L'idée d'un « Grand Paris » englobant la capitale et les communes alentour dans un rayon très variable refait régulièrement surface. Dès son arrivée aux manettes en 2001, le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, a engagé une politique des petits pas pour tisser des liens, parfois des partenariats, avec les collectivités territoriales situées de l'autre côté du périphérique. Jusque-là, la capitale vivait dans un splendide isolement : 29 communes et 3 départements touchent Paris, mais c'était chacun chez soi ...
Après l’initiative de Bertrand Delanoë, qui, en juillet 2006, a créé la Conférence Métropolitaine -une instance informelle de concertation regroupant des élus parisiens et de banlieue-, Nicolas Sarkozy, sitôt élu, a souhaité, lors d’un discours prononcé lors de pour l'inauguration de la Cité de l'architecture et du patrimoine au palais de Chaillot, « un nouveau projet d'aménagement global du Grand Paris ».
L’enjeu est de taille, il s’agit, à l’échelle d’un bassin de vie de plus de 6 millions d’habitants, représentant la zone dense de la Région Île-de-France, de favoriser l’équité sociale et territoriale (enseignement, emplois, culture et loisirs), d’anticiper le changement climatique, de contribuer à la protection de l’environnement (transports, logements) et de développer le rayonnement international de la métropole parisienne (concurrence de Londres, Berlin ou Milan).
Parallèlement à la conférence métroplitaine et aux débats sur le « Grand Paris », se déroule actuellement l’enquête publique (15 octobre au 8 décembre 2007) sur la révision du SDRIF.
Le Schéma Directeur de la Région Île-de-France, s’il est adopté, doit dessiner pour les 20 années à venir, les défis majeurs de notre cadre de vie importants à relever.
Logements, environnement, développement durable, transports en commun, le SDRIF a mis en exergue ces problématiques sans pour autant apporter de réponse satisfaisante aux habitants de la première couronne.
Dans le domaine des transports, le projet Métrophérique n’est pas abordé et les projets de prolongement des lignes de métro sont peu ambitieux, eut égard aux saturation rencontrées depuis longtemps sur les lignes 13, 4 du métro et B du RER. En revanche, le maire de Paris, pesant dans la balance plus que tous les maires de banlieue réunis, a obtenu la poursuite du chantier du tramway parisien. L'Etat de son côté impose son CDG (Charles de Gaule)-Express sur les sillons existants au détriment des banlieusards.
Dans le domaine du logement, le SDRIF fixe à la Région IdF, un objectif de 30 % de logements sociaux. Cela revient à dire que, sur les 60 000 logements à construire par an, pendant 20 ans, en Île-de-France, 53% seront des logements sociaux. Le SDRIF fait le choix de « construire, la ville sur la ville » et de la « densification » afin d’éviter « l’étalement urbain ».
Cet objectif est en contradiction avec les souhaits des habitants de la première couronne qui souffrent d’un déficit cruel d’espaces verts (à Saint-Ouen, par exemple, il y a moins de 3m2 d’espaces verts par habitant contre 50 m2 au Plessis-Robinson et 20 m2 recommandés par le CG93).
En outre, le 93, avec un doublement effectif du nombre de construction de logements sociaux dans le département pendant 20 ans, continuera à supporter la demande croissante de logements sociaux dans la Région. Bref, on est loin de réduire la ségrégation territoriale et sociale tant décriée …
L'Etat doit-il piloter la rénovation urbaine sans prévoir les transports en communs ?
la Région et le STIF (syndicat des transports de l’Île-de-France) doivent-il décider pour l’agglomération, sans que, au plus près, dans les départements et les villes, le dossier transport soit discuté, et au final, jouer seule face au poids de Paris, des départements de la petite couronne et des communes qui les composent ?
Pour beaucoup, le « Grand Paris », c’est à dire une nouvelle collectivité territoriale, dotée de compétences propres, à l’échelle des 6 millions d’habitants de Paris et de sa banlieue la plus proche, pourrait être la solution.
Cette nouvelle collectivité, peut importe qu’on la nomme « Grand Paris » ou « Paris Métropole » permettrait d’avoir une vue plus globale et surtout équitable, de tous les intérêts qui, jusqu’à lors, s’opposent dans le développement de notre métropole.
- Dans le domaine économique, sans pour autant freiner le développement de La Défense, elle devrait permettre un rééquilibrage vers l’Est en harmonisant le taux de Taxe Professionnelle.
- Dans le domaine des transports, elle devrait permettre un rééquilibrage au bénéfice de la Banlieue en finançant rapidement les prolongements des lignes 4 et 13 au nord de Paris ainsi que le projet de métrophérique.
- Dans le domaine du logement, l’effort en logement social serait plus équitable : par exemple en favorisant l’accession à la propriété là où il est quasi inexistant et en construisant du logement social là où il y en a peu voire pas.
Quelle est l’échelle de ce « Grand Paris » ?
- Paris et les 29 communes limitrophes ?
- L'ancien département de la Seine ?
