Médias, Sécurité, Seine-Saint-Denis

Le Monde: Les maires de banlieue critiquent Nicolas Sarkozy

2 novembre, 2005 à 17:32 | Posté par

Georges Mothron est député (UMP) du Val-d'Oise et maire d'Argenteuil. Jeudi 27 octobre, deux jours après la venue de Nicolas Sarkozy, qui avait employé le terme de "racaille" lors de sa visite, sa voiture a été incendiée. Assurant n'avoir "jamais eu jusqu'ici de souci avec quiconque" dans cette ville où il est né, M. Mothron raconte : "Une quinzaine de jeunes m'ont dit, avec le sourire, qu'il y avait sans doute une relation" entre la venue du ministre de l'intérieur et l'incendie de sa voiture.

Reçu par M. Sarkozy au lendemain de cet incident, le maire lui a demandé d'"éviter tout amalgame" à l'avenir : "Je suis pour la manière forte vis-à-vis des voyous. Mais je lui ai dit que s'il revenait à Argenteuil, il fallait qu'il mette en valeur ceux qui sont bien insérés." Une délégation de jeunes de sa commune a été reçue, mardi 1er novembre, par le ministre de l'intérieur.

Sous couvert d'anonymat, un autre député UMP de la petite couronne assure que les élus de banlieues redoutent désormais les déplacements du ministre : "Tout le monde claque des dents en se disant : "Pourvu qu'il ne vienne pas chez moi la prochaine fois"."

"M. Sarkozy tient des propos excessifs. Il y a des termes à ne pas employer afin de ne pas braquer", explique le député (UMP) de Seine-Saint-Denis Jean-Claude Abrioux. L'ancien maire d'Aulnay-sous-Bois insiste sur la nécessité de "dialoguer" et d'éviter toute "provocation". Député (UDF) du même département et maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde dénonce une "communication imprudente", alors que "l'action de l'Etat est insuffisante".

APPEL À LA MÉDIATION

Ceux qui, à droite, continuent de prendre la défense de M. Sarkozy déplorent le silence de ses collègues du gouvernement. "Le ministre des affaires sociales doit s'exprimer, le premier ministre aussi", a souligné, lundi, le député (UMP) des Yvelines et maire de Chanteloup-les-Vignes, Pierre Cardo, en invoquant la nécessité de "la prévention" et de "l'éducation".

"Le ministre de l'intérieur est dans son rôle quand il dit que force doit rester à la loi. Mais c'est par la médiation que l'on calmera les esprits", a renchéri son collègue des Yvelines Pierre Bédier, ex-maire (UMP) de Mantes-la-Jolie.

Proche de M. Sarkozy, le député (UMP) de Seine-et-Marne Yves Jégo a mis implicitement en cause les chiraquiens : "S'agit-il d'une stratégie visant à isoler le ministre de l'intérieur dans une posture caricaturale ? Peut-être y a-t-il, dans cette affaire, une utilisation des incidents à d'autres fins..."

A gauche, les réactions sont vives. "Ce n'est plus un ministre de l'intérieur qui s'exprime, mais un candidat en campagne qui multiplie les déclarations à l'emporte-pièce", affirme Bruno Le Roux, député (PS) de Seine-Saint-Denis. "Il n'y a qu'avec les populations des banlieues qu'on emploie ce vocabulaire dégradant et discriminant", remarque Julien Dray, député (PS) de l'Essonne.

Martine Aubry, maire (PS) de Lille, juge que le ministre "souffle l'intolérance à l'égard des jeunes, au risque d'accroître la violence". "On considère les habitants des banlieues comme des animaux ou des pestiférés", renchérit Claude Bartolone, député (PS) de Seine-Saint-Denis, notant qu'"on risque de faire naître un patriotisme de quartier".

Plus largement, c'est la politique de la ville qui est critiquée : la suppression des emplois-jeunes, les subventions coupées aux associations de quartiers, la disparition de la police de proximité.

"On paye les choix faits depuis 2002", assure Manuel Valls, député (PS) de l'Essonne et maire d'Evry. André Gerin, député (PCF) du Rhône et maire de Vénissieux, conclut : "Il faut certes de la répression, mais ces jeunes ont d'abord besoin qu'on leur offre un avenir."

