"L'inquiétude grandit autour du site PSA Peugeot Citroën à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), les syndicats et les élus locaux craignant l'annonce dès juillet de la fermeture de cet établissement, depuis longtemps menacé, qui emploie encore plus de 3.000 salariés.
L'avenir de l'usine fait l'objet mardi d'une rencontre entre le président du directoire de PSA Philippe Varin et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
Le constructeur automobile ne faisait aucun commentaire sur ce rendez-vous et le ministère n'était pas joignable en fin de matinée.
M. Montebourg avait déjà rencontré la veille lors d'une table ronde les différentes parties: syndicats, élus locaux -dont le maire d'Aulnay- et la direction de PSA représentée par son directeur industriel Denis Martin.
A sa sortie, le maire d'Aulnay et les représentants syndicaux se sont montrés inquiets. "La direction du groupe a indiqué très clairement et peut-être pour la première fois aussi clairement qu'elle n'avait pas de solution à la situation automobile, des usines françaises et en particulier d'Aulnay", a déploré l'élu socialiste, Gérard Ségura.
"Nous avons une extrême crainte que soit annoncée fin juillet (le 25, ndlr), lors de la présentation des résultats du groupe, la probable fermeture" de l'usine, a-t-il ajouté.
Le président PS du conseil général et député de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone, qui a assisté à cette réunion, s'est dit "très préoccupé". "J'espère qu'on va éviter" la fermeture, "mais vraiment, hier (lundi), nous sommes partis préoccupés", a-t-il déclaré.
Des recherches d'économies
L'enjeu est énorme pour la Seine-Saint-Denis, où PSA est l'un des plus gros employeurs. Le chômage y est déjà élevé (11,9% au 4e trimestre 2011, contre 9,4% en France métropolitaine) et la filière automobile représente près de 9.000 emplois dans le département.
"Au travers de tout ce qu'il nous a dit, on sent que la fermeture va arriver", a renchéri Tanja Sussest, secrétaire du comité d'entreprise d'Aulnay et représentante du syndicat maison, le SIA.
Les 3.300 salariés (dont 300 intérimaires) du site attendent d'être fixés sur leur sort depuis un an. La CGT avait dévoilé en juin 2011 un document interne prévoyant la fin d'Aulnay en 2014. Depuis, la direction a répété à moult reprises que ce projet était caduc, mais refuse de s'engager par écrit sur l'avenir de l'usine, où sont produites actuellement les Citroën C3.
"La question est posée après 2014 et je ne peux pas vous en dire plus", a encore glissé Frédéric Banzet, directeur de la marque Citroën, mardi à quelques journalistes.
La direction "nous dit qu'il reste 450.000 C3 à produire. Où comptent-ils les produire? Ils ne répondent pas", a dénoncé Jean-Pierre Mercier de la CGT.
Ce dernier a dit craindre une réduction progressive du nombre de salariés à Aulnay, avec le passage de deux à une équipe. La fin de vie de la C3, aussi fabriquée dans l'usine de Poissy (Yvelines), proche d'Aulnay, est pourtant programmée pour 2016.
"Cela fait longtemps que PSA veut fermer Aulnay", a commenté Bertrand Rakoto, analyste chez Polk, notant qu'"il n'y a pas eu d'investissements importants", contrairement à ce qui a été fait dans d'autres usines du groupe.
"PSA a besoin de réduire la voilure", a rappelé l'analyste. Le groupe, qui traverse une passe difficile, a renforcé cette année son plan d'économies.
La situation l'a aussi amené à se rapprocher du géant américain General Motors, avec qui il va développer des voitures en 2016.
Les représentants des salariés espèrent en savoir plus lors d'un comité de groupe européen, qui se tiendra au siège de PSA le 28 juin, normalement en présence de M. Varin, et qui sera précédé la veille d'un comité de liaison."
Source et image : Le Parisien