A vous la parole

Attentat du 13 novembre, un autre lecteur s’insurge contre la cérémonie de la majorité municipale

15 novembre, 2025 à 8:40 | Posté par

Un autre témoignage de ce que beaucoup d'aulnaysiens ressentent avec cet hommage aux victimes fait entre soi :

« Dix-sept élus, des bougies et l’odeur nauséabonde de la récupération. À Aulnay, la mémoire des victimes du Bataclan se commémore désormais en comité restreint, comme un secret d’État. Bruno Beschizza et ses plus loyaux briscards ont inventé la cérémonie à l’entre-soi : sans habitants, sans opposition, sans dignité. La République, elle, se vit debout et ensemble. »

« La commémoration en comité restreint, ou l’art de confisquer le deuil »

Le maire Bruno Beschizza (LR) a offert une masterclass en communication politique : comment transformer un hommage aux victimes du Bataclan en exercice de propagande municipale, sans le peuple, sans l’opposition, et surtout sans gêne.

Dix-sept. Un maire et seize fidèles, alignés comme les derniers grognards de Napoléon, à la veille de Waterloo, au garde-à-vous, bien sûr : quand on a si peu de convictions, il faut au moins montrer qu’on sait obéir. Devant des bougies allumées à la hâte. Ces survivants d’une armée en déroute, serrés les uns contre les autres, plus par peur du naufrage  que par solidarité. Ils ne tremblent pas pour les victimes du Bataclan, mais pour leur propre survie en mars prochain — quand les urnes sonneront la charge.  Un dernier baroud d'honneur en quelque sorte, aussi maladroit que pathétique. 

Où étaient les 27 autres ? Absents, bien sûr. Trop occupés à bouder, à râler contre l’idée même de cette cérémonie improvisée, ou peut-être tout simplement indifférents ? À moins qu’ils n’aient été purement et simplement interdits d’apparaître, jugés trop insignifiants pour figurer parmi les grands de la hiérarchie Beschizzienne. . Peu importe : l’essentiel était de montrer que la mémoire, à Aulnay, se gère en petit comité, entre initiés, comme un privilège de caste.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : une appropriation indécente. La mémoire des victimes du Bataclan n’appartient à personne, surtout pas à une poignée d’élus qui croient pouvoir en disposer comme d’un fonds de commerce électoral. Où étaient les Aulnaysiens ? Où étaient les associations, les familles, les simples citoyens ? Et l'opposition ? Exclus, ignorés, comme si le deuil était une affaire de clan, une messe basse entre mercenaires de la politique locale.

Et que dire de cette mise en scène grotesque ? Dix-sept personnes, « au garde-à-vous », comme si la solennité se mesurait au nombre de talons qui claquent ; telle une garde prétorienne, veillant sur les cendres d’un empire en déliquescence. La République ne se commémore pas dans l’exclusion : elle se vit debout, unie.

Bruno Beschizza et son entourage restreint ont réussi un exploit : faire d’un hommage un outrage. À la mémoire des victimes, d’abord, qu’on instrumentalise sans pudeur. À la démocratie, ensuite, qu’on méprise en confisquant l’espace public. Et à l’intelligence des Aulnaysiens, enfin, qu’on prend pour des imbéciles, capables d’avaler n’importe quelle mascarade pourvu qu’on y agite des bougies et des drapeaux.

On aurait cru voir une cour royale, un vestige de l’Ancien Régime, celui d’avant la Révolution française — et sa chute de la monarchie —, où l’on ne commémore qu’entre initiés, où l’on ne pleure qu’entre soi. . La République, elle, n’a que faire des hiérarchies : elle s’incarne dans le rassemblement, ou pas du tout.

La prochaine fois, messieurs les élus, si vous voulez vraiment honorer les victimes, commencez par respecter ceux qui les pleurent. Ou alors assumez : vous ne commémorerez rien, vous ne faites que vous commémorer vous-mêmes.

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