Hier, un enseignant du lycée Jean Zay comparaissait à Bobigny pour "violence volontaire" contre un élève. Le 15 mars, celui-ci, excédé par la "chaîne humaine" pacifique et compacte qui lui barrait l'entrée du lycée, avait saisi une main, un doigt et l'avait retourné.
Ce doigt était celui de Christophe, 17 ans, élève de terminale, du genre tranquille, victime d'une fracture avec arrachement et 21 jours d'ITT. Ses parents avaient déposé plainte.
La juge de la 11e chambre n'a peut-être pas apprécié que le prévenu veuille inverser les rôles, en racontant cette matinée dont tout le monde, jusqu'au proviseur du lycée, s'accorde à dire qu'elle était "bon enfant", "sans aucune agressivité des jeunes".
L'enseignant explique que "ce jour était celui de l'aboutissement de plus de deux mois d'un énorme travail avec mes élèves, une visite dans une grande entreprise, explique l'enseignant. Il fallait absolument que j'entre, pour téléphoner et prévenir de notre retard, à cause de cette grève !".
Pourtant, au lycée, comme l'a rappelé Christophe hier à la barre, tous les témoins ont évoqué la même scène de violence: après avoir lancé "à trois, ça casse", le prof a compté, puis cassé.
Ce geste "ne me correspond pas, surtout que je suis instructeur fédéral de karaté", se défend encore l'enseignant. Mais cette précision a plutôt convaincu la substitute du procureur que l'enseignant "savait qu'il briserait le doigt" et elle a requis six mois de prison avec sursis. La juge a modéré la peine en la réduisant à deux mois avec sursis, mais sans trouver d'excuse au dérapage du prof.
Jérôme Charré