Suite à notre article concernant le devenir de l'adjoint Alain Amédro au sein de la majorité municipale, la Rédaction a souhaité interroger ce dernier pour qu'il puisse s'expliquer sur des points qui nous semblaient incohérents. Vous trouverez ci-dessous le contenu de cet entretien. Dans le même temps nous avons sollicité le Maire et son cabinet pour avoir leur point de vue sur les allégations portées à leur encontre par l'élu Vert - Europe Écologie. A ce jour, nous n'avons eu aucune réponse.
* Depuis votre élection en tant qu'adjoint, quelle est la part de temps que vous consacrez à vos délégations municipales ?
J’ai dès notre élection demandé mon détachement pour mandat d’élu et j’ai quitté mes fonctions au conseil général de Seine-Saint-Denis le 1er avril 2010 2008 (corrigé le 12/03/10 à 15h20 à la demande de M.Amédro). Je venais d’être nommé comme attaché sur les questions de politique de la ville. J’ai en effet un master d’aménagement et d’urbanisme.
Je me suis ainsi consacré pleinement à mes mandats, celui de Conseiller Régional pour lequel j’ai été élu en 2004, et en particulier celui d’adjoint, où il m’a fallu plusieurs mois pour prendre mes marques.
Je travaille tous les matins en mairie dès 8H30 pour faire un point sur les dossiers et je suis présent les mardi, jeudi et vendredi en mairie. Les WE sont souvent pris par des représentations. J’ai la chance de pouvoir adapter mon emploi du temps aux exigences des deux mandats. Moi, qui suis un chaud partisan des 35H, je suis largement au-dessus!
* Comment étaient les relations PS/PCF/Vert avant la décision du conseil d'état ?
Rapidement des différences concernant les méthodes sont apparues entre le maire et moi, mais au niveau des organisations politiques, elles ont toujours été bonnes.
* Après ?
Les questions de méthode de travail se sont posées avec encore plus d’importance. Un exemple : Comment réorganise t-on les services ? en lien avec les adjoints ou sans eux ? Pour et avec le personnel ou met-on celui-ci devant le fait accompli ? Vous aurez compris que je suis pour des méthodes douces et pour un dialogue respectueux des personnels. Des décisions brutales ont été prises que je désapprouve vivement. Une vraie politique de Gauche, c’est celle qui humanise les rapports, explique les enjeux pour convaincre et non contraindre.
* Depuis le dépôt du permis de construire sur la cité Arc En Ciel, vous avez critiqué vivement les méthodes du Maire sur des questions liées à l'urbanisme. Comment réagit le Maire à votre égard ?
Fermeture, absence de dialogue… Mais le pire, c’est la population qui a eu à le subir.
* Vous étiez favorable aux modifications du PLU, notamment le COS. Vous affirmiez être satisfait de la transparence et de la communication autour de ces modifications. Aujourd'hui vous clamez le contraire. Pourquoi ?
J’ai en effet montré ma satisfaction sur la manière dont avait été organisée l’enquête publique mais jamais sur la manière dont avait été préparée cette enquête publique, décidée en mon absence. En effet, j’ai beaucoup travaillé à la démocratisation de celle-ci : présentation dans quelques conseils de quartier, réunion publique, information dans Oxygène, dossier dans le même journal, audiences. Nous aurions pu nous contenter du minimum légal, notamment par la simple parution dans le parisien d’une annonce, lesquelles sont souvent illisibles. Sur ce point, j’ai été utile.
Dans l’entretien, que j’ai donné sur le blog des Elus verts, Aulnay Écologie, j’ai profondément regretté les méthodes employées pour procéder à cette modification. Sur le COS par exemple, je pense que cette modification aurait dû faire l’objet de discussions approfondies avec les associations. Cela veut dire par exemple présenter des simulations de la ville avec COS et sans COS. Je suis pour ma part partisan que l’on permette aux Aulnaysiens de pouvoir agrandir leur maison mais je ne prétends pas détenir la vérité absolue. A ce propos, notre échange avec l’association Aulnay Environnement aurait pu nourrir le travail de modification du PLU et nous permettre de limiter les peurs par la pédagogie, ou au contraire d’intégrer certaines mises en garde pour limiter les éventuels effets pervers de cette décision. Ensuite, une fois les décisions arrêtées, j’ai choisi la solidarité avec la majorité et d’expliquer ces changements tout en attendant du maire une refonte profonde de ses méthodes.
