"D'un rythme lent elle le dirigeait ici d'abord, puis là, puis ailleurs, vers un bonheur noble, intelligible et précis. Et tout d'un coup, au point où elle était arrivée et d'où il se préparait à la suivre, après une pause d'un instant, brusquement elle changeait de direction, et d'un mouvement nouveau, plus rapide, menu, mélancolique, incessant et doux, elle l'entraînait avec elle vers des perspectives inconnues. Puis elle disparut. Il souhaita passionnément la revoir une troisième fois"...
Voici comment Marcel Proust évoque la sonate pour piano et violon de Vinteuil, et sa célèbre "petite phrase"... Sujet dont il sera longuement question ce soir lors d'une heure musicale particulière, puisque non exclusivement consacrée à la musique, disons une heure musicale et littéraire, orchestrée par Claude-Henry Joubert, ancien professeur au CRD d'Aulnay, qui évoquera les relations entre Proust et la musique, et le rapport du grand écrivain aux musiques, les compositeurs qu'il aimait, ceux qui l'ont inspiré, les modèles musicaux de cette fameuse "petite phrase" de Vinteuil, composition fictionnelle mais authentique madeleine musicale d'Un amour de Swann. Ainsi, Saint-Saëns, et sa première sonate pour violon et piano, ou encore Fauré, dont Proust "s'enivrait", et Joubert, lui-même compositeur, qui fera s'incarner musicalement l'oeuvre mystérieuse et précieuse...
Un doux parfum à ressentir ce soir, mardi 29 novembre à 20h30 au conservatoire d'Aulnay, pour une heure musicale sous forme de concert-conférence, et sous fond d'écrits et d'esprit, de l'être et de lettres, d'Art en somme, et de sommets d'Art...
Jean-Gauthier Quintard