Faridh, habitant haut en couleur, engagé dans l’associatif, dresse le portrait du quartier du Gros Saule à Aulnay-sous-bois, en banlieue nord de Paris.
Des enfants jouent au ballon sur une dalle cabossée par la chaleur du bitume, les cerisiers sont en fleurs, les grues grignotent des barres de béton de 15 étages.
Entre rêve, détermination, lassitude, dans l’intimité d’une cabine noire, Rajae, John, Maïmouna, Steven et d’autres habitants portent un regard sensible sur leur quotidien.
Voilà un film qui déconstruit les préjugés sur les cités de relégation avec une efficacité redoutable. Ici on parle, et les clichés s'effacent au fur et à mesure que les individus s'autorisent à revendiquer ces deux biens qui devraient être à tous : la réflexivité et l'estime de soi.
Irène Théry, sociologue
Production : Éva Pénot et To be continue – evapenot@yahoo.fr
Coréalisation : Aulnay Saule et KYGEL Théâtre
Avec le soutien de : Préfecture de Seine-Saint-Denis, ANCT, Région Ile de France, Cinéma 93 et Théâtre – Cinéma Jacques Prévert Aulnay-sous-Bois
Entrée libre
Une Réponse à “Aulnay Saule et Kygel Théatre présentent « Ici, on creuse » à Prévert vendredi à 20h30, un portrait du quartier Gros Saule”
C’est un film attachant, aux antipodes de « Nous », d’Alice Diop, qui avait connu un beau succès en 2021. Un succès immérité. Quel Aulnaysien pouvait s’y reconnaitre ? « Nous », sur le trajet du RER B, avec ses interminables séquences, creusait le fossé entre une banlieue sud-ouest dont on ne présentait qu’une image hyperbourgeoise (une chasse à courre !) et un nord –est misérable. Malgré quelques rencontres émouvantes, l’ensemble, pour notre banlieue, était désespérant. D’un côté de la ligne, la force des héritages, de l’autre le complet dénuement. « Ici on creuse » est plein de dignité, avec des personnages extrêmement attachants comme Faridh, Gagny ou Rajae. Ici, il ne s’agit que d’une cité, le Gros Saule, un bout de ville complètement excentré, isolé par les grands axes de circulation, sans commerce ni bibliothèque. Et pourtant, on y voit des gens « qui en veulent », mais qui se sentent abandonnés, tout étant laissé à vau-l’eau. L’une des femmes du film pense que dans les quartiers sud, les choses sont immédiatement réparées ; qu’elle se rassure, le sud aussi se sent maltraité, à moins qu’un conseiller municipal de la majorité réside dans la rue. Mais cette remarque nous interroge. Nous sommes de la même commune, de la même Nation. Comment « faire peuple » ensemble ? On devine le fonctionnement d’une petite société avec son langage et ses spécificités, ne serait-ce que la place de la femme, absente de l’espace public et des lieux de loisirs, ce que n’élude pas la réalisatrice. Dans une séquence pleine de malice, le problème est subtilement soulevé. Et pourtant, il y a là des forces vives. L’année dernière, lors d’une réunion publique sur la dalle du Gros Saule qui devait aboutir à la renaissance d’une association des locataires, il n’y avait presque que des femmes. Pour « faire peuple » ensemble, la première chose à faire, c’est de réaliser le rêve exprimé par l’une des femmes du film : créer une bibliothèque.
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