Celles-ci ne se sont pas améliorées, elles se sont même aggravées. Cet épisode de modification n’est pas isolé, ce n’est donc pas une simple erreur de parcours mais bien une façon de faire. C’est donc l’ensemble de ces pratiques que je dénonce avec force aujourd’hui : décision prise dans le secret de son cabinet, absence de dialogue et de concertation avec la population, tentative de déstabilisation avec création de comité bidon, lettres anonymes…
* Sur la rue des Saules, vous étiez, avec le Maire, favorable à l'implantation d'immeubles dans le secteur pavillonnaire. Aujourd'hui vous changez d'avis. N'est ce pas une stratégie politicienne ?
J’étais favorable à l’implantation de petits collectifs de deux étages. Nous étions au début d’une réflexion et non au stade du Permis de construire comme sur le quartier Arc en Ciel.
J’ai rencontré les riverains et donné les premières esquisses en ma possession. Nous étions clairement en désaccord sur ce projet. Dans un premier temps, les riverains étaient opposés à toute forme de logements mais ouverts au dialogue. Nous l’avons maintenu tout au long de ces mois par des RDV réguliers où nous avons parlé avec une grande franchise des enjeux de la crise du logement, de la crise écologique et du défi démocratique mais aussi de la préservation du tissus pavillonnaire. J’ai entendu leur point de vue, ils ont entendu ce que je leur disais sur le fait que ces terrains répondraient forcément à un des besoins de la ville : logement, équipement…
Ensuite, ils se sont mis au travail dans le conseil de quartier et ont fait une proposition de 10 maisons passives. Ce sont bien là des propositions concrètes de logement. J’ai estimé alors que nous étions entrés dans une phase où il était important de prendre en compte, d’intégrer ces propositions qui marquaient un rapprochement des points de vue. Nous avons ainsi de part et d’autre fait des pas vers l’autre.
Ce dossier m’a fait évoluer vers une approche plus participative de l’urbanisme. L’enjeu que nous devons porter ensemble, nous aulnaysiens, c’est le défi d’une ville apaisée, capable d’écouter, de créer des consensus et de construire avec tous la ville de demain. Cette prise de position est donc le fruit d’un long processus, d’un mûrissement de la pensée sur plusieurs mois.
Concernant la zone UG, une des promesses de campagne de Gérard Ségura et de son équipe - dont vous même - était de préserver voire d'étendre la zone pavillonnaire. Or avec le projet initial de la rue des Saules, vous alliez faire le contraire. N'est-ce pas contradictoire ?
Les enjeux sont multiples : conserver le patrimoine bâti et paysager, répondre à la crise du logement et répondre aux besoins d’équipement de la ville. Ces enjeux sont contradictoires et y répondre demande un travail approfondi. Sur ces terrains, il n’y a pas de pavillons remarquables, des arbres à conserver et ils peuvent ainsi répondre à des besoins des Aulnaysiens. C’est pourquoi, la proposition du collectif est intéressante.
* Quelle sera votre réaction si le Maire met à exécution son projet sur la cité Arc En Ciel ?
Encore une fois, si aucune prise en compte des propositions que nous avons faites n’est retenue, ce sera le signe supplémentaire d’une méthode autoritaire de gestion des dossiers fondée sur le passage en force. Mais surtout ce sera la marque d’une incompréhension totale des crises auxquelles nous sommes confrontés et des défis que nous devons relever. Construire des logements OUI c’est une urgence, mais pas n’importe comment, ni n’importe où : des logements de grande performance énergétique pour réduire la facture des locataires, proches des transports des commerces des équipements publics, en préservant les lieux de respiration, de rencontre, la nature en ville… Il en va du bien vivre dans notre ville, pour tous.
* Une démission est envisageable ?
Je tiens tout d’abord à préciser que sur les dossiers qui m’opposent au Maire, je reste en attente d’un sursaut de sa part qui soit en mesure de nous conduire sur une voie de consensus. Ces dossiers vous les connaissez : projet rue des Saules, permis de construire Arc-en-Ciel, Construction de 40 logements à Balagny (dans une zone ne détruisant pas un espace vert avec les plus anciens aulnes et sophoras d’Aulnay), devenir des pavillons rue Jules Princet, réflexion sur la modification du PLU. Notre opposition est constructive et a toujours été précédée d’alertes multiples et accompagnées de propositions alternatives. L’ensemble de notre démarche s’inscrit, il est vrai, dans une conception assez différente de la ville, de la place que l’on laisse aux Aulnaysiens pour l’habiter différemment, mais aussi pour participer à son évolution vers une ville apaisée, plus respectueuse de son environnement et de ses habitants. Là encore ce sont principalement les questions de méthode qui ont cristallisé notre désaccord.
