Des bagarres de plus en plus violentes et une communautarisation des bandes des cités. C'est le constat alarmant que dresse un rapport de la direction centrale des renseignements généraux (DCRG), dans un rapport de juillet, révélé par le journal «Le Monde». Selon les policiers, les cinq premiers mois de 2007 ont été marqués par 129 affrontements entre bandes, soit une progression de 29 % par rapport à 2006 (287 faits similaires recensés). Un phénomène qui n'est pas passé inaperçu dans les médias alors que ces rivalités ont débordé ces dernières semaines dans la capitale.
En Seine-Saint-Denis, le phénomène des bandes augmente mais n'explose pas, confie un policier qui connaît bien le dossier à 20minutes.fr. «Les bagarres se focalisent sur certains points chauds récurrents comme la frontière entre Noisy-le-sec et Rosny-sous-Bois ou entre Montreuil et Bagnolet». «Certaines bandes en affrontent d'autres venues d'autres départements - Epinay et Villetaneuse contre Argenteuil, Aulnay contre Meaux - car elles se trouvent sur le même axe de RER mais ces bagarres restent relativement fixes dans l'espace», poursuit-il.
Une communautarisation des bandes?
Le rapport des RG s’inquiète aussi d’un phénomène qui «s'ethnicise». «Ces formations délinquantes constituées en majorité d'individus originaires d'Afrique noire ont la particularité d'instaurer une violence tribale ne donnant lieu à aucune concession», notent les enquêteurs. L’enquêteur interrogé par 20minutes.fr nuance la communautarisation des bandes. «C'est la composition ethnico-structurelle des cités qui fait qu'une bande d'un quartier est uniquement composée de noirs ou de maghrébins mais nous sommes encore très loin des conflits ethniques à l'américaine entre blacks et latinos», tempère-t-il. Un jugement inverse de celui de la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, qui estime mercredi qu’il existe des «bandes à caractère ethnique qui s'affrontent à ce titre».
Quant à «l'exportation» des bagarres à Paris, le policier ne croit pas que les bandes de banlieues viennent en découdre dans la capitale en groupes. «Les membres des bandes recréent de nouvelles bandes dans la capitale qui ont des activités spécifiques distinctes de celles de la banlieue». Bref, les émeutiers de la gare du nord «n'agissent pas en tant que représentants du 93 ou du 92». D'où, selon lui, l'origine variée des personnes interpellées ces derniers jours.
Quant à Frédéric Lagache, secrétaire national du syndicat de policiers Alliance Paris, il pense que si le phénomène des bandes se développe, «c'est que les RG ont arrêté de faire un travail efficace dessus depuis un an». «Les Renseignements Généraux sont réorientés vers la lutte contre le petit deal de rue qui devrait être du ressort d'autres services», dénonce-t-il. «S'occuper des bandes suppose un travail de repérage dévoreur de moyens humains et sans rentabilité immédiate. Il faut que l'administration se réinvestisse dans ce combat». Un vœu qui pourrait être exaucé alors que la ministre de l'intérieur organise une réunion à ce sujet jeudi avec les préfets de Paris et de ses départements limitrophes.
Alexandre Sulzer