Dans son communiqué de presse du 4 mars 2009, le Parti Radical aulnaysien, a appelé « le maire
Gérard Ségura à réunir dans les plus brefs délais des professionnels (en matière de prévention et de sécurité) et toutes les sensibilités politiques pour mettre en place un nouveau schéma directeur de vidéosurveillance urbaine sur l’ensemble du territoire aulnaysien. ». Le blog « Aulnay Radical » précise que cet appel a été suscité par des agressions survenues dans un bus de la ligne 615B -Bobigny-Villepinte- et en centre-ville.
Après avoir expérimenté la vidéosurveillance dès les années 70, nos voisins d’Outre-Manche ont développé un programme de grande ampleur à partir du début des années 90. Avec plus de 4 millions de caméras installées, la Grande-Bretagne fait figure de leader mondial dans ce domaine. Or, la Chambre des Lords britannique a publié le 6 février dernier un rapport intitulé « Surveillance: Citizens and the State », qui porte sur la vidéosurveillance –Closed Circuit TeleVision- et la constitution d’un fichier ADN.
Le Figaro a fait état de ce rapport dans un article du même jour au titre évocateur: « «Big Brother»: les Lords anglais tirent l'alarme ».
Extrait de cet article sur les modalités de l’avènement d’une « société de surveillance »:
« Selon le document, l'avènement de cette « société de la surveillance » n'est pas causé par des personnes mal intentionnées, mais par « les effets cumulatifs de développements séparés qui ont été menés pour des motifs apparemment bénins ». Ces « effets » sont en premier lieu les nombreux développements technologiques que la Grande-Bretagne a adoptés sans véritable débat public. L'objectif du rapport est donc autant de faire le point sur le développement et l'efficacité de ces techniques que de « sonner le réveil » pour attirer l'attention de l'opinion sur ce sujet. »
Extrait de cet article sur l’efficacité de la vidéosurveillance:
« Selon un professeur auditionné, la vidéo-surveillance aurait un « impact très limité non seulement sur la réduction des crimes, mais tout autant sur la réduction de la peur du crime ». En clair, les rues britanniques ne seraient ni plus sûres ni plus « sécurisantes ». Un autre chercheur auditionné estime que les passants et notamment les femmes se sentent même moins en sécurité dans les lieux truffés de caméras. Le rapport cite également une méta-étude, qui souligne que sur 22 études menées, 11 mettaient en évidence un effet positif sur le crime, 5 un effet négatif et 6 un effet nul ou incertain. La CCTV (Closed-Circuit Television) aurait également des effets différents selon les délits et les lieux. Elle aurait ainsi beaucoup moins d'effet sur les violences aux personnes que sur les vols de voitures.
De même, pas d'effet notable dans les centres villes, mais une baisse des crimes dans les parkings. En clair, il n'est pas sûr que la CCTV ait plus d'effet sur la criminalité qu'un bon éclairage public, en termes de prévention, le rapport ne niant pas son utilité ponctuelle dans le cadre des enquêtes. Le rapport préconise donc une étude plus poussée sur son efficacité en termes de prévention, de détection et de résolution des crimes, ainsi que la mise en place d'une véritable régulation des caméras, qu'elles soient publiques ou privées.»
La « méta-étude » citée par Le Figaro a été publiée par une direction du Home Office –alter ego de notre Ministère de l’Intérieur- britannique en 2005. Elle fait apparaître que la vidéosurveillance n’est pas une arme absolue contre la délinquance et que sa mise en œuvre et son exploitation mobilisent des moyens humains et matériels importants.
L’hebdomadaire « Marianne » et le quotidien britannique « The Guardian » ont pour leur part pris résolument parti contre la vidéosurveillance.
Prenons donc garde à ne pas favoriser dans notre ville l’avènement de la « société de surveillance » pointée par les Lords de Sa Gracieuse Majesté et déterminons sans préjugés une politique de sécurité équilibrée.
10 Réponses à “La vidéosurveillance en question”
Un beau gâchis de fonds en perspective, il est étonnant que certains puissent encore croire que les caméras puissent être la panacée.
