Nous diffusons l'édito politique de Thomas Legrand sur France Inter paru hier et qui nous ôtent les mots de la bouche. Un article était en préparation sur ce sujet mais il devient inutile.
Ce matin, le respect du confinement dans les quartiers populaires… Et il y a –en ce moment- une détestable petite musique qui laisse entendre que, par désinvolture ou défi, les quartiers populaires respecteraient moins les consignes de confinement.
Le cas de la Seine-Saint-Denis, département emblématique des ‘quartiers à problèmes’, est mis en avant. Et bien il se trouve que lors de la réunion (par Skype) entre le préfet et les principaux élus de ce département, mardi, tous ont souligné qu’à part quelques incidents au début, et une compréhension plus tardive des gestes barrières (notamment par la partie de la population qui maîtrise mal le français), en réalité le confinement était –à ce jour- plutôt bien respecté.
Mais il est forcément moins efficace dans les quartiers où l’habitat est souvent insalubre, vétuste ou composé de grandes barres peuplées d’habitants à la moyenne d’âge très jeune. L’inquiétude n’est donc pas tant sur l’acceptation des mesures que sur la capacité des habitants à tenir plusieurs semaines dans des conditions de promiscuité. Élus et travailleurs sociaux craignent des troubles intrafamiliaux ou dans les immeubles.
Si les rues sont aussi désertes qu’ailleurs, les halls d’immeubles sont parfois occupés par des jeunes qui ne tiennent pas en place. Les verbalisations valent aussi pour les halls d’immeubles. Et il y en a eu ces derniers jours. En revanche, bonne nouvelle, le deal disparaît… faute de fournisseurs et de clients.
La Seine-Saint-Denis abrite aussi beaucoup de ces employés (non éligibles au télétravail) dont la France redécouvre l’utilité première : caissiers, manutentionnaires de la grande distribution, personnel de ménage, de gardiennage mais aussi aides-soignants, infirmières… Ils avaient déjà, dans l’indifférence générale, été lourdement pénalisés lors des grèves des transports. Les voilà devoir faire face aujourd’hui à la limitation drastique du flux de transports publics.
Dans ce contexte, le débat sur le couvre-feu passe mal
Oui, les principaux élus n’en veulent pas. Le préfet s’y refuse aussi. D’abord le couvre-feu requerrait un effectif de police démesuré d’autant que, contrairement à ce que l’on croit souvent, ce département (en policiers aussi) est sous doté.
Surtout l’idée du couvre-feu signifie que la première chose à laquelle on pense pour les quartiers populaires c’est au maintien de l’ordre et non pas au sort peu enviable des confinés en logements sociaux des cités, en habitats insalubres ou en foyers divers, de travailleurs étrangers ou de l’aide sociale à l’enfance.
En revanche, l’interdiction de l’ouverture des commerces après 20 heures est plus adaptée, c’est ce qui a été choisi. La crise –c’est classique- accentue les inégalités. L’une des inégalités les plus préoccupante et surtout (déjà en temps normal) la moins traitée dans notre pays, c’est bien l’inégalité territoriale.
L’inégalité sanitaire en découle : les hôpitaux de Seine Saint Denis n’ont plus, depuis hier, de lits de réanimation disponibles. A ce jour, 3 des 40 maires du département (Sevran, Tremblay-en-France, Epinay) sont hospitalisés et deux élus municipaux (à Drancy) sont morts…
Source: édito politique de Thomas Legrand, France Inter le 27/03/2020
Une Réponse à “Confinement en Seine-Saint-Denis, l’inégalité augmentée”
Puisse l’état réaliser durant cette période de confinement imposé mais nécessaire, à quel point de tous les départements de France, la Seine st Denis est la plus mal loti et sous-doté dans tous les domaines. Quid d’ailleurs de la péréquation entre les territoires qui pourraient rétablir une équité pour ce département ?
Ce ne sont certes pas les 8384 électeurs de Beschizza qui ont a souffrir de ces conditions déplorables de confinement durant plusieurs semaines…
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