Lu dans un grand quotidien régional, après le superbe téléfilm "La fracture", tourné dans le lycée collège aulnaysien Pablo Neruda et réalisé par Alain Tasma, trois questions à un professeur de collège arrivé en Bretagne à la rentrée 2010, après dix années d'enseignement à Aulnay-sous-Bois.
Voici donc l'extrait de Ouest-France que vous pouvez retrouver en ligne ici:
Depuis quand enseignez-vous à Baud ?
Cette année. J'arrive d'Aulnay (Seine-Saint-Denis). J'y ai passé dix ans, dans un collège situé au milieu de la cité. Un collège où les professeurs passent autant de temps à enseigner qu'à calmer le jeu entre les élèves, à gérer les conflits... Là-bas, les gamins n'ont pas la tête au collège. Ici, ils arrivent le matin pour apprendre.
Ce sont deux métiers différents ?
Oui. Ce grand écart m'a révélé le caractère protéiforme de notre métier. On ne peut pas être le même professeur selon qu'on se trouve à Baud, à Paris, à Lorient... Pourtant on a la même fiche de paie, hormis les primes. Là-bas, les professeurs ont en moyenne 26 ans, et restent au mieux une année. Impossible d'avoir un projet d'établissement. Ici, les professeurs plus expérimentés, restent. Forcément c'est plus agréable. Et en termes de moyens pédagogiques, je n'avais pas la moitié de ce qu'il y a ici.
Les deux vous plaisent ?
Oui parce que les élèves d'Aulnay sont épouvantablement vivants. Quand ils s'accrochent ils voient très grands. Ce n'est pas noir ou blanc. Les élèves ici sont moins matures, plus maternés, très calmes. Évidemment avec eux, je retrouve une certaine sérénité à enseigner. Quand j'arrive le matin je sais que les règles que j'ai instaurées en début d'année seront respectées. Et le soir quand je rentre chez moi, je n'ai plus mal à la tête...
8 Réponses à “Parole d’un professeur de collège muté en Bretagne après 10 ans à Aulnay-sous-Bois”
Le Nouvel Obs avait en juin dernier une tribune à un prof quadra, qui enseigne depuis 1999 à Clichy-sous-Bois. http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20100630.OBS6420/document-journal-d-un-prof-a-clichy-sous-bois.html
Le constat semble le même (y sont également évoquées les revendications religieuses…).
Concernant la grande mobilité des jeunes enseignants affectés dès la sortie de leur formation en Ile-de-France notamment et cherchant à repartir le plus vite possible en province, cela semble être commun à d’autres administrations.
Je pense notamment à la Police nationale; avec de jeunes stagiaires policiers débarqués de province et propulsés dans les zones dites sensibles…
Comment faire du service public de proximité dans de telles conditions ?
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Il était une fois un collège placé dans les premiers des Collèges publiques de son département pour la réussite au Brevet des Collèges (près de 80 pour cent avec mention si ma mémoire est bonne).C’est pourtant un Collège classé ZEP, c’est-à-dire possédant une population de jeunes « à problèmes ».Ses élèves viennent de différents horizons,pavillons, cités,une population mixte pour tout dire.
Il faut dire que dans ce collège, un noyau de professeurs y est depuis longtemps.Ils y sont attachés, font un travail remarquable, l’ambiance n’y est pas pesante.Bien sur, il y a des problèmes d’incivilité,quelquefois de la violence entre certains jeunes.Mais l’équipe (Principal,Adjointe,Conseillers d’Education ,profs….) est sur le pont.
Ce collège est dans le 9.3, il est à Aulnay sous Bois,c’est le Collège Gérard PHILIPE.Il n’y a a pas de fatalités.
Espérons qu’avec les restrictions des moyens(plus de 800 heures d’enseignement personnalisés enlevés cette année),cette équipe continuera son excellent travail.
Ces jeunes ont besoin de repères.Un prof qui passe un an et s’en va ailleurs,c’est la continuité des abandons qu’il connaît depuis sa naissance.
Le travail est immense pour donner à chacun les meilleures chances et devraient être une priorité nationale mais avec les dirigeants actuels, ce n’est vraiment pas le cas.Mais bien sur, la conclusion n’engage que celui qui l’a écrite.Bonnes fêtes à tous.
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@ Jean-Marc,
Excellente initiative que de reprendre cet entretien d’ Ouest France après le tournage du télé-film « La fracture » qui était très bien réalisé, et, me semble-t-il, très instructif.
@ Jean-Louis,
L’intérêt du débat qui a suivi ce télé-film était précisément de mettre en avant le type de travail fait au collège G. Philippe. On a bien senti en effet que derrière le Principal, il y avait une équipe soudée, expérimentée et active pour essayer de réparer et compenser ce que l’on pourrait nommer « les dégâts de la vie ».
Car, tout n’est pas qu’une question de moyens, je crois que c’est surtout une affaire de coeur et d’intelligence.
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Jean-Marc,
Petite rectification : Dans le film « la fracture », il ne s’agit pas du lycée Pablo Néruda mais du Collège Pablo Néruda qui comme chacun sait recoit entre autres les élèves des quartiers Ambourget, Gros Saule, Mitry.
Cordialement,
[NDLR: merci pour cette précision]
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Ne comparons pas ce qui est incomparable. Rien à voir entre le clg G.Philippe le clg Pablo Néruda à tous points de vue.
– L’environnement opposé,l’un dans une zone d’habitat mixte pavillons/immeubles en face de terrains spacieux de sport, l’autre dans une cité avec quel horizon…?
– le collège, l’un reconstruit, agréable,l’autre ancien, dépassé
– La fréquentation,pas de langue de bois,plus facile d’un côté que de l’autre pour les raisons que l’on connait,pas la même vie.
Nous ne sommes plus dans le même monde…Parole d’enseignant
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@Christ,
Vous avez en partie raison et le Collège Pablo Neruda additionne les difficultés.
Mais l’environnement n’est pas tout, le Collège Christine de Pizan bénéficie lui aussi d’une mixité et n’a pour autant les mêmes résultats.Il est aussi assez neuf (quoique l’architecture soit plus contestable).
Par contre il est évident que la fréquentation est différente entre P.Neruda et G.Philipe.
C’est pourtant dans l’avenue du Mal JUIN qui jouxte ce dernier que se donnent rendez vous de temps en temps des bandes rivales pour en découdre. Elles n’oseraient pas s’aventurer au Gros Saule ou au Trois mille.
Le problème n’est pas simple, je voulais simplement mettre en avant que lorsqu’une équipe soudée existe,un travail est possible même dans le 9.3.
Ce qui se fait dans ces deux collèges.
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courrage je sais ce que vous vivez au quotidien
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ce serait intéressant de savoir ce qu’en pensent les élus-retraités de l’éducation nationale.
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