La mairie a-t-elle soutenu le rallye mécanique africain a laquelle a participé une élue?

A-t-on le droit d'utiliser librement le logo de la ville?

La polémique enfle aujourd'hui sur la participation de l'élue Karine Lanchas-Vicente au rallye des Gazelles avec l'apparition du logo de la ville sur le 4x4 de la candidate. Le service de presse de la ville indique que "la présence du logo de sa commune sur son véhicule est simplement l’expression d’une volonté de marquer la fierté d’appartenir à cette ville dans cette aventure, sans aucune contrepartie".

Nous n'avons effectivement pas pris le temps d'interroger la ville pour savoir s'il y avait financement mais nous avons cru de bonne fois que c'était peut être le cas en voyant le logo (mais sans l'affirmer contrairement à ce que dit le service de presse de la ville). S'il n'y a pas financement, nous nous posons donc la question de savoir depuis quand a-t-on le droit d’utiliser un logo d’une entité quand on n'est pas soutenu par celle-ci ? Y-a-t-il eu un soutien ou une utilisation frauduleuse du logo ? Nous avons posé ces questions au cabinet du maire et au service de presse de la ville et n'avons pour le moment eu aucune réponse (la ville ne nous répond hélas presque jamais).

Le logo de la ville pour un "rallye propre" ou une opération de greenwashing?

Sur son site, le rallye des gazelles ne s’embarrasse pas de nuances et titre "Le rallye propre". Les organisateurs peuvent effectivement estimer faire des progrès en expliquant que les 4x4 sont loués sur place et que les compétiteurs sont classés par le chemin le plus court et non plus sur leur vitesse. Le site insiste aussi sur les efforts sur les bivouacs et la gestion des déchets. Malgré cette petite prise de conscience, cela reste quoi qu'il arrive une course mécanique. Mais le plus paradoxal se trouve dans l'argumentaire des organisateurs qui concluent en gras "tous les véhicules sont ravitaillés par TOTAL partenaire et fournisseur officiel en carburant bio gazole limitant ainsi l’émission de CO²". D'une part il parait difficile de se dire respectueux de l'environnement et de se présenter comme sponsorisée par Total. D'autre part et surtout, dire que le "bio gazole" serait écologique est une contre-vérité. En effet ces carburants sont particulièrement critiqués car ils sont l'un des principaux facteurs de déforestation. Quoi qu'il en soit, faire la promotion des sports mécaniques peut paraître assez anachronique à l'heure des manifestions des jeunes pour le climat.

Le logo de la ville pour une œuvre de charité ou pour une opération aux accents colonialistes ?

Ce qui pourrait le plus choquer les habitants est que ce genre de raids mécaniques peut être mal perçu notamment à cause du décalage entre le niveau de vie local et des concurrentes prêtes à s'acquitter 33000€ de frais de participation. Même si les participantes sont sans doute animées des meilleures intentions, leur opération pourrait laisser une impression d'arriver comme en pays conquis se reposant sur une supériorité mécanique ignorant les usages et les blessures de la colonisation. La critique avait été portée il y a déjà 28 ans par le chanteur Renaud qui titrait "500 connards sur la ligne de départ" en évoquant le Paris Dakar. Il semble que les raisons jetant l’opprobre sur ces démonstrations de puissance du XXe siècle en plein désert aient été oubliées.

Pourquoi une réaction si forte de la ville?

La ville dans sa réaction très vive, via son communiqué de presse instrumentalisant ses attaques en justices ou quand un élu nous menace une fois de plus judiciairement, semble cependant prendre conscience d'un fort danger. Nous assistons en effet au même genre de réaction que lorsque le cabinet du maire avait fait pression sur nos confrères d'AulnayCap qui avaient voulu révéler qu'une élue actuelle avait, sous un précédent mandat, menacé d'annuler le mariage de deux habitants s'ils ne faisaient pas cesser les youyous de joie dans l’hôtel de ville. Ce genre de couacs démontrant l'incompréhension culturelle de l'équipe dirigeante avec nombre d'habitants risque en effet de faire des dégâts.

NDLR: Une fois de plus, nous ne céderons pas aux pressions judiciaires qui plus est quand la ville affirme des contre-vérités à notre encontre dans son communiqué. Nous serions même en droit de poursuivre le service de presse qui nous diffame ainsi. Cependant nous ne disposons pas de l'argent du contribuable pour financer toutes les procédures qui nous passent par la tête mais surtout nous avons bien autre chose à faire.