"Les socialistes, qui comptent cinq députés en Seine-Saint-Denis, vont tenter de profiter du score record de Hollande dans le département pour ravir de nouveaux sièges à la droite.
Voilà des lendemains joyeux pour les socialistes de la Seine-Saint-Denis, ce département qui a offert dimanche à leur candidat à la présidentielle son meilleur score en métropole : 65,3% des suffrages, mieux que la Corrèze. Hier, ils savouraient leur victoire, mais, à pas calqués sur ceux de François Hollande, ils jouaient déjà la prudence… tout en rêvant que ce raz de marée rose se poursuive aux élections législatives de juin.
Il faut dire qu’au regard du report des résultats du 2d tour de la présidentielle sur les 12 nouvelles circonscriptions issues du redécoupage électoral (il y en avait 13 en 2007)*, Hollande est en tête partout. Avec des scores allant de 52,3% (dans la 12e) à 76,8% (dans la 2e). De quoi donner du baume au cœur aux 5 députés socialistes, pénalisés cette année par la suppression d’une circonscription*.
Claude Bartolone, député et président PS du conseil général, se réfère aux résultats du 1er tour et note que le PS était déjà « le premier parti » sur toute la Seine-Saint-Denis. « Pour tous nos candidats, c’est une base de départ extraordinaire. Mais je ne fais pas un lien direct entre la présidentielle et les législatives, prévient-il. Il n’y a pas de rente électorale. Les citoyens réagissent de manière différente. Il n’y aura pas forcément le même taux de participation. Ce sera à chaque candidat de convaincre. Il va falloir donner envie à tous ceux qui se sont déplacés pour la présidentielle de revenir voter aux législatives afin d’offrir une majorité au président de la République. »
C’est tout le travail qu’a entrepris Daniel Goldberg, candidat PS dans la 10e circonscription (Aulnay, Pavillons, Bondy-Sud-Est), aujourd’hui détenue par l’UMP Gérard Gaudron. « Depuis le début, nous avons lié les deux campagnes, en expliquant que le président de gauche aurait besoin d’une majorité pour appliquer son programme », indique le parlementaire, transfuge d’Aubervilliers-La Courneuve, une circonscription supprimée lors du redécoupage électoral. « Dans la 10e, en 2007, Ségolène Royal était déjà en tête dans chacune des villes. Cette fois, le score a progressé de façon uniforme, de 8 à 9% », se félicite-t-il.
« Les quatre circonscriptions actuellement détenues par la droite sont menacées si l’on se réfère au fait que Hollande est arrivé en tête partout, note le député-maire UMP du Raincy Eric Raoult. Mais elles sont sauvables. Durant la campagne, nous allons rappeler que toutes les villes du département ne sont pas de gauche, donc il est normal que les parlementaires représentent toutes les tendances. Nous ne pouvons pas faire de retour en 1978, époque à laquelle tous les députés du 93 étaient de gauche », assène le patron de l’UMP 93, pourtant fort inquiet. « Dans ma circonscription, la 12e, ce sera très serré. Ce sera certainement ma campagne la plus difficile depuis ma première élection en 1986. Je vais défendre mon bilan », annonce-t-il. Même dans la 8e, traditionnellement à droite, Hollande a raflé 52,8% des suffrages dimanche, ce qui rend la bataille pour le député-maire UMP de Villemomble, Patrice Calméjane, singulièrement plus compliquée.
La réélection sera plus délicate pour le député-maire (NC) de Drancy, Jean-Christophe Lagarde. Dans sa circonscription (Le Bourget, Drancy, Bobigny), Hollande l’a emporté avec 66,4% des voix. « Cela ne prouve rien par rapport aux élections législatives, balaie-t-il. En 2002 et 2007 (NDLR : Ségolène Royal avait obtenu plus de 57% des voix), à chaque fois le candidat de gauche est arrivé devant celui de droite dans ma circonscription, ce qui ne m’a pas empêché d’être élu. »
* La Seine-Saint-Denis ne compte plus que 12 circonscriptions au lieu de 13. Elle a 5 députés sortants PS, 4 PC ou apparentés, 3 UMP et 1 Nouveau Centre."
Source : Le Parisien du 8/05/2012