Amiante, Histoire

L’histoire du difficile combat des victimes de l’amiante à Aulnay

9 décembre, 2020 à 12:08 | Posté par
En novembre 2006, en plein cœur du Vieux Pays, avait commencé une dépollution irresponsable à l'air libre de l'ancienne usine d'amiante.

À l'occasion de la pose de la modeste plaque commémorative, le Collectif des riverains et victimes du CMMP et Ban Asbestos France retrace l'histoire de ce combat démarré en 1995, l'un des premiers dans lequel notre blog s'est engagé à sa création pour les soutenir face au déni des autorités. L'histoire de notre blog est indiscernable de ce combat et c'est justement pour informer les Aulnaysiens d'une première tentative de dépollution irresponsable qui pouvait déclencher un nouveau scandale sanitaire, et l'absence de ce sujet des publications officielles, que le rédacteur de cet article a compris le rôle indispensable des blogs indépendants et rejoint la rédaction en 2007.

L’ancienne usine de broyage d’amiante CMMP a répandu massivement de la poussière d’amiante et de zircon radio actif durant plus de 50 ans, de 1938 à 1990 année de sa fermeture. Le site, ensuite, est resté à l’abandon 19 ans, ouvert aux quatre vents, et les enfants en avaient fait leur terrain de jeux. Les bâtiments passoires ont donc continué à contaminer les écoles du Bourg devenues, entre temps, mitoyennes.

Ce sont donc des milliers d’habitants d’Aulnay mais aussi de Sevran, Pavillon S/Bois, Bondy et Le BlancMesnil, qui ont été exposés à ces poussières mortelles. On évalue entre 20 à 40 000 les personnes exposées encore vivantes aujourd’hui.

Un mouvement citoyen s’est créé, en 1995, à la suite du cancer de la plèvre de Pierre Léonard habitant rue du Marché. Six associations ont lutté ensemble : le collectif des riverains et victimes du CMMP, Ban Asbestos France (association de lutte contre l’amiante), Addéva 93 (association de victimes de l’amiante du 93), Aulnay Environnement, les parents d’élèves LIP et FCPE, nos avocats du cabinet TTLA, des médecins (tels les docteurs Matthieu et Allouch), des scientifiques, des élus, des professionnels de santé ont apporté leur concours.
Ce mouvement s’est battu pour faire éclater la vérité, relayé en cela par les médias.

D’abord niée par les autorités, une recherche des malades a enfin été entreprise 18 ans plus tard !! Elle n’a porté que sur les élèves des écoles du Bourg et d’Ormeteau et nous n’avons obtenu aucun bilan. Le seul est celui des associations qui, au début seules puis aidées de bénévoles grâce aux permanences dans les locaux accordés en 2014 par la Mairie au CMES, ont recensé plus de 350 personnes se déclarant exposées. Parmi elles, 230 malades la plupart décédées. Une centaine d’entre elles ont été indemnisées grâce à nos avocats. Combien d’autres malades morts dans de terribles souffrances ? nous ne le sauront pas !

Le ministère de la santé n’a pas souhaité aller plus loin dans la recherche des malades, ni d’entreprendre le suivi post-exposition commencé au CMES par les associations avec leurs petits moyens. Il n’en reste pas moins que toute personne se manifestant au CMES de la ville sera aidée par l’association Ban Asbestos France qui poursuit son action bénévole.
La deuxième grande bataille gagnée par le mouvement est la dépollution/désamiantage/démolition sous confinement de cette ancienne usine truffée d’amiante. Ce fut un combat acharné, nous nous sommes heurtés constamment aux autorités : mensonges, mauvaise foi, obstructions, pressions en tous genres, rien ne nous a été épargné. Mais, grâce aux réunions publiques, manifestations, médiatisation, et nos avocats, un chantier modèle sous confinement étanche s’est substitué au chantier à ciel ouvert prévu qui aurait fabriqué à coup sûr les prochains malades. L’opposition des autorités au confinement étanche de ce chantier était vraiment irresponsable.

Quant au pollueur, le CMMP (comptoir des minéraux et matières premières) et ses mensonges, il s’en tire par une totale impunité, non seulement en justice pénale malgré la reconnaissance de sa faute de non observation des règles de sécurité mais les responsables de l’époque étant tous décédés, mais financièrement car il n’aurait payé au final que 400 000 euros (?) sur la facture du chantier de 17 millions d’euros. Le principe « pollueur =payeur » est totalement bafoué, les victimes et leurs familles ont subi la double peine car après avoir été malades par la pollution, ils ont payé la dépollution et les contribuables d’Aulnay avec eux.Ceci est profondément injuste et s’est fait aux dépends des associations qui combattaient contre le préfet et étaient en voie de gagner.

Toutes nos pensées vont aux victimes de cette catastrophe sanitaire silencieuse. NE LES OUBLIONS PAS.

Nous vous souhaitons de passer, malgré la situation difficile que nous vivons tous, de bonnes fêtes de fin d'année. Et prenez soin de vous.

Pour le Collectif des riverains et victimes du CMMP et Ban Asbestos France : Nicole et Gérard Voide

Si vous souhaitez vous procurer le livre de Virginie Dupeyroux, petite-fille et fille de victimes de l’amiante du CMMP « amiante et mensonge : notre perpétuité », adressez un chèque de 25 euros à l’ordre de Ban Asbestos France et adressez-le à la trésorière Mme Nicole Voide – 21 rue du Commerce(escalier 5) 94310 Orly.

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