La Triade « électronique » fait actuellement l'objet, jusqu'au 15 mars, d'une enquête publique menée à Gonesse, Bonneuil-en-France, Roissy-en-France, Le Thillay et Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Et sera débattue au prochain conseil municipal de Gonesse, en mars. Ce projet du groupe Veolia Propreté, d'un montant de 6 M€, le premier du genre dans l'Hexagone, consiste en une ligne automatique de déchiquetage et de tri des déchets électriques et électroniques (dit D3E), dédiée au traitement d'ordinateurs et autre matériel de bureautique.
Il devrait être implanté dans la zone industrielle de la Grande-Couture de Gonesse, où Veolia exploite déjà un site qui traite notamment électroménager et petits appareils ménagers : sèche-cheveux, rasoirs électriques, grille-pain, cafetières...
« La Plaine de France vit déjà une situation de pollution dramatique »
Seulement, voilà, un paragraphe de l'avis d'enquête publique émis par la préfecture du Val-d'Oise fait bondir et inquiète des militants écologistes. Cet écrit stipule que seront traités dans la Triade les déchets provenant d'installations nucléaires de base. Il n'en fallait pas davantage pour déclencher les foudres des écologistes locaux. Les Verts de la Plaine France montent au créneau, tout comme Michel Credeville, du parti écologiste de Corinne Lepage, Cap 21. « Les clients du groupe Veolia, ministère de la Défense, AP-HP, s'insurge le militant. Le site choisi, en milieu urbain, est tout proche de la ZAC Paris Nord II, de Citroën, des aéroports du Bourget et de Roissy. Or la Plaine de France vit une situation de pollution dramatique : nuisances ferroviaires et routières, de l'incinérateur de Sarcelles, sans compter celles des aéroports Charles-de-Gaulle et du Bourget. C'est beaucoup pour les riverains ! Ce projet de déchetterie pour le nucléaire à Gonesse est d'autant plus inquiétant ! » « C'est absolument ridicule ! Le libellé peut certes prêter à confusion pour des gens non initiés à ces réglementations, réagit Joël Duranton, le responsable val-d'oisien de la Drire Île-de-France. Mais il n'y a aucune raison de s'inquiéter. Car, ici, nucléaire ne fait pas référence à la nature des objets, mais à leur provenance. En l'occurrence, il s'agit d'ordinateurs et d'informatique sortis tout droit des bureaux du Commissariat à l'énergie atomique et de la Cogema. Pas de déchets dangereux ! D'ailleurs, un système de détection sophistiqué est installé à l'entrée de Veolia Gonesse, et aucun véhicule contenant un produit radioactif n'aura le droit d'entrer dans l'enceinte du site. » Explication identique chez Veolia Île-de-France, qui martèle qu'« en aucun cas la Triade ne recevra de déchets nucléaires ! Les contrevenants seront immédiatement remis aux autorités ». Des arguments qui ne convainquent pas l'infatigable Michel Credeville : « A cause de ces déchets stockés à la Triade avant leur reprise et traitement, les risques pour la santé humaine liés à la manipulation de ces objets sont réels. Et leur broyage est source de dispersion de particules pouvant provoquer des troubles digestifs ou gastriques... » Le préfet tranchera...
Bénédicte Agoudetsé