumulant des contrats à durée limitée, Mehdi Belhoucine s'occupait d'animation périscolaire, en intervenant notamment au club de loisirs de la ville. Il avait par ailleurs décroché des missions pour s'occuper des espaces verts.
Détenteur d'un master en science et technologie niveau 1, Mohamed Belhoucine a, quant à lui, été embauché au travers de divers contrats de 2010 à 2014 et a travaillé dans les centres de loisirs de la ville. Il s'occupait également de l'aide aux devoirs. Pourtant, dès 2010, il avait été inquiété par les services de police qui avaient repéré ses activités en rapport avec la filière d'acheminement pakistano-afghane.
Quelques années plus tôt, en effet, Mohamed Belhoucine s'était mué en cyberdjihadiste, lors de son passage à l'École des mines d'Albi, entre 2006 et 2009. Mal intégré et cumulant de faibles résultats, il s'était tourné vers les forums, se nourrissant de littérature relative à l'islam radical sur le Net. Il s'était alors investi d'une mission: traduire en français et poster, sur le site de vidéos en ligne Dailymotion, des films de propagande djihadiste, produits par As Sabab, organe médiatique du réseau al-Qaida. C'est par ce biais qu'il rencontrera l'équipe avec laquelle il sera condamné en 2014.
Bruno Beschizza réclame aujourd'hui une procédure d'information destinée aux employeurs pour les avertir du profil des candidats postulant à divers postes. «Il y a Mohamed Belhoucine et il y a eu le parcours de Farid Benyettou, tout juste révélé la semaine dernière», rappelle-t-il. Benyettou, l'ex-mentor religieux des frères Kouachi, s'est lancé dans des études d'infirmier à la Pitié-Salpêtrière sans que la direction ait été, manifestement, avisée de la lourdeur de son casier judiciaire. «Les employeurs ne doivent plus méconnaître ce type de passé», insiste l'élu d'Aulnay.