Livres, Point de vue, Religion, Seine-Saint-Denis

« Inch’Allah », les critiques et notre point de vue

26 octobre, 2018 à 17:34 | Posté par

Article du Bondyblog critiquant le livre dirigé par Davet et Lhomme

Nous avons relaté sur ce blog à deux reprises la publication du livre-enquête dirigé par le célèbre duo Fabrice Lhomme et Gérard Davet ("les deux tombeurs de François Hollande" comme les appelle Libération). En effet, ce livre nous intéresse à plusieurs titres car nous y sommes cités mais aussi, celui-ci fait des révélations très intéressantes sur les tractations clientélistes cachées des maires d'Aulnay avec l'EMJF. Nous avons ainsi pu laisser penser que cet ouvrage était exempt de critiques. Pourtant il n'en est rien dans notre esprit et nous tenons à rectifier cette première image.

L'enseignante blessée injustement

La première critique est venue de Véronique Decker, l'enseignante de Saint Denis qui relate dans le livre les manifestations d'un islam très revendicatif à son travail. Sur Médiapart, elle qualifie le livre de "méprisant et méprisable" et on la comprend même si on ne l'approuve pas forcément. En effet, l'ouvrage prend la grande maladresse de qualifier cette femme de "croisée de la laïcité" oubliant les connotations religieuses de cet oxymore qui devient essentialiste donc insultant pour une femme au parcours aussi diversifié qu'exceptionnel. L'enseignante qualifie en retour le livre de "buzz malveillant à des fins politiques et commerciales", et la pique n'est pas dénuée de fondements. Le choix du titre "racoleur" (selon les propres mots du duo de journalistes) et de la première anecdote de ce livre (le supposé barbecue islamisé de la PJ, dénué de contexte et fragilisé par des nouveaux témoignages) apportent de l'eau au moulin de cette thèse. Personnellement, le choix du titre de ce livre nous mets profondément mal à l'aise. Quand à Mme Decker, elle nuance ses propos issus du livre mais les confirme tout de même. Quoi qu'il en soit, son texte reste celui d'une femme, qui par maladresse des auteurs, est blessée injustement.

Le Bondyblog tente de tracer un chemin pertinent mais termine par une sortie de route

Le Bondyblog, hier, a produit aussi une critique dont nous partageons de nombreux points. Celle qui m'est revenue le plus est la continuelle utilisation du terme stigmatisant de "9-3" au fil des pages. Pourquoi ne pas avoir utilisé plus souvent 'Seine-Saint-Denis', 'séquanodyonisen' ou '93' ? Une autre critique est la focale du livre, qui n'est pas dite, sur la branche sunnite voire wahhabite de l'islam. Cela aurait mérité pour une meilleure compréhension quelques explications et une présentation des autres branches de l'islam souvent plus éloignées des revendications politiques, même si ce n'était pas le sujet principal du livre. Il est aussi dommage que les jeunes journalistes n'aient "pas souhaité donner suite" aux demandes d'interview du Bondyblog. Mais on comprendra cependant, au moment où débute leur carrière, leur volonté de ne pas s'attirer les foudres des deux piliers de la profession qui les ont encadrés. Là où le Bondyblog fait une sortie de piste à notre sens, c'est quand il se questionne sur la possible islamophobie des auteurs. Car pour les rédacteurs "la méthode employée amène à se demander si, pour les auteurs, l’islam ne serait pas vu comme un problème". Cette sempiternelle critique adressée à qui ose critiquer le dérapage de certains aspects de l'islam est lassante. En guise de réponse nous renvoyons la question tout aussi maladroite et provocante que la leur "et si pour les auteurs de cet article, ceux qui oseraient critiquer des pratiques faites au nom de l'islam, ne seraient pas vus comme un problème ?".

Un livre parfois maladroit mais profondément utile

Malgré toutes ces critiques souvent justifiées, cet ouvrage est un recueil unique qui, pour une fois, tente de se départir des récupérations politiciennes, aux arrières pensées souvent xénophobes ou communautaristes, qui forgent habituellement le prisme sur ces questions. Le livre renvoie les tenants d'une récupération dos à dos en expliquant, par exemple, que le salafisme se nourrit des thèses de rupture comme le débat sur l'identité nationale. Il évoque les habitants de certains quartiers, qui face à la démission de l’État, sont mis devant le dilemme de l'école confessionnelle ou la rue pour leurs enfants. Il précise, même si les maladresses n'aident pas forcément, qu'il ne doit pas être fait d'amalgames entre pratique rigoriste de l'islam et terrorisme. Il participe même à tordre le coup à plusieurs idées reçues qui font le lit de certains polémistes aux relents xénophobes. Enfin ce livre est critiqué par nombre de politiciens car justement, ceux-ci se voient mis à nus par leur double discours, leur clientélisme et leur aveuglement volontaire.

Sortir de notre "entre-sois"

Les critiques soulevées et justifiées sont nombreuses. Pour autant, celles-ci relèvent trop de personnes qui, comme nous, passons l'essentiel de notre temps dans cet environnement singulier qu'est notre département auquel nous sommes attachés. Nous nous rendons pas forcément compte à quel point notre département est si différend des autres. Qui d'entre nous n'est pas régulièrement sidéré, en ne faisant parfois que quelques kilomètres, de se retrouver parmi des gens amputés de toute diversité? Par un chemin inverse, ces étudiants, ont fait l'effort de dresser un portrait parfois maladroit mais sérieux - et qui semble honnête - d'un département dont ils n'avaient au départ pas vraiment connaissance en tentant avec la plus grande énergie, pas toujours avec succès mais de façon apparamment sincère, de se débarrasser de leurs a priori. L’exercice, ô combien difficile sur ce sujet, est à saluer et c'est à nous, séquanodyonisiens, de tenter en retour de comprendre le regard de ceux qui ne nous ne nous ressemblent pas forcément. Car décaler le regard est toujours enrichissant.

Et vous chers lecteurs, qu'en avez-vous pensé?

NDLR: L'utilisation de la première personne du pluriel a été, à chaque occurrence de cet article, écrite en accord avec Jean-Louis Karkides

5 Réponses à “« Inch’Allah », les critiques et notre point de vue”

Article très inspiré d’un article lu dans le monde il y a 2 jours de cela.
A part ça…..

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Je n’ai pas lu d’article du Monde à ce sujet. A moins d’avoir une vision extralucide, je vois difficilement comment j’aurais fait. De quel article parlez-vous que j’aille voir au moins?

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Je recherche sur le site du Monde et sur la liste des articles du journal, mais je ne trouve pas d’article sur ce sujet. Je serais intéressé pour savoir qui vous a glissé cette fausse info dans l’oreille car ce n’est pas la seule intox qui court sur moi depuis ces jours-ci. Pourquoi utiliser ces méthodes?

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Jean-Louis Karkides | 26 octobre, 2018 à 23 h 30 min

Anne, faites un copier-coller de l’article, rien de plus facile ou peut être ne cherchez vous qu’à diffuser des fakes

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A lire, cela dénote l’etat d’esprit de ces « escrocs » littéraires
https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/inchallah-la-secretaire-de-paris-8-denonce-une-manipulation-et-un-abus-de-confiance

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