J’ai su apprécier le travail en collaboration avec des élus socialistes, communistes, Radicaux à la Région et n’ai aucun problème à envisager de poursuivre un travail commun fondé sur des principes de respect mutuel des partenaires.
Aujourd’hui, à Aulnay, je constate qu’aucun signe tangible de dialogue constructif ne nous est donné. Au contraire, cette situation nous accule à l’expression publique d’un désaccord qui pourrait se révéler irréversible si aucun changement concret n’intervenait. Se taire serait un renoncement aux valeurs que nous portons et aux engagements que nous avons pris en 2008 devant tous les Aulnaysiens.
* Quelles sont vos relations avec l'opposition ? Pensez vous que l'écologie en France puisse, comme chez nos voisins Allemands, s'affranchir des clivages Gauche/Droite ?
L’écologie est très clairement une remise en question de modes de pensée traditionnelle. Nous sommes les héritiers de Jaurès mais aussi de René Dumont et de philosophes comme André Gorz. Nous remettons en cause le produire pour produire, cette société de consommation qui laisse sur le carreau des millions de personnes ici et dans les pays du sud, qui détruit la planète et livre ses ressources à la spéculation comme l’eau.
Aujourd’hui, nous avons à redéfinir le contenu du projet alternatif à la droite autoritaire et libérale du président Sarkozy qui pense que « l’environnement, ça commence à bien faire ». Qu’est-ce que la gauche, quelles sont ses valeurs ? Comment elle intègre les préoccupations de justice sociales et écologistes ?
Nous sommes devant un choix de civilisation : comment continuer à vivre sur cette planète, marqué par le dérèglement climatique, la perte de biodiversité, les crises sociale et financière.
Je suis attaché aux valeurs républicaines et je dialogue naturellement avec les élus de la minorité municipale qui jouent leur rôle d’alerte, nécessaire en démocratie.
Je me suis opposé depuis près de 20 ans aux méthodes et la politique de la droite aulnaysienne, j’ai regretté leur absence de capacité à prendre en compte les propositions de la population et de leur minorité notamment. C’est peut-être pourquoi, je suis resté très attentif aux méthodes de travail et de la manière dont est considérée l’opposition d’aujourd’hui. Je suis pour le renforcement des droits de l’opposition comme le demande l’association Anticor.
* Comment voyez vous Aulnay en 2014 ?
En 2014 la ville pourrait avoir entamé concrètement son évolution, la transformation écologique de son territoire avec la réalisation de 400 jardins partagés, un engagement effectif pour l’Agenda 21 dont les premières actions concrètes devraient avoir vu le jour. Une ville qui donne l’exemple avec notamment le lancement d’un programme ambitieux d’économies d’énergie dans les bâtiments communaux, une ville plus accessible aux handicapés dans les bâtiments publics notamment. Une ville moins polluée grâce au développement des circulations douces avec la réalisation d’un kilométrage conséquent de pistes cyclables. Des repas bio dans nos cantines. Une ville plus solidaire soutenant les initiatives locales innovantes, d’économie sociale solidaire, une démocratie renouvelée, un quartier de Mitry, par exemple, plus serein avec la création d’une régie de quartier, des places plus nombreuses en crèche.
Une ville apaisée enfin !
Mais…Cela dépend notamment de l’intégration dans les orientations de la majorité, des idées que nous portons et cela nous le verrons dès le vote du budget 2010 qui interviendra le 8 avril 2010.
Entretient réalisé par Arnaud Kubacki.
3 Réponses à “Alain Amédro répond à Monaulnay.com sur nos précédentes interrogations”
cela fait beaucoup de contradictions à l’approche d’une élection???
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En tout cas cela bouge ENFIN puisque les coprésidents de conseils de quartier et secrétaires sont invités le 18 mars en mairie à une réunion préparatoire aux réunion publiques sur la démarche autour du PLU…
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effectivement. Ce qui évitera les rumeurs et malentendus sur les projets d’urbanismes de la municipalité. saluons la transparence de cette nouvelle majorité.
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