Après trois ans d'instructions, ce sont pas moins de 22 responsables, élus ou anciens candidats du Mouvement national républicain de Bruno Mégret vont devoir s'expliquer devant la justice, courant 2006, explique Le Parisien. Ils ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour des faits qui remontent aux élections municipales de 2001.
L'affaire remonte au premier tour. Quelques habitants des Pavillons-sous-Bois portent alors plainte: ils se présentent comme des "candidats malgré eux", inscrits à leur insu sur les listes du MNR. Rapidement, les listes du mouvement politique sont contestées dans 15 des 40 communes du département. Aujourd'hui, 17 personnes ont décidé de se constituer partie civile, mais à l'époque, on évoque une soixantaine de plaintes.
Lors d'une première enquête, quelques semaines après les élections de 2001, la police envoie une lettre circulaire aux 656 candidats MNR du département, exception faite des deux premiers de chaque liste. A cette occasion, 280 personnes indiquent ne pas avoir volontairement fait acte de candidature. Le scénario évoqué par les plaignants est souvent le même: ils ont signé une pétition contre l'insécurité. Parfois, ils ont cru remplir un bulletin d'abonnement pour le journal du MNR, ou apporter un simple soutien au candidat du parti politique.
Parmi les mis en cause, le secrétaire départemental du MNR, Philippe Milliau, également membre du bureau national. Tête de liste à Aulnay-sous-Bois, il avait obtenu 5,26 % des voix, et s'était vu rembourser ses frais de campagne à hauteur de 223 910,55 F (34 135 €). Il a été mis en examen pour complicité de falsification de déclarations de candidatures et escroquerie. On retrouve également les noms de quatre conseillers municipaux sur les 12 que compte le MNR dans le département : Gilles Barial (Romainville), Michel Bouiges et Patricia Vayssières (Montreuil-sous-Bois) et Herminia Fardeau (Neuilley-sur-Marne).
Mais de nombreux témoignages soulignent le rôle central qu'aurait joué Philippe Blanchard. C'est le seul à ne pas avoir été candidat parmi les personnes mises en examen. Ce "démarcheur" hors pair affirme avoir à lui seul collecté au moins 346 candidatures sur 13 communes, à la demande de Philippe Milliau. Il serait responsable de nombreuses falsifications. Il a d'ailleurs été mis en cause pour des faits similaires dans la région de La Rochelle et de Poitiers, où une vingtaine de plaintes ont été déposées.
Du côté du MNR, on rejette toute idée d'une falsification volontaire de déclarations de candidatures. "Il n'y a pas eu d'abus ni de fraude, affirme Philippe Milliau. Des pressions morales et psychologiques ont été exercées sur certains candidats, ils ont eu peur et se sont rétractés."
Comment expliquer dans ces conditions que le nom d'une femme décédée en 1965 figurait sur la liste que le MNR a présentée aux Pavillons-sous-Bois ? Il pourrait s'agir d'un homonyme, assure Philippe Milliau. Mais qu'en est-il de l'avalanche de plaintes, ou encore la candidature improbable de cette femme aveugle et sourde, née en 1911, toujours aux Pavillons-sous-Bois ? « Peut-être que certaines personnes ont signé sans trop savoir pourquoi... », reconnaît Michel Paulin, ancien conseiller municipal à Noisy-le-Grand et poursuivi pour falsification et manoeuvres frauduleuses de nature à fausser le scrutin.
Jérôme Charré