A la fin des années 1920, le développement continu des infrastructures ferroviaires de la Compagnie des chemins de fer du Nord amène celle-ci a envisagé la construction de nouveaux logements pour ses cheminots. En 1929, la Compagnie lance le chantier de deux immeubles de 56 logements chacun, sur un terrain lui appartenant mais sans en avertir la commune, suscitant l’étonnement du maire. Probablement achevés au début des années 1930, ces immeubles formant un angle droit sont implantés sur une parcelle séparée des voies ferrées par la route des petits Ponts, en limite du quartier de Nonneville. Ces immeubles sont « à usage de logement pour le personnel » et donc assimilables à du logement patronal. Cependant, ils bénéficient, via la législation sur les Habitations à bon marché (logement social), de crédits destinés à des HBM « ordinaires » (HBM O). Édifiés selon le procédé dit de "la maison isotherme", ces immeubles ont une structure entièrement en acier, leur façade de ciment étant réalisée par projection grâce au "cement gun", comme en témoigne une publicité qui prend notamment pour exemple la réalisation aulnaysienne dans la revue moderniste "L’Architecture d’Aujourd’hui", le n° 2 de décembre 1930 (la Compagnie des chemins de fer de l’État utilise également ce procédé pour des logements à Argenteuil). Ils comptent 7 étages, sans rez-de-chaussée, et sont couverts d’un toit-terrasse.
Identiques, leurs façades sont animées, verticalement, par une cage d’escalier saillante aux larges baies ouvertes reprenant l’oblique de l’escalier. Horizontalement, des coursives permettent la desserte des appartements et équilibrent la composition de la façade. Cet ensemble est très vraisemblablement l’œuvre d’un architecte et ingénieur "maison" mais non identifié. Cet ensemble présente quelques similitudes formelles avec des réalisations contemporaines d’Urbain Cassan pour la Compagnie à Saint-Ouen. Plus sobres que l’ensemble de l’avenue Michelet à Saint-Ouen, ces deux immeubles sont cependant proches du style qu’imprime Cassan à la production architecturale de la Compagnie des chemins de fer du Nord, accusant les modénatures, osant le monumental et s’autorisant des audaces formelles telles que ces fenêtres d’angle. Marquant fortement le paysage, essentiellement pavillonnaire, par leur hauteur, ces deux bâtiments sont alors surnommés les « Grands immeubles » par la population et ainsi présentés sur les cartes postales. Ils annoncent les "premiers gratte-ciel de la région parisienne", la cité de la Muette, également à structure métallique, édifiée à Drancy par Beaudouin et Lods entre 1931 et 1934 et partiellement détruite en 1974-1976.
Cette structure métallique, à la fois innovante et rare, ajoute donc à la qualité de cet ensemble. Ces immeubles sont enfin desservis par une passerelle élevée au-dessus des voies ferrées également édifiée par la Compagnie au tournant des années 1930.
Cet ensemble de qualité est représentatif de la volonté de la Compagnie des Chemins de fer du Nord de loger dignement ses cheminots. Bénéficiant des crédits du logement social, ces deux immeubles témoignent également des ambiguïtés d’une législation qui permet et subventionne du logement patronal. Enfin, l’ensemble que ces immeubles forment avec la passerelle située au-dessus des voies de la ligne Paris-Soissons constitue un témoignage cohérent et intéressant du patrimoine ferroviaire de l’entre-deux-guerres.
Depuis, ces immeubles ont été séparés, en terme de propriété et de gestion, probablement lors de la fusion / dissolution de la Compagnie des chemins de fer du Nord dans la SNCF en 1938. Si l’un des immeubles intègre le patrimoine de la SA d’HLM liée à la SNCF, la Sablière, l’autre devient propriété de l’Office public de la Seine-et-Oise, actuellement l’OPIEVOY, qui a vraisemblablement rendu possible l’accès aux crédits du logement social lors de la construction des immeubles. Tous deux ont été réhabilités au cours des années 1980 mais de façon légèrement distinct.
Source : https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/
4 Réponses à “Certaines demeures de notre ville -26- la cité cheminote”
Et ces immeubles, comme la passerelle sont protégés monuments historiques.
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Qu’entendez vous par « protégés monuments historiques »? D’où tenez vous cette information?
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Je ne vois pas dans le texte les termes « protégés monuments historiques ».
Quant aux souces de cet écrit, il est stipulé en bas, coedialement.
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Excusez moi.
C’est à Vinz que je m’adressais suite à son commentaire « Et ces immeubles, comme la passerelle sont protégés monuments historiques ».
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