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Pour Nicolas Sarkozy, les violences dans les banlieues n’avaient « rien de spontané »

3 novembre, 2005 à 16:45 | Posté par

FRANCE 2 - Les violences qu'ont connues des quartiers de la banlieue parisienne dans la nuit de mercredi à jeudi étaient "parfaitement organisées", a affirmé jeudi le ministre français de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.

Le ministre de l'Intérieur a ajouté qu'il  n'envisageait "certainement pas maintenant" de quitter son poste.

Nicolas Sarkozy répondait de la sorte sur la chaîne d'information en continue I-télévision, questionné sur ses intentions ou non de quitter son poste place Beauvau pour se consacrer uniquement à la présidence de l'UMP.

"On verra ce que sera le programme de l'UMP s'agissant des présidentielles. On verra qui aura une responsabilité de participer à ce combat. On verra à quel  moment ce sera incompatible avec des responsabilité ministérielles mais pour l'instant, je suis ministre de l'Intérieur à plein temps", a insisté Nicolas  Sarkozy.

"Quant à la présidentielle, je ne sais même pas si je serai candidat, on verra bien", a-t-il ajouté. Une question, au-delà de la question posée : pourquoi le ministre fait intervenir l'échéance présidentielle dans le débat ?

UDF et parti socialiste réclament de leurs côtés un débat national sur les violences en banlieues, théâtre d'une semaine d'émeutes.

Le Premier ministre Dominique de Villepin a martelé jeudi sa volonté  de "nouer le dialogue" pour "trouver des solutions adaptées" aux problèmes des banlieues, tandis que les élus locaux, de gauche comme de droite, l'ont mis en  garde contre la fausse bonne solution, selon eux, d'un "énième plan".

S'exprimant depuis la cour de l'Hôtel Matignon, après une semaine d'émeutes  dans la banlieue parisienne, il est resté fidèle à son double mot d'ordre  -"fermeté et justice"- en réaffirmant que sa priorité était bien "le  rétablissement de l'ordre public".

A droite comme à gauche, les élus se sont félicités des discussions avec le  Premier ministre mais ils ont pratiquement tous insisté, devant la presse, sur  leur opposition à un "énième" plan pour les banlieues et plaidé pour une action  en profondeur.

"On n'est pas sur l'idée d'un plan d'urgence mais sur celle de traiter les  problèmes au fond avec un vrai pacte républicain", a déclaré le maire de Lambersart, Marc-Philippe Daubresse (UMP), ancien ministre du Logement du  gouvernement Raffarin.

"Ce n'est pas l'heure des effets d'annonce, des énièmes plans, mais de faire entrer nos quartiers dans le droit commun, dans ce qui marche ailleurs et ce qui peut marcher chez nous", a ajouté Jean-Christophe Lagarde, maire UDF de Drancy.

"Je pense qu'il faut un geste symbolique fort et j'ai souhaité notamment que le président de la République vienne rencontrer les jeunes en Seine-Saint-Denis pour leur marquer que l'Etat les considère comme des citoyens comme les autres et que les jeunes de Seine-Saint-Denis ne sont pas des voyous", a-t-il ajouté.

Selon M. Lagarde, la situation en Seine-Saint-Denis est "extrêmement grave  et explosive". "S'il y avait un décès, je pense qu'elle deviendrait  incontrôlable".

Pour le maire PS d'Evry, Manuel Valls, "il faut un retour à l'ordre mais très vite des messages d'espoir vis-à-vis de tous ceux qui souffrent". Des "solutions fortes", selon lui, et "pas de petites solutions en quelques jours, pas un énième plan en faveur des banlieues".

Il faut selon lui, "un véritable plan en matière de réorganisation de la  police, pour une police de proximité" et qui accorde "la priorité à  l'éducation".

Le maire UMP de Saint-Quentin, Pierre André, s'est lui félicité que Dominique de Villepin et son gouvernement "prennent les choses en main". "Je crois qu'on verra des résultats dans les jours et dans les semaines qui viennent", a-t-il  indiqué.

Plusieurs ministres, dont celui de l'Intérieur Nicolas Sarkozy,  participaient à la réunion. Les maires de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain (PS), et d'Aulnay-sous-Bois, Gérard Gaudron (UMP) -dont les deux villes ont été particulièrement touchées par les violences ces derniers jours- étaient également présents.

Laurent Fabius, député PS et ancien Premier ministre, a lancé pour sa part un "appel au calme" sur France 2 lors de l'émission question ouverte, assurant qu'"on ne résout  jamais rien par la violence".

Il a ajouté que les images des émeutes prouvaient que "la France a perdu ses repères". "Il y a des scènes inacceptables", a-t-il insisté, et il faut "d'abord ramener le calme". Tout en reconnaissant que "ce sont des problèmes qui datent d'il y a longtemps", Laurent Fabius a cependant estimé que "des erreurs avaient été commises" et "qu'il y a des choses à faire".

"Dans l'immédiat, il s'agit de ramener le calme", a-t-il ajouté en utilisant "les forces de sécurité, la mobilisation de tous les gens de bonne volonté" et en demandant "aux familles d'essayer de garder chez elles les jeunes".

A plus long terme, il a plaidé pour des "actions d'urgence" dans le domaine de l'emploi, du logement, de l'éducation et de la sécurité". "Il faut mettre le paquet", a-t-il dit en reconnaissant que "ça demande des moyens".

Un dispositif de sécurité de 1.000 hommes a été mis en place jeudi soir en Seine-Saint-Denis, après une nuit de violences qui a touché à des degrés divers, selon la préfecture, la moitié des 40 communes du département.

Jacques Chirac, devant la gravité de la situation, avait  souhaité mercredi que "les esprits s'apaisent" et le Premier ministre, Dominique de Villepin, qui a reporté un voyage au canada, a promis pour la fin du mois un plan d'action pour les banlieues.

De son côté, le ministre de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo, a estimé jeudi sur France 2, que "la fermeté doit rester la mise" mais "la main tendue aussi".

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