Jean-Baptiste de Montvalon et Sylvia Zappi

3 Réponses à “Le Monde: Les maires de banlieue critiquent Nicolas Sarkozy”

Ils ont raison de se plaindre et de craindre que M. Sarkozy viennent les voir. Moi personnellement, je prie pour qu’il ne mette pas les pieds à Sevran ou Aulnay.
Cela fait maintenant 3 soirs de suite que des incendies et autres « incivilités » ponctuent mon sommeil et celui de ma famille. Nous avons été réveillés par le bruit des insultes proférées à l’encontre des pompiers venus éteindre les incendies ou encore par le bruit d’un moteur de voiture qui explose. C’est insupportable. A l’heure même ou je rédige ce billet, un attroupement se forme en bas de chez moi. Pour l’instant ils ne font rien de mal. Mais après qui sait?
Les évènements d’hier et d’avant hier soir n’ont plus rien avoir avec la mort malheureuse des 2 adolescents. Non, maintenant nous sommes entrés dans une logique de provocation, un rapport de force. Les propos de M. Sarkozy ont été pris pour de la provocation par ces jeunes, et maintenant ils y répondent. Non mais à quoi pensait notre ministre de l’Intérieur? Il accumule les erreurs tactiques voire des erreurs professionnelles depuis quelque temps déjà. L’affaire de l’émission préenregistrée où il parlait de l’arrestation future de membres de réseaux terroristes aurait pu nous couté un attentat sur notre sol! Maintenant, ne pensant qu’à son image et son coup médiatique, il provoque délibérément une population qui ne demande qu’à s’embraser! Mais au-delà de l’erreur professionnelle en tant que ministre de l’intérieur dans la gestion de la crise, il a commis aussi une erreur déontologique je dirais. Comment peut-il justifier qu’un ministre, homme de loi au service de l’Etat et des citoyens français, ose qualifier certains citoyens (hé oui malgré tout ils restent des citoyens, même si cela ne me fait pas plaisir de le dire vous pouvez me croire) de « racaille » et d' »assasins » (voir le parisien d’aujourd’hui)? Un ministre a une charge, une fonction: celle de servir son pays. En tant que ministre ils se doivent un respect sans faille pour tous les citoyens! M. Sarkozy oublie sa charge en parlant de Kärcher et de racaille et je trouve cela intolérable. Je comprend l’enervement, la colere, le dégout et le mépris que ces vandalismes et actes de violence inspirent : je fais partie des victimes et je suis sûrement plus en colère que M. Sarkozy! Mais lui représente la République! Il ne peut parler comme un candidat en campagne dans une telle situation de crise! Il ne peut se complaire dans cette situation et en tirer des bénéfices personnels. Les ministres ont oublié leur charge et le respect de celle-ci et pour une républicaine comme moi c’est insuportable.
Mais il est également insupportable de voir des jeunes mettre à feu et à sang des quartiers, des départements entiers! Il est intolérable qu’ils ne comprennent pas l’ignominie de leurs actes! L’ordre doit revenir, et je suis la première à dire que la police doit intervenir. Mais après? Ce n’est pas une action ponctuelle et de répression pure qui règlera le problème de façon pérenne! Donnez de l’argent aux écoles, aux associations, mettez de la police de proximité pour casser l’antinomie police/jeunesse, et punissez de manière intelligente les fauteurs de troubles! La justice les mets en prison me dira-t-on. Non pas tous, les mineurs ne craignent pas grand chose. Et la prison est de toute façon un faire valoir pour les autres. Alors quoi? Des travaux d’intérêt généraux! Forcez ces gosses à aller ramasser les cendres de ce qu’ils ont brûlé! Forcez les a ramasser les carcasse de voitures, à repeindre les immeubles noircis! Ils auront tout de suite moins envie de foutre le feu! Et ils apprendront peut être la valeur du respect d’autrui! L’autre moyen de faire cessez tout cela : agir sur les parents! Non mais quels sont ces soit disant parents qui laissent de petits de 10-15 ans dehors à 3H du matin! Je n’ai jamais été riche, ma famille n’a jamais eu d’aide, mais mes parents ont joué leur rôle et m’ont éduqué! Pourquoi pas eux!!? Il faut mettre les parents face à leur responsabilité! Je sais que je suis crue à parler ainsi, mais il est temps que la société fasse quelque chose pour ses gosses paumés! Ces enfants qu’on le veuille ou n’ont sont notre responsabilité!
Les banlieues ne sont pas des jungles, les gens qui vivent en banlieues ne sont pas des sauvages! Donnez nous une chance! Menez une véritable politique messieurs du gouvernement et pas une politique à but lucratif! Soyez fière et respectueux de votre charge. Et M. Sarkozy, retirez vous ou ayez plus d’humilité. Vous avez perdu dimanche soir au 20H toute crédibilité à mes yeux.

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Rebonjour,
Je tenais à m’excuser d’avoir massacré notre belle orthographe hier. J’ai écris ce pavé sous le coup de l’émotion et je n’ai pas pris le temps de le relire. Au moment même où je le terminais, ma mère m’apprenait que le feu avait gagné 2 voitures au bas de mon immeuble. Je parlerais des incidents de Sevran plus longuement dans un autre post.
Merci.

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L’action-spectacle de Nicolas Sarkozy est désormais dangereuse partout il va accompagné de ses gardes du corps et des caméras. Nous l’avons vu à La Courneuve où rien n’a changé après la mort du petit Billal, à Argenteuil ou encore à Clichy-sous-Bois.
Il ne suffit de s’exprimer comme les voyous et fuir dans sa Vel Satis blindée dix minutes après pour que la loi soit appliquée et la sécurité et je dirais la sérénité soit un droit pour tous quel que soit son lieu de vie.
Je dois vous admettre qu’en 2002 j’ai cru en ce ministre qui semblait enfin s’intéresser à nous, mais force est de constater que cela n’a qu’un but purement médiatique, politique et présidentiel.
Ne rien faire pour la sécurité des gens est une chose dont tout le monde se rend compte, mais leur faire espérer est bien pire. Les populations des quartiers n’aspirent qu’à vivre comme tout le monde, pas à se sentir dans un pays en guerre parce qu’un ministre provoque et fait sa com’.
Nicolas Sarkozy doit admettre ses erreurs, être plus humble et faire place aux actes plutôt qu’aux coups médiatiques.

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