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Danièle Bridot- Richer écrivain public et poète aulnaysienne.

14 septembre, 2015 à 22:35 | Posté par

Il y aurait tant à dire sur la vie de Danièle, ses douleurs et l'amour des autres qu'elle a au fond du coeur. Grâce à la Confédération Syndicale des Familles (présente au forum), elle a pu obtenir une subvention de la fondation Abbé Pierre lui permettant d'éditer ce recueil de poèmes. Présidente de l'amicale des habitants de la cité de l'Europe, elle qui se dit aimer avant tout la campagne montre dans beaucoup de ses écrits son amour de l'autre. Cela nous change de tout ce qu'on peut dire sur notre cité et ses habitants. Voici un poème bien d'actualité et nous ne nous priverons pas de vous en offrir d'autres.

Exilé

Immigré tu as cru trouver le grand bonheurIMG_20150912_111952[1]
Et dans cet espoir, tu as laissé ton coeur
Aujourd'hui, tu as vieilli, tu es usé
Tu es fatigué. Le pain t'as parfois manqué
Tu pleures tant en pensant à ta terre natale
Ton coeur saigne, tu as trop souvent très mal
Tes pensées voyagent, tu voudrais l'idéal
Le soleil de là bas, ta famille près de toi
Le travail, le salaire d'ici ainsi que le toit.

Je connais bien ta douleur, immigré
J'ai quitté la région où je suis née
Hier, j'ai souhaité fuir, m'exiler
J'étais jeune, je croyais que Paris
Etait la ville rêvée, le paradis
Par fierté jamais je n'ai avoué
Que je m'étais planté, que je pleurais

Aujourd'hui, je suis alors partagée
Entre le passé si regretté
Et le présent si dur à supporter
Là bas, maintenant, il n'y a rien d'assuré
Plus de travail, plus de famille installée
Aucune relation, plus d'amitié
Mes enfants sont là, je ne peux donc que rester
Dans cette cité si difficile à endurer
Quand tu viens d'un trou perdu, si retiré
Où les habitations sont très isolées
Dans ce monde si pressé, si entassé;
Tu es effrayé, déconnecté, étouffé.

Mon coeur saigne comme le tien, immigré
Je souffre des mêmes maux, je lis dans tes pensées
Je cours après mon passé, comme toi étranger
Je rêve du même idéal, utopique, mais..
Au plus profond de toi, sans te fréquenter
Je ressens les mêmes douleurs d'abandonné
J'ai les mêmes voeux si durs à réaliser
Que toi, mon semblable exilé, mon allié.

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