Depuis une semaine, nos écrans de télévision ne cessent de montrer des images de voitures qui flambent, de pompiers et de policiers caillassés, de jeunes encagoulés qui balancent des cocktails Molotov, bref de banlieues au bord de l’insurrection. La presse écrite embraye, consacrant ses unes au phénomène. 20 Minutes, comme ses confrères, fait son travail, va sur place et relate les faits. Rien que de très normal, il s’agit du devoir d’informer.
Pourtant, cette violence urbaine ne peut s’accommoder d’un traitement ordinaire. La télévision commence à s’interroger. La directrice de l’information de France 2, Arlette Chabot, déclarait hier sur Europe 1 que la chaîne réfléchissait à la couverture de ces événements : « On n’y allait plus à une certaine période parce qu’on ne voulait pas servir de relais à des provocateurs, à des voyous, qui n’avaient qu’une envie : faire la une du journal de 20 heures (...) Il y a une espèce de compétition : “Ils ont fait cela dans telle ville, nous, on va faire plus fort, vous allez voir”. » Pour Arlette Chabot, le travail de France 2 « sera aussi de montrer dans les jours qui viennent qu’il y a des gens qui travaillent en banlieue, il y a des gens qui bossent, il y a des gens qui sont écoeurés par ce qui se passe. »
Même son de cloche du côté de TF1 où Robert Namias, le directeur de l’information, déclare : « Je crois (...) que si on veut éviter d’être instrumentalisés, le fait même de mettre ces images extrêmement violentes à l’écran ne peut que, éventuellement, provoquer et (...) être considéré comme une provocation à de nouveaux incidents. »
Depuis une semaine, tous les regards sont donc tournés vers le 93. Et les images renvoyées par le miroir médiatique sont largement déformées. Des exceptions méritent certes d’être notées, comme les « 10 raisons d’espérer » listées par notre confrère Le Parisien-Aujourd’hui en France. Un autre regard porté sur ces cités, géographiquement si proches, et pourtant si éloignées de nos centres d’intérêt lorsque nous avons l’impression que rien ne s’y passe.
Dans quelques jours, c’est inéluctable, on peut parier que l’intérêt retombera à la même vitesse que la tension. Les regards des hommes politiques se détourneront de la Seine-Saint-Denis, les caméras quitteront Clichy-sous-Bois, Montfermeil ou Aulnay-sous-Bois. Et la banlieue retrouvera son calme, mais aussi ses problèmes et sa solitude. Sans que rien, sur le fond, n’ait été réglé.
Luc Lemaire
Communication, Démocratie, Île-de-France, Médias, Sécurité, Seine-Saint-Denis
4 novembre, 2005 à 11:13 | Posté par Jérôme Charré
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3 Réponses à “20 minutes: De la violence, et de la difficulté d’informer”
J’ai habité 16ans rue des aulnes ,pres ambourget, de 86 a 2001,et je px vous dire que de 86 a 95, le quartier était impeccable, et les immeubles aussi, quand j’y retouren de temps en temps je crois rêver!!
je les entends se plaindre de vivre la dedans comme ils disent! on se fout de nous ou quoi!!
les appart y sont vastes , que demander de mieux, et ce sont des immeubles classiques , c’est eux qui les ont rendus comme ça!!
Donnez leur du haut standing et dans un an ça sera la même chose !! il faut y vivre pour savoir de quoi on parle !!
aucune excuse à ce qui se passe en ce moment!!
Olyvier. Autre précision sur la dégradation de ce quartier bien précis que je connais pour y avoir vécu 20 ans et pour y revenir très souvent. On aimait ou on aimait pas l’homme mais le décès de Monsieur Joe Millau (que sa famille me pardonne l’orthographe), gardien de cette citée y a plus que fortement contribué. Cela est une évidence, dans ce quartier, il y a eu un avant et un après Joe Millau. C’était en soi une personnalité qui connaissait tous les enfants, tous les leader. Il parlait plusieurs langues et notamment l’arabe et tenait (au sens littéral du terme) « sa citée ». Il suppléait en partie les familles.
Le gardien d’immeuble, peut-être une idée simple à redécouvrir en cette période de chômage…
exact , et habitant au 12 rue des aulnes il y avait jusqu’en 1992 environ un gardien dont j’ai oublié le nom et sa femme pourtant déja agé , mais devant eux les gosses fillaient droits, ces personnes ne se laissaient pas imprésionner, les gosses étaient éduqué jeunes par la collectivité
on a l’impression que je parle de chose datant de 30 ans mais non ca date tout au plus de 12ans