Photo : Midi libre
Épaulé par son avocat, Maître Antoine Vey [son ancien avocat, Maître Dupont-Moretti étant devenu Ministre de la Justice], le jeune homme s’est confié au Parisien à l’approche du procès aux assises de trois des quatre policiers qui ont participé à son interpellation.(...)
Pour le jeune homme, franchir les limites de sa maison d’Aulnay-sous-Bois est une épreuve. Même chaperonné par sa sœur Éléonore, se rendre chez Maître Antoine Vey, relève aussi de l’exploit.(...)
Je ne veux pas faire le procès de la police. Il y a sept ans, ce ne sont pas des policiers normaux auxquels j’ai eu affaire. Je ne pense pas que l’IGPN (la police des polices) puisse considérer ces individus comme des policiers. (...) Même après le procès, qu’ils s’en sortent libres ou détenus, ils m’auront toujours violé. Je veux que ma parole soit prise en compte.
Dans ce quartier de Seine-Saint-Denis qui se méfie autant de la police que des médias, Hadama Traoré a accepté de jouer les facilitateurs. Après l’interpellation controversée de Théo Luhaka en février 2017, blessé d’un coup de matraque dans les fesses, il avait mené deux mois de mobilisation tous les vendredis devant le commissariat d’Aulnay-sous-Bois. (...)« On s’en rappelle comme si c’était hier, c’était un jeune des 3 000, lâchent Malik, 21 ans, et Mamadou, 19 ans, collégiens à l’époque. "Les policiers, Ils sont dans la provoc. Ils nous disent : Passe le bonjour à Théo. Ou alors : On va vous faire comme à Nahel. » Selon eux, il y a un avant et un après Théo aux 3 000. Le quartier s’était échauffé les nuits suivantes, et les relations entre la police et les jeunes demeurent difficiles. (...) « Les policiers, ils ne sont pas tous pareils, mais certains abusent de leur pouvoir », déplore Maïa (le prénom a été changé), 14 ans.