- Paris, les communes, les intercommunalités à fiscalité propre et les départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne ?
- Si la limite des 3 départements de la petite couronne est dépassée, jusqu’où aller ?
- Les opposants au « Grand Paris » répondent, jusqu’aux limites de la Région … Passer derrière les quatre villes nouvelles est aussi une possibilité.
Aujourd’hui, une telle collectivité de plein exercice se heurte à la répartition des pouvoirs entre les différents élus locaux (maire de Paris, maires des communes limitrophes, présidents des intercommunalités, présidents des Conseils Généraux, président du Conseil régional) et au financement de cette nouvelle structure.
C’est pourquoi, il est essentiel de rappeler ici les trois principaux scénarios qui semblent sur la table actuellement :
Le premier projet qui a réactivé le débat est porté par le maire de Paris.
Bertrand Delanoë a initié il y a plus d’un an la Conférence Métropolitaine. Le 5 décembre dernier à Vincennes, ses membres ont adopté le principe de la tenue d'assises de l'agglomération Parisienne, en juin 2008, à l'issue des élections municipales.
L’idée serait de créer une nouvelle communauté d'agglomération regroupant Paris et les villes de la première couronne. Il est probable que dans cette logique, il souhaite bénéficier des aides que l’Etat alloue aux autres communautés d’agglomération françaises. Compte tenu de sa taille, on estime que cela représenterait pour celui-ci une charge supplémentaire de 500 millions d’euros par an.
Il y a ensuite, le projet plus récent qui est porté par Philippe Dallier (sénateur UMP de Seine-Saint-Denis).
Il vise à la fusion des 3 départements périphériques (92, 93, 94) avec celui de Paris au profit de la constitution d’une nouvelle collectivité locale, dotée de compétences nouvelles : en matière de développement économique, de transport de logements et de sécurité.
Dans ce scénario, les compétences restantes seraient éclatées entre la Région et les communes qui se trouveraient ainsi renforcées.
Philippe Dallier ajoute que les citoyens auraient un lien direct avec les futurs élus du « Grand Paris » par le biais d’élections directes –scrutin d’arrondissement avec des cantons élargis-.Les conseillers éliraient ensuite un président du « Grand Paris ».
Tout l’enjeu de ce projet réside dans le fait de faire mieux sans pour autant dépenser plus en supprimant un échelon administratif inutile à ses yeux, compte tenu de la spécificité francilienne : Les départements de Paris et de la petite couronne.
Enfin, Le troisième projet est celui d’un développement multipolaire ou en « marguerite », avec en son centre Paris et en périphérie des grosses intercommunalités. C’est en particulier le modèle défendu par Patrick Braouezec le président de Plaine Commune.
Pour les citoyens, une autre question se pose également : celle de l’identité et de la légitimité d’un tel territoire aux yeux de ses habitants. Cette dernière notion n’est pas la moins importante.Tant que les habitants du « Grand Paris » ne partageront pas le sentiment d’appartenir à une même métropole, rien ne pourra avancer sur ce dossier. C’est pourquoi il est important que les citoyens se saisissent de ce dossier.
Le « Grand Paris », c’est pour vous, c’est votre cadre de vie et surtout celui de vos enfants. Il faut qu’à côté des politiques et des institutionnels, les citoyens s’expriment et participent au débat. C’est dans cet esprit que lesaudoniens.com ont ouvert le débat sur leur blog et organisé la réunion débat du 12 décembre prochain.
La réunion-débat aura lieu de 19h30 à 21h30 à Saint-Ouen au CAP'J, 42 av Gabriel Péri, de, à 2 minutes à pieds du M°Garibaldi. Parisiens, banlieusards, l’occasion de « franchir » les murs qui nous séparent parfois. ;-))
Les participants, invités par lesaudoniens.com, sont les suivants :
- Philippe Dallier, sénateur-maire des Pavillons-sous-Bois (93), chargé d'un rapport d’information sur « La gouvernance en Île-de-France : quel avenir pour le Grand Paris ? » ;
- Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris en charge des relations avec les collectivités territoriales d’Île-de-France ;
- Jacqueline Rouillon, maire de Saint-Ouen, conseillère générale, membre du secrétariat de la conférence métropolitaine ;
- Bruno Le Roux, député de 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis ;
- Francis Godard, adjoint au maire de Saint-Ouen en charge de l’intercommunalité, président de l’université Paris Est – Marne-la-Vallée ;
- Ronan Kerrest, conseiller général, vice-président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis ;
- Michel Bourgain, maire de l'Île-Saint-Denis et vice-président de Plaine-Commune.
C’est une opportunité rare d’avoir autour de la table des hommes politiques, de sensibilités différentes et passionnés par le sujet. Venez poser vos questions le 12 décembre ou bien sur LesAudoniens.com qui les transmettront lors du débat. A l'issue de cette première réunion citoyenne sur le sujet, un compte-rendu sera publié et remis aux acteurs politiques de notre territoire.
Olivier Decrock des Audoniens.com