Sur les huit départements que compte l’Ile-de- France, seuls deux ont placé Ségolène Royal en tête dimanche soir lors du second tour de l’élection présidentielle : le Val-de-Marne (50,2 %) et surtout la Seine-Saint-Denis (56,54 %).
Dans le 93, la candidate socialiste a obtenu de très bons résultats dans de grandes villes comme Saint-Denis (67,9 %), Montreuil (67,7 %), Bobigny (66,80 %) ou Saint-Ouen (65,82 %). Selon Vincent Tibéri, du Cevipof (Centre de recherches politiques de Science-Po), le «regain civique» que l’on a pu remarquer dès le premier tour, notamment dans les quartiers populaires, «a joué en faveur de la candidate de gauche». Ségolène Royal est par exemple arrivée première, avec 61,7 % des voix, à Clichy-sous-Bois, une municipalité qui a enregistré une hausse de la participation de 30 %.
«Le travail que nous avons effectué depuis un an et demi pour que les gens, en particulier les jeunes, s’inscrivent sur les listes électorales, a payé», estime Mohamed Mechmache, président du collectif AC le feu. L’association avait appelé, entre les deux tours, à voter pour celle qui a «pris en considération la parole de la France et qui s’est engagée en signant le contrat social et citoyen, né du cahier de doléances des Français». Cet appel a également pu jouer en faveur de la candidate socialiste.
Par ailleurs, les crispations autour de la personnalité de Nicolas Sarkozy, particulièrement fortes en banlieue après les émeutes de novembre 2005, sans oublier un bon report des voix communistes ou centristes (comme à Drancy) ont pesé dans le succès de Ségolène Royal en Seine-Saint-Denis, comme à Aulnay-sous-Bois. C’est en effet dans les bureaux de vote des quartiers populaires de cette ville, pourtant dirigée par un maire UMP, que la candidate a obtenu son meilleur score: près de 86 %. «Aulnay est coupée en deux, détaille Jérôme Charré, fondateur du blog citoyen monaulnay.com. Les secteurs nord, qui regroupent les cités, ont voté massivement pour Ségolène Royal tandis que les zones pavillonnaires du sud ont plébiscité Nicolas Sarkozy.» Au final, les premiers ont été plus nombreux et la ville a basculé à gauche, avec 54,51 % des voix.
«Si cet électorat continue à se mobiliser, explique le politologue Vincent Tibéri, cela risque de changer la donne dans la couronne parisienne pour les législatives et il y a des chances pour que la représentation politique de la périphérie parisienne ne soit plus la même.»