Les favoris. Situation particulière sur cette circonscription, où les rivalités à droite s'apparente à une guerre de succession. D'un côté, le sénateur-maire (UMP) des Pavillons-sous-Bois Philippe Dallier, 45 ans, ancien suppléant du député sortant Jean-Claude Abrioux, qui le soutient. De l'autre, le successeur d'Abrioux à la mairie d'Aulnay, Gérard Gaudron, 58 ans, qui a l'investiture de l'UMP. Leurs affiches font sourire: "Pour une majorité ouverte et pluraliste" clament celles de Philippe Dallier, qui veut tirer avantage de cette candidature sous l'étiquete "divers droite". "Ensemble pour la majorité présidentielle", rétorquent celles de Gérard Gaudron, qui ne cesse de rappeler qu'il a reçu le soutien de Nicolas Sarkozy. Le maire d'Aulnay mise sur sa longévité. Conseiller municipal depuis 1983, il a succédé à Jean-Claude Abrioux en 2003. "Nous avons prouvé nos capacités à travailler en profondeur, à mener la rénovation urbaine", souligne-t-il. Multipliant les réunions d'appartement, les déplacements sur les marchés, il espère la venue d'une "personnalité" du parti présidentiel [cette semaine]. De son côté, Philippe Dallier mène une campagne offensive: "Je dis qu'on peut gagner parce qu'on a la capacité de rassembler au-delà de notre camp." Il y a bien sûr les déplacements sur le terrain, toujours en compagnie de Jean-Claude Abrioux, mais aussi la mise en place d'un serveur vocal appelant automatiquement les électeurs. Un point met les deux candidats d'accord: leur véritable adversaire est à gauche.
Car cette lutte fraticide laisse les coudées franches au socialiste Gérard Ségura. Egalement soutenu par le MRC et le PRG, cet enseignant de 59 ans, vice-président du conseil général, espère tirer parti d'une implantation locale solide à Aulnay, notamment dans les quartiers nord. Les militants y distribuent des tracts qui rappellent aux habitants qu'il est "le candidat soutenu par Ségolène Royal", arrivée en tête des deux tours de la présidentielle à Aulnay, avec des scores écrasants dans les cités. Gérard Ségura, qui avait du s'effacer lors des législatives de 2002 derrière une candidature de la gauche plurielle, aime à rappeler qu'il a déjà battu Gérard Gaudron lors des cantonales de 2004.
Les outsiders. Le Vert Alain Amédro avait porté les couleurs de la gauche (Verts, PS, PC, MRC, PRG) en 2002, accédant au second tour avec 30,5%. Ce scrutin sera différent, convient-il: "Ségura sera au second tour. Je compte être dans les quatre premiers". Le conseiller régional fait campagne sur les questions de logement et d'environnement et appelle son rival PS à se prononcer clairement sur le cumul des mandats, auquel l'élu Vert est opposé. Arrivée troisième au premier tour en 2002 avec 14,4%, la candidate du Front national, Mireille Roset, est à nouveau dans la course. Un nouveau venu espère s'imposer au centre (sous l'étiquette Centre démocrate), en l'absence de toute candidature du MoDem. C'est Abderrezzak Bezzaouya. Cet ancien membre du PS, qu'il a quitté il y a quelques semaines, avait appelé à voter Bayrou à la présidentielle. "Je mène une campagne de centriste, avec peu de moyens", explique cet ingénieur social de 48 ans.
Les enjeux. Le possible basculement de cette circonscription, aux mains de la droite depuis 1993, lorsqu'Abrioux avait ravi le siège au socialiste Jacques Délhy. Derrière l'échéance des législatives se profile les municipales de 2008. Pour Gaudron et Ségura, la mairie sera le prochain objectif. Quant à Philippe Dallier, il assure n'avoir aucun appétit dans ce domaine.
L'ambiance. De plus en plus tendue à droite. Lorsque les camps rivaux se rencontrent sur le marché, les invectives pleuvent. La suppléante de Gérard Gaudron se plaint d'insultes inscrites sur le mur de sa maison. Philippe Dallier accuse le camp adverse de répandre de fausses rumeurs lui prêtant l'intention de quitter la mairie des Pavillons pour conquérir celle d'Aulnay. Il a menacé Gérard Gaudron de poursuites judiciaires. Ce dernier affirme rester calme et vouloir dépassionner le débat.
Gwenaël Bourdon avec Alain Martin, samedi 2 juin 2007.
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Jean-Claude Abrioux: "Je ne suis pas encore en retraite"
A 74 ans, Jean-Claude Abrioux repart pour une nouvelle campagne. Cette fois, le député sortant n'est que suppléant. Après deux mandats, il a décidé de quitter l'Assemblée nationale, comme il avait cédé quatre ans plus tôt son siège de maire à son premier adjoint, Gérard Gaudron, celui-là même avec lequel il avait remporté les municipales de 1983, faisant basculer à droite cette ville communiste. "Je suis suppléant de Philippe pour sauver le siège !" lance le député sortant qui constate avec inquiétude que "la circonscription est passée à gauche" à la lecture des résultats de la présidentielle. "La logique aurait voulu que Philippe Dallier soit le candidat et Gérard Gaudron son suppléant", estime-t-il. Celui qui reste l'homme fort de la droite à Aulnay craint par-dessus tout de voir la gauche remporter les municipales. "Je ne suis pas encore en retraite !" lance le septuagénaire, pour signifier à ses concurrents qu'il faudra encore compter avec lui. D'ailleurs, même s'il n'a plus de fonction officielle, l'ancien maire a conservé un bureau à l'hôtel de ville. Aujourd'hui, il est fier de voir se réaliser les dossiers qu'il a montés, comme l'aide aux handicapés. "Et si je n'avais pas été député, on n'aurait pas eu le PIC Urban et la zone franche urbaine", souligne-t-il.
A.M.