Tandis que le maire d'Aulnay, après avoir laissé croire qu'il avait concerté les habitants, essaye de politiser le débat, l'affaire revient ce matin comme un sparadrap autoritaire dans la revue de Presse de Claude Askolovich sur France-Inter:
On parle d'une rue...
Qui va changer de nom, à Aulnay-sous-Bois, Seine-Saint-Denis, elle s'appelait Maxime Gorki, écrivain russe, elle s'appellera Jacques Chirac, Président français, mais dans cette rue pavillonnaire nous dit le Parisien, ça coince et ça fronde jusqu'au tribunal administratif, parce qu'une adresse, c'est comme un nom de famille, il va falloir changer les papiers des impôts et de la sécu! La mairie promet qu'elle prendra à sa charge les frais administratifs... Mais un adjoint au maire est allé rappeler dans un communiqué que Maxime Gorki avait fait partie de "la nomenklatura soviétique sous Staline"... Et oui bien sûr, c'était de la politique.
Aulnay est gouvernée à droite mais autrefois fut rose et rouge, et la rue Gorki fut baptisée en 1936, l'année du Front populaire et de la mort de l'écrivain russe, auquel notre grand André Gide avait rendu hommage lors de ses funérailles à Moscou, au commencement d'un séjour en URSS dont il ramènerait un livre terrible pour le régime... Toute une époque, peut-on la saisir aujourd'hui.
Gorki était un écrivain du petit peuple russe, qu'il avait aimé chez lui et aussi en exil, sous le Tzar quand il était un révolutionnaire, puis sous Lénine quand il était un trop libre écrivain. Son pays lui manquait, il était revenu séduit par Staline qui l'avait emprisonné d'honneurs avant sans doute de le tuer mais de porter son cercueil, Gorki était plus commode en icône: ce sont des histoires qu'on apprend dans des vieux journaux, je vous mettrai les liens, cela se termine dans une annulation de banlieue parisienne, la cancel culture n'est pas plus brillante à droite qu'à gauche. Qu'en aurait pensé Chirac, qui aimait le russe.