Oxygène n°185 : Quand la promotion vire à la caricature

Vous trouverez ci-contre le numéro du dernier journal de communication de l’exécutif municipal. Mon titre peut vous paraître un peu provoquant, mais après la lecture du journal, c'est la conclusion logique à laquelle j'aboutis. En effet ce journal se campe dans une rhétorique promotionnelle qui vire parfois à une véritable caricature. Ces deux dernières années le journal avait progressé en finesse et la propagande était devenue beaucoup plus subtile et construite. Aujourd'hui, Oxygène rentrant en plein dans la période électorale, revient ici à ses vieux réflexes d'endoctrinement et oublie toute nuance en martelant sans recul son amour illimité pour l’exécutif municipal.
Pourtant, ce journal relate quelques réalisations qui auraient pu servir la municipalité si elles n'étaient pas discrédité par une exagération et un "oubli" des nuances qui pourraient exister.

Voici les articles que j'ai retenu pour cette nouvelle déconstruction de la communication municipale:

• La page 2 réserve une place inédite (à mon sens) aux événements des associations. C'est certes modeste en quantité totale, mais suffisamment positif pour être salué dans un journal qui a réduit l'espace réservé aux associations depuis des années.
• L'article de gauche page 3 aborde la nouvelle réglementation des centres de loisirs que la totalité des parents que je connais juge "restrictive et punitive". Oxygène est sur ce sujet un modèle de sobriété. On aimerait la même retenue sur d'autres articles.
• La liste des conseils de quartier page 3 est très illustratrice de l’hémiplégie des communicants du journal (ce fait n'est pas nouveau, mais nous n'avions jamais pris la peine de le signaler): En effet, seuls les co-présidents de la municipalité sont cités. Pourtant, les conseils de quartiers sont théoriquement dirigés par deux co-présidents, un habitant élu par ses délégués de quartier et un représentant du maire. Or, seul ce dernier apparaît dans Oxygène, ce qui est un aveu assez révélateur de la vision municipale. Dans "démocratie participative", n'y a-t-il pas deux mots de trop?
• La sobriété de la page 3 est heureusement compensée dès la page 4 par "les bonnes notes de la rentrée" qu'attribue Oxygène à son directeur de la publication (le maire). Nous assistons là à un véritable feu d’artifices de formules d'autosatisfactions [1]. Il est vrai que le sujet pourrait mériter une réjouissance sincère, hélas l'accumulation de superlatifs finit par dévaloriser l'authentique travail de fond. De plus certains oublis sont assez fâcheux: Ainsi le journal ne parle par du fait que la municipalité a tenté d'expulser les enseignants des créneaux de cantine et d'étude. Ces créneaux permettent aux enseignants de compléter leur salaire et parfois de compléter le suivi de certains élèves. Certain-e-s directeurs/trices sont entré-e-s en guérilla contre la mairie qui comptait placer ainsi une armée de fraîches recrues le jour de la rentrée. D'autres ont cédé.
• P 6 le journal aborde l'intéressante expérimentation de la scolarisation dès deux ans. Hélas, même si le projet pourrait être salué au regard du retard de notre département sur cette question, le journal occulte le fait que cette scolarisation précoce est très controversée à la fois pour des raisons scolaires et psychologiques. Or Oxygène proclame une fois de plus sans nuance cette action comme une victoire définitive. Ainsi beaucoup de parents pourraient croire en lisant cet article que la scolarisation à deux ans pourrait être bénéfique pour leur enfant, ce qui est loin d'être une assurance. Ce genre de projets cache une réalité plus difficilement avouable: Le manque de crèches et leur difficulté d'accès pour les familles les plus fragiles.
• P9, une nouvelle inquiétante se rajoutant à un tableau déjà très sombre est glissée au milieu de l'article sur la conférence de presse du maire et du SIA à propos de la fermeture anticipée de PSA: " les deux permis de construire déposés préalablement par ID Logistics viennent purement et simplement d’être retirés, et sur les 540 contrats promis, aucun n’a été signé à ce jour".
• La couverture et la page 10 et 11 aborde le sujet du projet Croix Blanche d'un angle totalement étranger à ce qui a été perçu autrement. En lisant le dernier communiqué de l'association QCBE, on a l'impression d'une réalité absolument opposée à la démocratie tranquille et pluraliste présentée dans cet article d'Oxygène. Alors, qui a raison ? Le journal, une fois de plus aurait été mieux inspiré à présenter les différents points de vues, plutôt que de prendre parti pour la municipalité en occultant les très importantes difficultés de cette concertations. A lire l'intéressante analyse d'AulnayLibre sur cette surprenante couverture.
• Page 12, l"article sur le RER B paraît plus prudent que les articles des numéros précédents (au passage l'article glisse deux fois le nom du député socialiste Daniel Goldberg, seul élu hors de la majorité municipale à voir son nom paraître systématiquement dans le journal). On arrive presque à une position équilibrée même si l'argumentaire de la SNCF est déroulé sans trop de recul au début de l'article.
• P14, la phrase "L’édition 2013 de ce Forum [des associations] restera donc dans les mémoires comme celle de tous les succès" fera rire un nombre important de participants qui ont été exclu du forum au motif exprimé au dernier moment qu'elles seraient des "associations satellites" (sic) de l'opposition.
• P 17 à 20 le seul espace pluraliste du journal, que sont les tribunes libres, illustre à merveille la ville différente que vivent la majorité et l'opposition. Pour la majorité, les termes sont identiques au reste d'Oxygène: "Démocratie à Aulnay : (...) une réalité vivante" (PS), "Un week-end de démocratie" (PCF), "Carton plein pour le Forum des associations !" (PRG). Pour l'opposition c'est "Souffrance des agents municipaux [et] clientélisme" (EELV), "Le vernis de la démocratie craque..." (Ind.), "contribuable [ne possédant plus que] la peau sur les os" (UMP) mais aussi "une première victoire [dans le dossier du RER B]" (UDI). Des réalités bien difficiles à concilier entre la majorité et l'opposition.

A vos avis!

Note et références:

1. Petits extraits loin d'être complets issus de ce dossier: "Rentrée scolaire réussie", "De quoi passer une bonne année dans les 54 écoles d’Aulnay", "en mieux. Plus beaux, plus spacieux, plus confortables", "la municipalité n’a pas ménagé ses efforts", "appuyés par la municipalité", "la ville s’est également engagée", "c’est déjà une bonne nouvelle avant l’heure", "Ouverture gagnée", "mobilisation réussie", "La bonne nouvelle est arrivée", "personne n’avait ménagé sa peine ni ses arguments", "la satisfaction des enseignants", "Sans la volonté et l’aide concrète de la municipalité, cette classe n’aurait pas pu rouvrir", "la municipalité a consacré cet été 2,4 millions d’euros", "Efforts poursuivis", etc... etc...