La présence de caméras dans le centre gare n’a jamais empêché les bandes de se réunir, par contre la présence de policiers à pieds oui (Je plaisante, le plus souvent ils passent très vite en voiture, sans girophare ni sirène, ils ne veulent pas avoir l’air de déranger je suppose)
Alors pas de solution pour les bus ?
Et bien si : Plus utile que le fourgon farci de contrôleur des heures creuses il y a le duo « Machiniste + Contrôleur », je sais, c’est un peu révolutionnaire pour une idée du début du 20e siècle.
Détail : Il est absurde que le Machiniste ait à tenir une caisse, alors qu’un bête monnayeur serait plus sécurisant.
Pour revenir aux caméras, elles seront très utile pour ajouter au procès verbal : « L’agresseur avait le visage masqué »
Concernant le vol de la caisse du bus 615 (il n’y a plus de ligne 615b depuis quelques temps déjà) dans la nuit de samedi à dimanche. Pour votre information les bus de la TRA sont équipés de la vidéo surveillance, et le bus en question en était équipé.
Y a t’il un rôle de prévention de la vidéo surveillance visiblement non, cela permettra t’il de faire avancer l’enquête de la police nationale, seul l’avenir nous le dira.
moi qui ait eu la charge d’installer la vidéo surveillance sait bien que cela n’est pas la panacée. je l’avais d’ailleurs écrit dans oxygène à l’époque. c’est un outil parmi d’autre qui a son efficacité dans certains lieux et sous certaines conditions. encore faut-il donc installer le système au bon endroit et le faire focntionner dans de bonnes conditions.
il ne faut pas avoir de religion dans ce domaine mais juste une limite : pas de caméras dans les zones exclusivement résidentielles (pavillons ou immeubles).
Merci Franck pour ce commentaire sans langue de bois, Certains blogs Aulnaysiens auraient du vous consulter avant d’écrire nimportnawak.
j’ai toujours préféré défendre bec et ongles mon point de vue plutôt que la langue de bois. je sais aussi être pragmatique, or dans ce dossier beaucoup font de l’idéologie. la vidéo est vraiment utile mais elle ne sait pas tout faire, comme n’importe quel autre outil technologique. c’est pourtant facile de le comprendre. la seule vraie discussion est quelle limite se fixe-t-on dans son implantation (cela pouvant aller de 0 à xxx). j’ai donné la mienne, elle est simple. il serait utile plutôt que chacun dise « j’aime, j’aime pas », « je veux ,je veux pas », que chacun décrive la sienne. c’est là qu’un accord est possible…
Merci pour la mesure de vos commentaires.
Il pourrait être utile de connaître le budget consacré à la vidéosurveillance dans notre ville ainsi que ses modalités de fonctionnement.
pour le budget voici les chiffres à quelques dizaines d’euros près :
investissement : environ 500 000 € pour le poste de commandement, le réseau de fibre et les 28 premières caméras.
entretien : environ 30 000 € par an
pour ce qui est des conditions de fonctionnement, elles sont fixées par la loi:
le local n’est accessible qu’au personnel assermenté.
l’assermentation est nominative et donné par le préfet.
les images sont cryptées et copiées sur un disque dur inaccessible.
seules les images regardées par des agents assermentés et cryptées sont valables sur le plan judiciaire.
les images sont conservées au plus un mois et sont automatiquement écrasées.
seules les images récupérées par la police ou la gendarmerie nationale dans le cadre d’une enquête sont conservées au delà de ce délai.
toutes les zones privées sont cachées de façon dynamique et inamovible sur les images.
toute personne a le droit de visualiser les images qui la concerne dans le cadre du droit à l’image.
je pense ne rien avoir oublié. je reste à votre disposition pour plus de renseignements!
Cher Franck,
Vous avez effectivement « oublié » quelques « dizaines d’Euros ». En effet le conseil municipal du 28 juin 2007 a voté un budget d’investissement de 1 million d’Euros par an pour la vidéo-surveillance (la municipalité comprenait 24 caméra à l’époque). Ce budget ne comprenais pas les frais de fonctionnement.
