La surprise de la poursuite du mouvement
Nombre d'Aulnaysiens et de salariés de l'entreprise de nettoyage STN on été très surpris en rentrant de vacances de retrouver les grévistes encore en train de camper au rond point devant le 124 route de Bondy. En effet en juin dernier, tout le monde croyait la victoire acquise. En effet, après un bras de fer de plus de 8 mois, les 28 travailleurs sans papiers, qui tenaient jour et nuit le le piquet de grève devant l’entreprise STN, avaient obtenus des autorisations temporaires de travail et des promesses de retour à leur emploi (comme 6000 autres grévistes). Or aujourd'hui, seuls 9 grévistes ont obtenus des récépissés officiels leur permettant de rester en France et ont repris le travail. Les 19 autres attendent toujours une convocation de la part de la préfecture et même pour trois d'entre eux, leur dossier est officiellement bloqué faute d'avoir rassemblé la totalité des preuves réclamées par l'administration.
Les dossiers enlisés
L'établissement STN avait pourtant promis les réembauches suite à l'accord avec le ministère en juin dernier, mais aujourd'hui l'entreprise de nettoyage revient sur cette promesse et ne semble plus avoir confiance dans l'administration. Elle préfère attendre la remise des récépissés officiels pour réembaucher les travailleurs. En effet, ces derniers n'ont en mains qu'un courrier leur indiquant qu'ils "ont vocation a poursuivre [leur] activité professionnelle" mais que "l'instruction de leur demande" peut se conclure en cas de décision défavorable par une "mesure de reconduite à la frontière". Ce qui est plus embêtant est que ce courrier du ministère n'a de validité que jusqu'au 30 septembre et sans réponse de l'administration d'ici la fin du mois, les travailleurs retomberaient dans la clandestinité. Or la situation ne semble pas évoluer favorablement puisque sur les 900 dossiers que la préfecture de région à entre les mains, seuls une poignée à été transmise aux administrations départementales. L'acquis de juin dernier semble plus que jamais remis en cause.
Camping précaire et tuberculose
Sidibe, le porte parole des grévistes, se dit inquiet de l'évolution de la situation mais reste motivé "On fait avec les moyens du bord, mais ce n'est pas facile après bientôt 11 mois sans salaire". Les grévistes sont en effet usés jusque dans leurs corps. L'un d'entre eux vient même d'être hospitalisé pour une semaine après avoir déclaré une tuberculose. La maladie est certainement due aux longues nuits d"hiver passées sur le campement, dont certaines avec une température descendant à -10°C. En effet les hommes se relayent jours et nuit dans le barnum de la route de Bondy depuis le 12 octobre dernier. Nombre d'entre ont perdu leur logement et - sans emploi - sont dans l'incapacité de retrouver un toit. Ils dorment chez des amis où au piquet de grève quand il n'y a pas de place ailleurs. Ceux qui ont repris le travail aident tout de même et se retrouvent le soir où le week-end au barnum mais la situation financière est plus que jamais précaire après de si nombreux mois sans salaire. Les grévistes appellent toujours à recevoir des dons (financier, nourriture, soutien moral) directement sur place au 124 route de Bondy à Aulnay-sous-Bois ou à l'union locale de la CGT.
Hervé Suaudeau