Culture

Algérie, Gaza, Tunisie, Islam, Libre pensée : compte-rendu de la réunion avec Tahar Bekri à Aulnay-sous-Bois

12 avril, 2012 à 18:00 | Posté par

Le 24 mars 2012, Tahar Bekri s'était rendu au Foyer Dumont pour une rencontre entre lecteurs autour des œuvres et des pensées du poète tunisien. André Cuzon, membre de l'association Les Amis d'André Laude, nous a remis un compte-rendu complet de cette réunion, document que vous pouvez récupérer en cliquant ici ou sur l'image ci-contre.

Plusieurs élus avaient fait le déplacement pour rencontrer M. Bekri : Giséla Michel, Raoul Mercier et Roland Gallosi.

Le premier sujet abordé fut le libre "Salam Gaza": Tahar Bekri, qui a écrit ce livre après un voyage et des lectures en Palestine, en fit un résumé :

"« L’ouvrage « Salam Gaza » paru à Tunis, et dont j’avais commencé l’écriture lors de la guerre contre Gaza, en décembre 2008, rassemble aussi mes carnets de voyage en Palestine en 2009. La visite des Territoires occupés, à Ramallah, Jérusalem-Est, Naplouse et Bir Zeit m’a convaincu qu’il n’y aura pas de « printemps arabe » sans un printemps palestinien. L’occupation de la Palestine est la blessure sur le corps arabe. Notre Histoire est la même et notre destinée est la même. Tout créateur arabe digne de ce nom ne peut faire l’autruche. Mais il serait de courte vue de limiter cela aux Arabes ou aux Musulmans, car il s’agit de l’Humanité entière et de notre combat pour les valeurs morales de l’Histoire. La souffrance humaine n’est pas spécifique ou réservée à un peuple. La cause des Palestiniens, qui ont droit à une vie libre et digne comme tous les peuples, est une cause universelle. J’ai essayé avec «Salam Gaza » de porter ma voix jusqu’à la surdité européenne ou occidentale. Comme poète, je suis persuadé que contribuer à révéler la vérité ne serait-ce qu’un peu, est un devoir éthique. ""

Le deuxième sujet abordé fut l'oeuvre plus récente "Je te nomme Tunisie", écrite avant et après l’immolation de Mohamed Bouazizi, déclencheur de la révolution :

"J'ai commencé la rédaction de Je te nomme Tunisie il y a des mois, au Pouldu, en Bretagne en face de l'Île de Groix où Bourguiba a été emprisonné pendant la période coloniale. Même en Bretagne je suis en Tunisie. Même si ce n'est pas une présence physique, j'y emporte ceux que j'aime.

Nommer c’est s’adresser à un être aimé.

L’immolation par le feu de Bouazizi semble constituer cette ligne de démarcation qui tranche entre le contemplatif et l’éveil. Le réveil de la Tunisie révoltée se voulant renaissance met fin à l’exil du poète et le rend à la réalité d’un ici-maintenant au comble de l’exaltation."

Les œuvres abordées ont découlé sur un débat qui a touché les thèmes suivants :

 L'islam et la modernisation

"L’islam est évoqué par l’auteur qui souligne sa nécessaire « modernisation ».

Il évoque la « laïcité » comme un concept français lié aux lois de séparation de l’église et de l’état, qui résonne mal pour les peuples du Maghreb, qui l’assimile à l’athéisme.

Un ami tunisien Hedi évoque la forte imprégnation religieuse en Tunisie et dans les pays arabes.

Un autre ami rappelle le fait que la « liberté religieuse » n’a été acté par les catholiques qu’au Concile Vatican 2, il y a juste 50 ans.

Il rappelle la pose de la première pierre récente d’une mosquée à Aulnay en présence des représentants des différentes communautés religieuses et même des « libres penseurs » et ajoute « la laïcité c’est d’abord la liberté de penser ».

On pourrait dire Liberté au lieu de Laïcité."

La langue : le français ou l'arabe ?

"Tahar ... imagine un thème, un sujet, une image, une fleur ou un oiseau…

La question de la culture de la paix et de la non-violence est posée.

 ...

Tahar Bekri répond que la culture doit être la réponse. L’art, la beauté sont les réponses.

Malheureusement aujourd’hui on voudrait à l’université où je suis professeur d’arabe, limiter l’enseignement de l’arabe sans parler de civilisation arabe, comme si une langue était juste un moyen de commerce.

Toutes les langues sont des cultures et sont à préserver."

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