Il y avait un climat particulier d'émotion vendredi soir lors de la rencontre-débat à propos de l'ancienne usine d'amiante (voir ici la liste des intervenants).
Certes, il y avait de l'évocation des victimes (85 déclarées à ce jour, et probablement des centaines en réalité). Mais pour beaucoup, l'émotion venait du sentiment de vivre un moment un peu historique:
La soirée a débuté par la diffusion d'un reportage tourné il y a 10 ans sur le combat de Nicole et Gérard Voide, combat qui a été rejoint plus tard par les associations. Je dois personnellement dire que ce reportage m'a bouleversé. Car l'on y voit ce couple, dont le seul objectif étant de faire appliquer la loi, se battre complètement seuls face au mensonge, au déni, à l'hypocrisie, aux non-dits et découvrir au fil des images l'ampleur du désastre sanitaire.
Après la diffusion du reportage Gérard Voide (aujourd'hui président du collectif des riverains et victimes de l'usine d'amiante) explique que malgré le danger connu depuis des décennies, l'usine désaffectée était ouverte aux quatre vents de 1991 à 2001 et que les enfants jouaient dans ce terrain de jeu improvisé en pataugeant dans la farine toxique. Il déclare que l'industriel, la mairie et surtout la préfecture ont sciemment menti en niant qu'il n'y ait eu de l'amiante broyée après guerre.
Ensuite le maire et l'adjoint Alain Amédro ont expliqués l'objectif de la municipalité face au pourrissement judiciaire du dossier: Dépolluer le terrain sous bulle étanche et permettre un retour des enfants dans l'école du Bourg à la rentrée 2009 quitte à ce que la municipalité paye tout. Il a été admis que cet objectif sera très difficile à tenir et dépendra en partie des résultats préliminaires des études qui seront faites (voir les détails de la décision ici).
A noter l'intervention à la tribune de Annie Delmont-Koropoulis, conseillère municipale d'opposition, et aussi présidente d'Aulnay-Santé qui a montré son action utile après des ministères concernés.
Alain Bobbio (président Addeva 93), malgré la tournure éminemment positive du dossier, a affirmé sa volonté de rester en position de vigilance de contrôler l'ensemble du chantier. Il affirme que le site du 107 route de Mitry est le plus pollué de tous les cas connus en France.
Mais le véritable moment fort était lorsque le plan de dé-pollution de l'entreprise mandatée a été présenté. Ce plan reprend, tout ce que disait les associations depuis des années : La bulle est la seule solution et elle est tout à fait faisable.
Frank Cannarozzo, l'ancien adjoint [en partie] (rajouté le 26-01-09 à 1h57) chargé de ce dossier, a tenu a avoir des précisions sur la faisabilité technique de ce plan.
Pour finir, reprenons une suggestion de MonAulnay.com afin que la démolition de l'usine ne signifie pas oubli : que ce lieu décontaminé (parc, logements...) s'appelle Pierre Léonard, du nom
de la première victime reconnue de l'usine, mort d’un mésothéliome à 49 ans, frère de Nicole Voide, et dont le seul crime a été de fréquenter les bancs de l'école primaire attenante (photo ci-contre issue du site Ban-Asbestos France).
Hervé Suaudeau
Une Réponse à “Usine d’amiante: Une rencontre-débat sous le signe de l’émotion”
petite précision : je n’étais pas chargé de ce dossier, c’était le maire, comme c’est le cas aujourd’hui, compte tenu de son importance. pour autant ma délégation transversale, et ma volonté de contribuer sur les sujets difficiles m’a naturellement amené à faire ce que je pouvais et à ne jamais oublier.