Voilà quelques jours qu’Aziz a renoué avec une vieille sensation, désagréable et tenace : « Qu’est-ce qu’il va nous arriver maintenant ? Où est-ce qu’on va aller ? » L’ouvrier de l’usine PSA de Saint-Ouen sait désormais que le site fermera ses portes en 2021 au plus tard. Il doit laisser place au chantier du futur Grand Hôpital.
L’angoisse de l’avenir, Aziz connaît bien. Comme une vingtaine de salariés de Saint-Ouen, il a connu la fin d’une autre usine, celle d’Aulnay.
« C’était mon premier travail, j’avais 19-20 ans. Je me disais : c’est une usine automobile, ça ne fermera pas. C’était une usine moderne », raconte ce conducteur d'installation. A Saint-Ouen, en revanche, l’annonce de la fermeture n’a guère surpris Aziz : « Dès que je suis arrivé, j’ai compris qu’ici ça ne durerait pas.
L’annonce officielle, faite au personnel la semaine dernière, laisse un goût amer aux « rescapés d’Aulnay ». C’est ainsi que se définit Sandrine, l’œil noir au-dessus d’un gobelet de café. « Ils délocalisent tout ! », fulmine l’ouvrière de 49 ans. PSA Aulnay, c’était toute sa vie : « J’y suis entrée à 18 ans, c’est là que travaillaient mes parents, que travaillait mon conjoint…
Un quadragénaire, « toujours aulnaysien dans l’âme », soupire : « On va aller à Poissy, on n’a pas le choix ! » Mais rien ne dit que l’usine des Yvelines sera le site privilégié pour accueillir le personnel de Saint-Ouen.