Pourquoi tentez-vous de minorer la réalité de votre investissement, et si vous n’avez pas investi les sommes dégagées, pourquoi cette reculade ?
Combien d’affaires ont-elles été réglées par ces caméras au budget qui n’est tout de même pas négligeable ? Il me semble que cela n’a eu d’utilité judiciaire seulement pour deux affaires. Confirmez-vous cela ? Avec ce budget, combien de postes de policier de proximité peuvent être crées ?
Combien de personnes ont-elles fait valoir leur « droit à l’image » et comment sait on que l’on a été filmé ?
Hervé vous confondez deux choses :
le système actuellement installé coute ce que j’ai dit.
par ailleurs nous avons effectivement voté une enveloppe d’1 million par an en juin 2007. cela devait servir à l’extension du réseau. cette extension comprenait notamment les travaux de cablage les plus couteux (relier balagny ou chanteloup ou le commissariat au reste du réseau de fibre. ces travaux sont très lourds. mais ils sont aussi utile comme boucle pour la voix et les datas, ce qui fait par ailleurs des économies.
l’extension visait la surveillance des équipements municipaux, principalement les sites sportifs, puis les grands carrefours routiers de la ville, une bonne trentaine de caméra si je me souviens bien.
la réalité est donc clair. je vois mal comment je pourrais reculé sur quelque chose qui n’a pas été engagée, changement de majorité oblige. l’actuelle majorité n’a rien poursuivi, je ne crois pas qu’on puisse m’en tenir responsable.
pour ce qui est du règlement d' »affaires », je vous donne en vrac ce dont je me souviens :
une affaire de stupéfiant dans le parc Dumont (l’individu planquait la marchandise dans ses talons)
une affaire de tags dans le souterrain de la gare
une affaire d’agression d’un prof devant le collège De Pisan
une affaire d’incendie de magasin, rue de Pimodan
une affaire de dégradation de locaux municipaux sur la place Laennec
une affaire d’affichage diffamatoire dans le souterrain de la gare
pour les suites judiciaires, ce sont les services de police et les plaignants qui pourrait dire si cela a été concluant.
je rappelle tout de même que c’est avant tout un moyen de dissuasion,il doit éviter les incidents. dans ce cadre, l’outil aplutôt donné de bons résultats sur certains lieux. ce fut par exemple le cas du parking Dumont pour lequel nosu avions sans cesse des plaintes pour casse de vitres de voiture. après la vidéo, plus rien. toutefois, cela n’a pas été le cas partout, ce n’est pas un outil « miracle » mais juste un outil.
on ne peut pas comparer cela à des policiers. un investissement, c’est ponctuel et cela s’amortit. les policiers reçoivent un salaire et vous avez combien la masse salariale à Aulnay est déjà forte. les caméras fonctionnement 24h/24 alors qu’il faut 3 policiers pour couvrir 24h. à environ 30 000 € par an (charges comprises), faites le calcul. enfin ce que l’oeil humain loupe dans ce type d’affaire et irrécupérable, la caméra elle même si elle ne sait pas ce qu’elle voit, l’a bien enregistré, ce qui permet justement une exploitation ultérieure au fait. très très grande différence.
enfin je n’ai pas la réponse à votre question concernant le droit à l’image. mais des panneaux aux entrées de la ville stipule ce droit.
rien n’est donc ni minoré ni caché, la question de Jean-Marc portait sur le budget consacré, donc celui déjà engagé, le reste ne l’est pas par l’actuelle majorité. cela est-il clair ?
Pour poursuivre la réflexion sur le fond du dossier, je vous propose de lire une étude de l’institut d’aménagement et d’urbanisme que j’ai mis en ligne sur mon blog :
http://alainamedro.rsfblog.org/archive/2009/03/20/video-surveillance-comprendre-les-enjeux.html
Bien cordialement
Alain Amédro